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Hôpital psychiatrique de Vire : témoignages et avis de maltraitance - 2017

Par Neptune 

le 18/12/2017 

0 lectures

2017 : Les usagers de la psychiatrie du Centre Hospitalier de Vire témoignent de maltraitance



Motif d'admission (1)


Un petit groupe de quatre usagers ayant séjourné récemment dans ce lieu ou témoignant comme visiteurs de proches, nous a demandé de publier la lettre qu'ils ont écrit au Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL) cette année, afin de l'alerter sur les conditions de vie dans cet hôpital. Quatre enquêteurs du CGLPL effectuaient au même moment une inspection, dont nous attendons avec impatience le rapport.

Trois de ces usagers tiennent à ne pas garder l'anonymat.

La lettre



Vire, le 06/12/2017

A la mémoire de M. Claude VARIN, l’un des 2 suicidés de 2016, pour l’avoir côtoyé lors de ce dernier et funeste séjour.



Madame la Contrôleur Général des lieux de privation de liberté,

Nous sommes quelques citoyennes et citoyens de Vire, malades, (ex)-patients, usagers des services de santé mentale, entourage proche de ces derniers, témoins oculaires et auditifs, etc. toutes et tous concernés directement ou indirectement par l’hospitalisation (sans consentement) en psychiatrie, notamment à l’Hôpital de Vire.

Conscients de votre mission dont nous mesurons l’importance, et ayant appris la venue à Vire de quelques uns de vos émissaires, nous avons décidé à quelques un(e)s de nous saisir de cette exceptionnelle occasion afin de vous écrire, nous désormais hors les murs -mais qui sait, peut-être un jour prochain, à nouveau au dedans ?- sur nos expériences vécues au sein de l’UHTP de Vire et de vous livrer nos ressentis, qui de nous un jour patient, qui de nous un jour visiteur de malade. Ces expériences qui, malheureusement, auront laissé dans nos esprits voire pour certain(e)s jusque dans leur chair, de ces souvenirs, véritables cicatrices qui ne guérissent ni ne s’effacent.

Cicatrices notamment marquées du sceau de l’injustice et/ou de la maltraitance.

Un hôpital reconstruit sans tenir compte des hospitalisations libres


En préambule de notre témoignage, un léger retour sur la (re)construction de l’UHTP, suite à un incendie provoqué par un patient, vers 2007-2008. Il eut été judicieux, à l’époque, et pour respecter la volonté de Mme Veil et de la circulaire portant son nom (du 19/07/1993), que le Maître d’Ouvrage songeât à délimiter un côté ouvert et un côté fermé, non pas comme on sépare le bon grain de l’ivraie, mais pour des raisons évidentes de commodités dans le futur fonctionnement du service. Au lieu de cela, il a été délibérément choisi de faire coexister les malades quel que soit leur mode de placement (libre ou sous contrainte). Nous espérons que parmi les patients que vos collègues auront pu auditionner, ceux venus là de leur propre gré leur auront confirmé à quel point il leur est…. Impossible « d’aller et venir librement à l’intérieur de l’établissement ». Car l’établissement n’est évidemment pas réduit au seul service de l’UHTP, comme la visite de vos collègues l’aura confirmé.

Le manque (organisé?) de moyens humains


Commençons à présent notre état des lieux des manquements de l’UHTP (et de la psychiatrie en général à Vire) par celui qui conditionne peut-être tous les autres : le manque (organisé?) de moyens humains. Et plus précisément : de médecins.

Car, pour les autres corps de métier, curieusement, tout semble là : infirmiers, psychologues, aides-soignants… On regrettera la non présence d’un(e) ergothérapeute alors qu’un local au sein de l’UHTP lui est réservé, mais cela semble être malheureusement la norme (sic) dans bons nombres d’hôpitaux. Pas de budget, évidemment, pour financer ce genre de pratique, d’activité non-médicale... et pourtant, pour nous patients, ô combien porteuse de soins pour qui aura pu en « bénéficier » un jour. Nous y reviendrons plus loin...

Un manque cruel de médecins donc, situation elle aussi devenue la « règle » (re-sic) au sein de l’UHTP. En témoigne cet article paru dans Ouest-France en 2013… et qui pourrait, à peu de choses près avoir été écrit cette année (2).

Regardez la liste, si possible, de ces psychiatres venus un jour travailler à l’hôpital, et remarquez leur durée moyenne d’exercice. Nous n’acceptons pas le discours selon lequel il est difficile de recruter et de pérenniser un poste à Vire, ville qui n’est certes pas aussi attractive que le Sud de la France, mais qui possède une ligne ferroviaire directe vers Paris (2h30) et à quelques dizaines de kilomètres de la mer.

Et, au lieu de pouvoir recruter un temps plein, voilà la direction qui s’accommode de solutions à courtes vues, des intérimaires de la médecine par exemple. Dernier « renfort » en date : un psychiatre originaire de… Metz pour venir travailler ici. Et à quel tarif ? 20, 30, 50 % plus cher qu’un praticien sous contrat ? Cherchez l’erreur !

Cette pénurie de médecins plus ou moins organisée par la Direction, l’ARS ou autre instance, il va sans dire que les premiers à en pâtir sont par voie de conséquence les patients, directement impactés, ou par l’absence de médecins, ou par leur turn-over.

Ainsi, selon les périodes, certains usagers peuvent ne pas voir leur médecin au sein de l’UHTP plus souvent que… 2, 3 fois par mois. Nous vous laissons le soin d’imaginer comment, en cas d’intolérance médicamenteuse (effets secondaires délétères par exemple), ce n’est plus alors la seule santé psychique du patient qui vacille, mais sa santé physique également. Imaginez aussi, entre deux visites du médecin, ce qu’il advient de l’évolution des « droits » de telle personne hospitalisée, quant à ses sorties, ses permissions.

Et, d’autres périodes où au contraire, on peut voir défiler 2, 3 praticiens différents sur une période de 15 jours, chacun y allant de ses méthodes… et donc de ses prescriptions.
Incurie programmée afin, in fine, d’entériner, non pas seulement la disparition de l’Hôpital psychiatrique de Vire mais bel et bien de tout le secteur afférent et d’alors dispatcher le bassin de population vers Flers ou Caen ? Ou bien juste, mais au combien conséquente au demeurant, désinvolture d’une Direction qui juge que cette situation, puisqu’elle dure depuis des années, peut continuer de perdurer ainsi ? Nous ne le savons pas et vous laissons le soin de nous en expliquer les tenants et aboutissants de cet état de fait.

Les conditions de vie à l'intérieur


A présent, venons en aux conditions de vie au quotidien à l’intérieur de l’UHTP, et de la relation des patients avec, non plus les médecins, mais le corps infirmier. Ces infirmiers, nous l’avons dit plus haut, sont eux en nombre adéquat… contrairement à certains autres hôpitaux, dont le récent Philippe Pinel d’Amiens, où les députés Ruffin et Pompili ont pu se rendre et rendre compte (3).

Pour rebondir sur le témoignage de Mme Pompili, le drame, à Vire, il est déjà survenu ces dernières années, début 2016 où en à peine 2 ou 3 jours, ce sont deux patients qui se sont suicidés dans l’enceinte même de l’UHTP. Une enquête (au moins interne) aura-t-elle été menée à l’époque ? Nous ne le savons pas ; ce qui est sûr, en revanche, c’est que le personnel infirmier n’a en aucune façon remis en cause son fonctionnement.

Nous savons le poids de plus en plus lourd des procédures et tâches administratives qui incombent au corps médical dans son ensemble et aux infirmiers en particulier : la récente sortie au cinéma de « 12 jours », le documentaire de Raymond Depardon, est là pour nous informer - si besoin était - sur les certificats médicaux que le législateur impose de remplir pour que soit reconnu « conforme » le placement de tel ou telle lors de son éventuel passage auprès du JLD. Nous ne nions donc pas cette recrudescence de tâches administratives qui incombent donc notamment aux infirmiers.

Ce que nous ne tolérons pas en revanche, c’est que ce même personnel se réfugie le plus clair de son temps dans son bureau, et qu’il est alors impossible aux patients d’espérer une quelconque écoute, un quelconque soin. A Vire, les transmissions (3 fois par jour) peuvent durer jusqu’à 1h30 chacune… et pendant ce temps pour nous patients « suspendu », plus aucun interlocuteur possible. Comment ne même pas avoir pensé à l’impérieuse nécessité de « détacher » au moins un infirmier et que ce dernier reste dans le service auprès des malades pendant ces fameuses transmissions ? Est-ce pendant l’une ou l’autre de ces transmissions que l’un ou l’autre de ces suicides aura eu lieu ?

Et, s’il n’y avait que les transmissions pendant lesquelles le personnel était en mode « ne pas déranger »…. mais non : ces fonctionnaires, soucieux de leur devoir, de leur fonction, ont ritualisé dans le réfectoire collectif, non pas une mais deux pauses quotidiennes, pendant lesquelles ils sont certes visibles… mais où il convient tout autant de les laisser tranquilles. Des pauses pouvant durer près d’une heure chacune…

Tout ce temps à ces « activités » consacré doit donc expliquer pourquoi :

    - à l’arrivée dans le service, il est remis un livret d’accueil au patient…. Mais personne pour lui en expliquer la teneur, personne pour faire une quelconque once de pédagogie (qui pourrait pourtant s’avérer utile, on en conviendra aisément, selon l’état psychique plus ou moins psychotique, délusionné du nouvel arrivant (ndlr : les auteurs utilisent le terme anglais "delusion" qui signifie "délire")
    - qu’à chaque nouvel entrant est associé un infirmier « référent », qui n’a hélas de référent que le titre car pas plus lui qu’un autre infirmier ne se montre en général disposé à écouter telle ou telle souffrance du malade.

Ce laxisme de la part du personnel infirmier explique donc pourquoi, nous patients nous retrouvons à errer de notre chambre à l’une ou l’autre des salles communes, avec pour seule occupation la « nécessaire » télé, outil bien précieux en psychiatrie puisqu’il participe à la paix et la tranquillité du service… et des blouses blanches. Les patients se retrouvent devant l’écran comme on échoue dans une voie de garage : faute de mieux. Et s’il arrive, ô miracle, que 2 ou 3 patients s’entendent pour s’essayer à l’un ou l’autre des jeux de société… c’est souvent pour constater que le jeu en question est incomplet : tentative vaine.

Le personnel entre soi, et les patients laissés là à leur sort… en jachère. Les locaux eux mêmes finissent de témoigner en ce sens : non pas que l’hôpital soit vétuste, au contraire même, mais quasiment aucun affichage, aucun semblant de vie porté au mur (sauf dans la salle des infirmiers, qui, ouf, arrivent à décorer leur espace).

On vous dira peut-être qu’il existe une salle de sport pourvue de ses agrès au sein de l’UHTP ; c’est vrai et c’est d’ailleurs un bel exploit, tant on rencontre peu ce genre de matériel ailleurs. Un autre exploit réside, pour les patients désireux de se dépenser, de trouver un infirmier disposé à passer quelques dizaines de minutes à ouvrir la salle puisque cela suppose - pourquoi au fait ? - sa présence à des fins de surveillance.

On vous dira peut-être aussi qu’il existe une salle appelée d’ergothérapie…. Nous n’avons pas souvenir d’avoir jamais vu un(e) ergothérapeute dans le service, là où pourtant, pour certain(e)s de nous ayant pu pratiquer ce genre d’activités dans d’autres structures, et comme évoqué au début de cette lettre, ces quelques dizaines de minutes passées nous permettent une espèce de reconnexion avec nous-mêmes, où l’on se retrouve -enfin- act-eur-rice-s de notre processus d’apaisement voire de guérison. Mais là encore, faute de budget, on privilégie donc les actes médicaux que l’on peut calibrer, évaluer, noter selon des grilles pré-établies.

Nos seuls contacts avec le personnel : le repas et les médicaments


Il arrive quand même deux moments ritualisés dans le service qui oblige de facto la « confrontation » (sic) entre le personnel infirmier et les patients. Ces deux moments que sont les repas et le passage en pharmacie pour la distribution des traitements. Repas dits thérapeutiques à l’occasion où un soignant vient se hasarder à manger à la table des patients…. mais où ils sont en général plus nombreux à être en cuisine et à prolonger leurs conversations certainement nécessaires et privilégiées... Quant au passage en pharmacie, et vu le temps que cela prend, on y voit des patients squatter le couloir bien avant la distribution des traitements, espérant probablement ainsi économiser un temps d’attente…. Car nous pouvons attendre en effet de longues minutes que survienne notre tour une fois la file d’attente formée.

Nous pourrions aussi évoquer l’infantilisation dont nous sommes victimes en tant que patients (et ce quel que soit notre mode de placement), où il convient - pourquoi ? - aux infirmiers de s’adresser à nous la plupart du temps avec un ton mi-autoritaire mi-condescendant. Mais ce comportement du personnel infirmier étant généralisé dans la plupart (tous?) les hôpitaux psychiatriques, ce n’est donc pas cette fois l’équipe de Vire qui est à blâmer mais peut-être la formation dispensée à l’école. Il n’empêche que s’adresser à nous de cette façon témoigne du peu de dignité qu’on nous confère, comme s’il allait de soi qu’on doit s’adresser à un patient en psychiatrie de la même façon qu’on parle à un jeune enfant, nous rabaissant par là-même à des espèces de citoyens de seconde zone, voire de bas étage.

"Isolement et contention pour des soucis de commodités et de tranquillité du service"


Manque récurrent de médecin, personnel infirmier plus dans l’entre-soi qu’avec les patients : on ne s’étonnera donc pas que l’isolement et la contention soient encore des pratiques courantes à l’intérieur de l’UHTP, et certainement pas, la plupart du temps, pour refréner tel comportement auto ou hétéro-agressif, mais bel et bien pour des soucis de commodités et de tranquillité du service. Et que dire alors, de cette situation aberrante où, une fois sanglé pieds et poings et pour une durée a priori indéterminée, on se retrouve… à ne pas pouvoir atteindre la sonnette murale.

Et quand ce n’est l’isolement, l’autre méthode relativement simple consistera donc à opter de traitements qui garantiront, pour le personnel un autre moyen de n’être pas dérangés par ces patients par là-même rendus assommés, mi-somnolents sur les fauteuils des salles télé ou tout à fait KO dans leur chambre. Ce qui ne manque pas d’ailleurs, pour nous patients compagnons d’infortune, de comparer entre nous le nombre de gouttes de Tercian, de Loxapac ou autres douceâtres pilules largement surdosées.

Et attention à quiconque essayera de se rebeller devant tel traitement, telle posologie jugée absurde et/ou inutile : si vous êtes en SDT -pire encore : SDRE!- tel traitement refusé vous sera administré le cas échéant de force, à coups de piqûre par exemple. Et si vous êtes en placement libre, on vous menacera (et ça s’est déjà vu, nous vous en apportons la preuve sur demande) de transformer votre HL en une hospitalisation sous contrainte.

"Votre piqûre, je vous la dose à 50 mg ou plus ?"


De la même façon d’ailleurs s’il nous prenait l’envie, toujours en HL, de demander à quitter l’établissement. Il pourra arriver que le médecin change à l’envie (et à l’envi) le mode d’hospitalisation pour un autre. Pratique, la loi de 2011 et le statut de péril imminent ! Si tout cela n’était pas absurde, injuste et inhumain, c’en serait risible, pour sûr. Un seul exemple pour l’occasion, celui d’une patiente, rentrée librement à l’UHTP, s’est vue un jour menacée par le psychiatre d’alors d’un internement sous contrainte. Il se permit d’ajouter : « votre traitement est à vie » et de poursuivre, désinvolte : « votre piqûre, je vous la dose à 50mg ou plus ? ». Elle tenta alors un timide : « ce traitement ne me convient pas » pour s’entendre répondre : « Adjugé, va pour 50 ». Elle s’en retourna en pleurs, en ne souhaitant qu’une chose, de pouvoir sortir de cet enfer et de ce déni quant au « consentement libre et éclairé du patient ». A ce jour, elle nous confie avoir rencontré enfin quelqu’un de compétent sur Caen, qui lui a rendu sa dignité et sa liberté de parole, celle-là même empêchée et confisquée à l’intérieur de l’UHTP.

Dans un autre domaine qui pourrait faire figure de « détail »  : le glissement sémantique. Et Vire doit, on le suppose, faire figure de bon élève : dans cet hôpital (oui, nous avons bien écrit hôpital), s’il vous arrivait de monter au 1er étage pour, par exemple, demander un bulletin de situation, c’est….. au « service  de la clientèle » qu’il convient de vous adresser. Vous pourrez donc relire tout ce qui précède et rectifier par vous même là où nous avons jusqu’à présent écrit « patient ».

L'impression des visiteurs


Pour finir, et pas forcément par le moins important : l’entourage (famille, amis...) dans cet univers désincarné, pour qui veut bien passer un moment « entre les murs » avec ces « clients » ad hoc. Les témoignages sont concordants, de ceux-là venant en visite, d’être immédiatement saisis d’effroi dès leur entrée à l’UHTP et de contempler ce spectacle désarmant,  de toutes ces personnes hébétées, errant, quémandant un regard, une attention.

Et le moins que l’on puisse dire est que cet entourage, sa parole, ses questions...ne sont pas prises en considération par le corps médical : difficile pour lui d’espérer la moindre information, ou auprès des infirmiers et plus difficile encore, vous l’aurez compris, auprès du médecin lui-même. Proches qui d’ailleurs, au besoin, pourront être fouillés à leur entrée puisqu’à défaut de faire dans le social et/ou médical avec les patients-clients, les infirmiers savent très bien devenir gendarmes-douaniers puisque  l’hôpital s’est engagé ou a obtenu un agrément quant à un label nutritionniste, et où il est donc strictement interdit aux amis, à la famille, de ramener la moindre confiserie, la moindre douceur… puisqu’on surveille de près l’évolution du poids de chaque patient, et ce chaque lundi matin.

Conclusions


Avant de conclure, pardonnez d’avance que la tonalité de cette lettre ait changé en cours de rédaction : nos propos se voulaient au début les plus factuels et objectifs possibles, mais à l’écriture,  en reconvoquant nos souvenirs, nous avons fini par succomber à l’ironie et au sarcasme. Nous aimerions évidemment rire de bon coeur de toute cela autrement que jaune, s’il ne s’agissait pas là de vies humaines… s’il n’y avait pas eu, durant ces deux dernières années, deux suicides (au moins).

Ces faits, ces agissements, ces attitudes que nous avons essayé de reproduire là sont bel et bien pour nous, patients et proches de ces derniers, de la maltraitance, sinon intentionnelle et manifeste, pour le moins due à un désinvestissement notoire, un laisser-aller voire laisser-faire, d’une équipe peut-être fragilisée certainement par le manque récurrent de médecins, mais qui ne remet pas en cause ses pratiques…. Quoique, soyons honnêtes : il peut quand même exceptionnellement leur arriver de sortir de leur « bocal » et de venir aux petits soins des patients, de prendre pour une fois le temps nécessaire avec eux, de les stimuler pour telle ou telle activité…. Lors d’un éventuel contrôle « qualité » par exemple. Avant, évidemment, que tout ne redevienne comme avant et ce dès le lendemain. Situation vécue par une des cosignataires de cette lettre lors d’un de ses séjours, et qui finit de confirmer, s’il en était encore besoin, non pas l’incompétence du personnel, mais bel et bien son désinvestissement, sa paresse, son « je-m’en-foutisme ».

Et nous doutons qu’un autre suicide qui surviendrait puisse, arrivé à ce point d’habitudes, remettre en cause quoi que ce soit de ce qui se passe à l’intérieur de l’UHTP.

Nous préférerions, toutes et tous autant que nous sommes à avoir contribué à cette lettre, voire l’hôpital se « rétablir », que les pratiques changent, que les moyens reviennent. Mais quand on fonctionne depuis si longtemps avec de telles habitudes désormais bien ancrées, il serait peut-être bon de réfléchir à la fermeture de cet hôpital et éventuellement, la clôture de facto du secteur virois, dussions-nous aller nous faire soigner à plusieurs dizaines de kilomètres plus loin. Si cela pouvait (au moins) épargner une vie future…

Nous imaginons sans peine que le compte-rendu que vous fera votre équipe au retour de sa visite de Vire risque de vous sembler dissonant comparé à notre témoignage laissé là auprès de vous. Nous nous attendons tout aussi bien à ce que notre tentative ne reste que lettre morte, nous y sommes préparés. Simplement, et de la même façon que ces malades passant devant le JLD dans le film de Depardon, ceux-là qui espèrent trouver auprès de celui-ci l’occasion de les rétablir dans leurs droits… alors que ces juges le savent d’avance, qu’ils sont impuissants face à un certificat médical signé par un médecin. Et c’est ce dernier qui a - pour l’instant en tout cas - gagné sa place en temps que « gardien de la cité », dépositaire de son savoir et de son autorité face à une Justice exsangue. Ainsi pour nous, de savoir d’avance que notre parole et notre vécu seront balayés, niés d’un revers de main. Mais au moins, l’espace d’un instant, de nous libérer de notre passé, d’avoir eu l’occasion de le mettre en mots toutes et tous ensemble. Peut-être aussi, sait-on jamais, l’occasion pour nous de  nous pacifier voire… idéalement, de pardonner.

Nous vous remercions de l’attention, du temps que vous aurez bien voulu accorder à cette lettre, à nos témoignages.

Veuillez agréer Madame, l’expression de notre profond respect pour la responsabilité qui vous incombe.

Au nom de ce collectif réuni pour l’occasion, certaines personnes ont tenu à signer en leur nom :

Marie-Henriette LATSAGUE,
Catherine MOMPLÉ,
Stéphane PANCHAUD.



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Les certifications bidon du Ministère de la Santé et de la HAS





A l'instar de la réponse "de papier" faite par Agnès BUZYN à l'Assemblée Nationale au député François RUFFIN, si l'on en croit le dernier rapport de certification de la Haute Autorité de Santé, le Centre Hospitalier de Vire a des pratiques médicales et soignantes excellentes (8,75 sur 10), et de surcroit meilleures que la moyenne nationale !

rapport d'inspection hopitla psychiatrique de VIRE
Extrait du dernier rapport d'inspection de l'Hôpital de Vire par la HAS. Un rapport bidon de plus.
Consulter ce rapport : Rapport synthétique de certification - CH de Vire - Mai 2009


Mais ces rapports d'inspection Madame la Ministre, et vous le savez, sont bidon : certes ils pèsent plusieurs kilos, mais ils sont réalisés par des médecins vacataires, donc en recherche de travail, recrutés par petite annonce (4). Comment voulez-vous avoir une évaluation objective avec ces méthodes ?

Comment se fait-il que chaque fois que l'on nous rapporte des faits de maltraitance dans un hôpital ou une clinique, le rapport d'inspection soit particulièrement élogieux ? (5)

Nous demandons que les inspections soient faites par des personnes sans lien d'intérêt, non médecins et non vacataires, pouvant répondre de leurs évaluations en les signant publiquement.

Neptune

Allez, un dernier pour la route : la page 35 sur ... 476 !!!! Rapport rédigé en 2010, publié en 2014 (le temps que quelqu'un le lise, donc). En éthique, tout va bien, circulez.
Source : Le rapport définitif de la HAS pour Vire, publié en 2014



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La réponse d'Adeline Hazan, Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté




Elle est claire, nette et nous encourage à continuer, à remonter tous ces témoignages au CGLPL, espérant que ce début de contre-pouvoir officiel réinstaure un peu de république dans les milieux médicaux et en particulier psychiatriques.

réponse d'Adeline Hazan sur l'Hôpital psychiatrique de Vire - 61
réponse d'Adeline Hazan sur l'Hôpital psychiatrique de Vire - 61
réponse d'Adeline Hazan sur l'Hôpital psychiatrique de Vire - 61

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Vacataires à la HAS
(4) Les inspections sont réalisées par des vacataires anonymes, de formation impérativement médicale. Ceci explique peut-être cela.

(5) Voir le rapport HAS élogieux de la clinique filmée par caméra cachée dans "Zone Interdite" dans notre article
"Les cliniques psychiatriques maltraitantes : Chateau du Tremblay à Chaulgnes (58) - Zone Interdite 2014"


Règles relatives à la publication d'avis


Les témoignages reflètent les opinions de leurs auteurs. Ils sont acceptés lorsqu'ils proviennent d'usagers ayant été directement confrontés aux établissements et/ou aux personnels médicaux. Ces derniers ne sont pas cités nominativement. Les témoignages et avis positifs ou négatifs sont acceptés s'ils sont suffisamment précis sur les faits relatés. Ils sont publié jusqu'à obsolescence, c'est à dire que les faits ne doivent pas remonter à plus de 10 ans, sauf mention expresse de description d'un fait d'histoire et intéressants pour une perspective historique clairement exprimée comme telle.

Aucun avis entrant dans ce cadre n'est priorisé par rapport à un autre : la présentation est purement chronologique. Tout émetteur d'avis peut demander, par les mêmes moyens, à supprimer ou modifier son avis. La reproduction d'avis sur d'autres médias est sous l'entière responsabilité du média reproducteur, après demande d'autorisation à l'association.

L'association décrit et critique, par ces témoignages positifs ou négatifs, un système et des actes individuels dans un but d'information et de contribution à une meilleure éthique de soins dans nos pays. La citation nominative de personnes est contraire à l'éthique de l'association, ce qui n'empêche pas cette dernière de conseiller, dans ses discussions privées, tel ou tel praticien ou établissement plutôt que tel ou tel autre. Elle anonymise les noms propres des personnes privées, mais non des personnalités publiques. Par personnalité publique, nous désignons toute personne publiant en son nom des articles dans des médias publics numériques ou classiques. Les auteurs des témoignages peuvent, de même, choisir de ne pas dévoiler leur identité complète, mais peuvent aussi le faire ce qui renforce la validité du témoignage.

L'association fournit ses services en toute indépendance, ne perçoit ni ne fournit aucune rémunération pour aucun de ses articles, ne perçoit et ne percevra ni subvention ni don d'aucune d'organisation politique, commerciale, religieuse ou assimilée, ni d'aucune nature que ce soit. Elle n'adhère et n'est obligée envers aucun aucun des types d'organisation précitées.

Neptune.






Dernière édition par Neptune le 16/7/2018, 20:02, édité 2 fois

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