Trouble cyclothymique
Symptômes et critères officiels de diagnostic de la cyclothymie, forme atténuée mais néanmoins sérieuse de bipolarité.
Texte intégral.
Caractéristiques diagnostiques
Critère A
- La caractéristique essentielle d’un trouble cyclothymique est une évolution chronique et fluctuante de trouble de l’humeur comportant de nombreuses périodes de symptômes hypomaniaques et de nombreuses périodes de symptômes dépressifs.
Les symptômes hypomaniaques sont insuffisants en nombre, en sévérité, en étendue ou en durée pour répondre complètement aux critères d’un épisode hypomaniaque, et les symptômes dépressifs sont insuffisants en nombre, en sévérité, en étendue ou en durée pour répondre complètement aux critères d’un épisode dépressif majeur. Cependant, il n’est pas nécessaire que les périodes de symptômes hypomaniaques remplissent les critères de durée ou de seuil symptomatique d’un épisode hypomaniaque.
Critère B
- Sur une période de 2 ans (1 an pour les enfants et les adolescents), il n’a existé aucune période de plus de 2 mois libre de tout symptôme.
Critère C
- Le diagnostic de trouble cyclothymique est porté uniquement si les 2 premières années des symptômes cyclothymiques n’ont pas comporté d’
épisode dépressif majeur, maniaque ou mixte. Après la période initiale de 2 ans du trouble cyclothymique, des épisodes maniaques ou mixtes peuvent être surajoutés, et dans ce cas les deux diagnostics de trouble cyclothymique et de
trouble bipolaire I sont posés conjointement. De même, après la période initiale de 2 ans du trouble cyclothymique, des épisodes dépressifs majeurs peuvent être surajoutés, et dans ce cas les deux diagnostics de trouble cyclothymique et de trouble bipolaire II sont posés conjointement.
Critère D
- On ne fait pas le diagnostic si les modalités des virages de l’humeur correspondent plutôt à un trouble schizo-affectif ou si elles sont surajoutées à un trouble psychotiques, comme une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant ou un trouble psychotique non spécifié, auquel cas les symptômes thymiques sont considérés comme des caractéristiques associées au trouble psychotique.
Critère E
- La perturbation de l’humeur ne doit pas non plus être due aux effets physiologiques directs d’une substance (ex. : une substance donnant lieu à abus ou d’un médicament) ou d’une affection médicale générale (ex. : une hyperthyroïdie).
Critère F
- Même si certains sujets peuvent avoir un fonctionnement particulièrement bon au cours de certaines périodes hypomaniaques, la perturbation de l’humeur doit être dans l’ensemble à l’origine d’une souffrance cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. L’altération du fonctionnement peut être la conséquence des périodes prolongées de changements cycliques et souvent imprévisibles de l’humeur (ex. : le sujet peut être considéré comme capricieux, lunatique, imprévisible, incohérent ou peu fiable).
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Caractéristiques et troubles associés
Des troubles liés à une substance ou des troubles du sommeil (c'est-à-dire des difficultés à initier ou à maintenir le sommeil) peuvent exister.
Caractéristiques liées au sexe et à l'âge
Le trouble cyclothymique débute souvent tôt dans la vie et est parfois considéré comme reflétant un tempérament prédisposant à d'autres troubles de l'humeur (en particulier les troubles bipolaires).
En population générale, le trouble cyclothymique semble aussi fréquent chez les hommes que chez les femmes.En milieu clinique, les femmes présentant un trouble cyclothymique semblent consulter plus fréquemment que les hommes pour demander un traitement.
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Prévalence
Certaines études ont rapporté des taux de prévalence sur la vie du trouble cyclothymique variant entre 0,4 et 1 %. Les prévalences dans les centres spécialisés dans les troubles de l'humeur peuvent varier entre 3 et 5 %.
Évolution
Le trouble cyclothymique débute habituellement dans l'adolescence ou à l'âge adulte jeune. Un début tardif à l'âge adulte peut faire envisager un trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale comme une sclérose en plaques.
Le trouble cyclothymique a habituellement un début insidieux et une évolution chronique. Le risque de développer ultérieurement un trouble bipolaire I ou II est de 15 à 50 %.
Aspects familiaux
Le trouble dépressif majeur et le trouble bipolaire I ou II semblent plus fréquents chez les parents biologiques du 1er degré de sujets présentant un trouble cyclothymique que dans la population générale.
Il pourrait exister également un risque familial accru pour les troubles liés à une substance.
De plus, le trouble cyclothymique pourrait être plus fréquent chez les parents biologiques du 1er degré de sujets présentant un trouble bipolaire I.
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Diagnostic différentiel
Trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale
Le trouble cyclothymique doit être différencié d'un trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale. Le diagnostic est celui de trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale lorsque la perturbation de l'humeur est considérée comme la conséquence physiologique directe d'une affection médicale spécifique et habituellement chronique (ex. : une hyperthyroïdie). Ce diagnostic différentiel s'appuie sur les antécédents, les examens complémentaires ou l'examen physique. Si l'on considère que les symptômes dépressifs ne sont pas la conséquence physiologique directe d'une affection médicale générale, le trouble de l'humeur principal est alors enregistré sur l'Axe I (ex. : trouble cyclothymique) et l'affection médicale générale est enregistrée sur l'Axe III.Ce peut être le cas si les symptômes thymiques sont considérés comme la conséquence psychologique d'une affection médicale chronique ou s'il n'existe aucun lien étiologique entre les symptômes thymiques et le facteur organique.Trouble de l'humeur induit par une substance
Un trouble de l'humeur induit par une substance se distingue du trouble cyclothymique par le fait qu'une substance (essentiellement des stimulants) est considérée comme liée étiologiquement au trouble de l'humeur. Les oscillations fréquentes de l'humeur, ayant l'allure d'un trouble cyclothymique, disparaissent généralement après l'arrêt de l'utilisation de la substance.Trouble bipolaire I, Trouble bipolaire II
Le trouble bipolaire I, avec cycles rapides, et le trouble bipolaire II, avec cycles rapides, peuvent tous deux ressembler à un trouble cyclothymique en raison des changements fréquent et marqués de l'humeur. Par définition, les états thymiques au cours d'un trouble cyclothymique ne remplissent jamais les critères d'un épisode dépressif majeur, maniaque ou mixte, alors que la spécification avec cycles rapides nécessite la présence d'épisodes thymiques complets. Si un épisode dépressif majeur, maniaque ou mixte survient au cours de l'évolution d'un trouble cyclothymique établi, le diagnostic, soit de trouble bipolaire I (pour un épisode maniaque ou mixte) soit de trouble bipolaire II (pour un épisode dépressif majeur), est porté en plus de celui de trouble cyclothymique.Personnalité borderline
La personnalité borderline est associée à des changements marqués de l'humeur qui peuvent faire évoquer un trouble cyclothymique. Si les critères sont remplis pour chacun des 2 troubles, les diagnostics de personnalité borderline et de trouble cyclothymique peuvent être portés conjointement.
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