Vous trouverez ci-dessous les conclusions, pour chaque trouble mental, des savoirs récents sur les études d'efficacité comparées, issues de l'ouvrage de référence ci-contre.
Cet ouvrage appuie ses conclusions sur les méta-études (études additionnant les résultats de plusieurs autres études) faites dans le monde à ce sujet, et non sur les opinions partisanes de tel ou tel auteur.
Ces études montrent souvent la primauté, ou l'égalité, de la psychothérapie de type TCC, à long terme, sur la pharmacothérapie.
Le même comparatif est malheureusement absent entre les autres formes de psychothérapie et la pharmacothérapie.
Noter toutefois que les thérapies familiales bien menées sont réputées efficaces dans le traitement de l'anorexie mentale des adolescents, dans la prévention de la schizophrénie comme avec la méthode "Open Dialogue" (1), etc.
Il n'existe pas à notre connaissance de données fiables et neutres sur l'efficacité des TCC appliquées à d'autres maladies ou troubles, ce qui ne prouve pas qu'aucune technique, proche des TCC, n'existe. Par exemple la dépendance physique et psychologique au tabac peut être efficacement traitée par des méthodes qui sont, sans en utiliser le terme, des TCC.
Le texte intégral pour un trouble donné, sera publié sur demande. Le présent article se limite en effet aux conclusions du chapitre décrivant le comparatif en détail (toutes les résultats d'études et de méta-études) pour chaque trouble.
1. Troubles anxieux
Trouble panique (avec ou sans agoraphobie)
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs tricycliques, antidépresseurs de type SSRI, benzodiazépines, buspirone) sont efficaces à court terme.
- Il n'existe pas de preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité à court terme supérieure entre TCC et pharmacothérapie.
- Il n'existe pas d'arguments concluants quant à une efficacité à court terme supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies.
- A l'arrêt des traitements, les rechutes sont plus fréquentes avec la pharmacothérapie seule qu'avec la TCC seule.
- A moyen et à long terme, les traitements combinés pourraient être moins efficaces que la TCC seule.
- A long terme, l'efficacité des traitements combinés pourrait diminuer par rapport à celle de la TCC seule, ce qui laisse sous-entendre que l'ajout d'une médication pourrait interférer à long terme avec les gains obtenus avec la TCC seule
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
Anxiété généralisée
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs de type SSRI, benzodiazépines, buspirone) sont efficaces à court terme.
- Il ne semble pas y avoir de différence significative entre l'efficacité de la TCC et celle de la pharmacothérapie.
- Il n'existe pas d'arguments concluants quant à une efficacité supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies ni à court ni à long terme.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
Etat de stress post-traumatique
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs tricycliques, SSRI) sont efficaces dans la phase aiguë du traitement aigu, c'est-à-dire pendant les trois premiers mois.
- Il n'existe pas de preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité supérieure de l'un de ces traitements par rapport aux autres.
- Il n'existe pas d'argument concluant quant à une efficacité supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif.
Trouble obsessionnel-compulsif
- La TCC et la pharmacothérapie (clomipramine et antidépresseurs de type SSRI) sont efficaces dans le traitement à court terme.
- Il n'existe pas d'argument concluant en faveur d'une efficacité supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
- Les traitements combinés sont recommandés dans les cas graves de trouble obsessionnel-compulsif et dans les cas où le traitement par monothérapie s'avère inefficace ou insuffisant.
Phobie sociale
- La TCC et la pharmacothérapie (benzodiazépines et antidépresseurs de type SSRI) sont efficaces à court terme.
- Il n'existe pas de preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité supérieure de l'un de ces traitements par rapport aux autres.
- Il n'existe pas d'argument concluant en faveur d'une efficacité supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
- Les traitements combinés sont recommandés dans les cas graves de phobie sociale et dans les cas où le traitement par monothérapie s'avère inefficace ou insuffisant.
Phobies spécifiques
- La TCC est le traitement de première intention des phobies spécifiques.
- Certaines substances agissant sur les fonctions cognitives, telles la D-cyclosérine, pourraient faciliter les processus d'apprentissage impliqués dans le traitement par exposition aux stimuli redoutés.
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2. Troubles de l'humeur
Traitement des épisodes dépressifs majeurs d'intensité légère à moyenne
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs) sont efficaces dans le traitement des dépressions non bipolaires, non psychotiques.
- Il n'existe pas de preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité supérieure de l'un de ces traitements par rapport à l'autre dans les dépressions d'intensité légère à moyenne.
- Il n'existe pas d'argument concluant en faveur d'une efficacité supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies dans les dépressions d'intensité légère à moyenne.
- Il existe certains arguments empiriques en faveur d'une efficacité supérieure des traitements combinés dans les formes plus sévères de dépression, et chez les patients hospitalisés pour dépression.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : sévérité de la dépression, préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
Prévention des rechutes et récidives d'épisodes dépressif d'intensité légère à moyenne
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs) sont efficaces pour prévenir les récidives et les rechutes des dépressions non bipolaires, non psychotiques.
- Les résultats de plusieurs travaux récents sont en faveur d'une efficacité supérieure des traitements combinés par rapport aux monothérapies pour prévenir les rechutes des dépressions récidivantes.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : sévérité de la dépression, nombre de récidives dans les antécédents, préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie. (2)
Stabilisation des troubles bipolaires(3) Les auteurs ne sont sur ce point pas suffisamment au fait des avancées consolidées (large consensus) sur la pharmacologie dans le trouble bipolaire. La communauté médicale s'accorde aujourd'hui sur le fait de proscrire les antidépresseurs, sauf de manière ponctuelle avec une surveillance étroite, et sur la primauté des thymorégulateurs (lithium ou anticonvulsivants), avec, concernant les neuroleptiques/antipsychotiques, deux grandes tendances consistant à préconiser les AP2G (antipsychotiques de seconde génération) soit en addition et en première intention (tendance sécurisante), soit en addition au besoin (tendance limitant la surmédication, dont fait partie la Haute Autorité Sanitaire française). Nous détaillons ce point dans la section "pharmacologie/troubles bipolaires".
- La pharmacothérapie (antidépresseurs, neuroleptiques, stabilisateurs de l'humeur (3) est le traitement de première instance du trouble bipolaire.
- Il existe certains arguments en faveur d'une efficacité d'appoint de la TCC sur la prévention des rechutes et des récidives dans le trouble bipolaire, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer les résultats actuellement disponibles et pour préciser chez quels patients la TCC est efficace.
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3. Troubles de la personnalité
Personnalité borderline
- La thérapie dialectico-comportementale est efficace sur certains symptômes de la personnalité borderline
- Plusieurs médicaments sont efficaces sur certains symptômes de ce trouble.
- Le choix du traitement de première intention doit de faire sur des considérations telles que : disponibilité d'un psychothérapeute compétent, préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif.
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4. Troubles liés à une substance
Dépendance à l'alcool
- La TCC est efficace dans le traitement de la dépendance à l'alcool.
- Plusieurs médicaments sont également efficaces sur la prévention des rechutes.
- Les traitements combinés associant la TCC à certains médicaments sont probablement plus efficaces que les monothérapies respectives.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : disponibilité d'un psychothérapeute compétent, préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif.
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5. Schizophrénie et autres troubles psychotiques
- La pharmacothérapie (neuroleptiques) est le traitement de première instance de la schizophrénie et des autres troubles psychotiques.
- Il existe des preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité d'appoint de la TCC sur certains symptômes chroniques de la schizophrénie, ainsi que sur les compétences sociales des personnes souffrant de schizophrénie.
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6. Troubles des conduites alimentaires
Anorexie mentale
- L'efficacité de la TCC comme celle de la pharmacothérapie sont peu satisfaisantes dans le traitement de l'anorexie mentale.
- Il n'existe pas de preuve concluante en faveur d'une efficacité supérieure, à court ou à long terme, de la TCC par rapport à celle de la pharmacothérapie, ou à celle d'une combinaison des deux dans le traitement de l'anorexie mentale.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
Boulimie
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs) sont efficaces dans le traitement à court terme de la boulimie, c'est-à-dire pendant les trois premiers mois.
- Il n'existe pas de preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité supérieure de la pharmacothérapie ou de la TCC.
- Il n'existe pas d'argument concluant quant à une efficacité supérieure des traitements combinant TCC et pharmacothérapie.
- Il n'y a pas de données empiriques sur l'efficacité à long terme de la pharmacothérapie, de la TCC ou de traitements combinant les deux.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
Hyperphagie boulimique (Binge Eating Disorder - BED)
- La TCC et la pharmacothérapie (antidépresseurs, topiramate) sont efficaces dans le traitement à court terme du BED, c'est-à-dire pendant les trois premiers mois.
- Il n'existe pas de preuves empiriques concluantes en faveur d'une efficacité supérieure de la pharmacothérapie ou de la TCC.
- Il n'existe pas d'argument concluant quant à une efficacité supérieure des traitements combinant TCC et pharmacothérapie.
- Il n'y a pas de données empiriques sur l'efficacité à long terme de la pharmacothérapie, de la TCC ou de traitements combinant les deux.
- Le choix du traitement de première intention doit se faire sur des considérations telles que : préférence et motivation du patient, effets secondaires, coût relatif, disponibilité d'un spécialiste de la TCC, acceptation du patient pour suivre une psychothérapie.
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| Guide clinique de thérapie comportementale et cognitive (TCC) - Pr O. Fontaine, Dr P. Fontaine
Chapitre 4 par Charles Pull, Psychiatre, psychologue
(1) Open Dialogue, la méthode qui a pratiquement éradiqué la schizophrénie en Finlande
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