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Psychose d’hypersensibilité induite par les neuroleptiques ou antipsychotiques

Par Neptune 

le 30/07/2016 

0 lectures


Résumé


La psychose d’hypersensibilité (‘supersensitivity psychosis’, ou ‘onset psychosys’) est une forme de psychose causée par la prise au long cours d’antipsychotiques ou, plus généralement, d’anti-dopaminergiques, lesquels en privant le cerveau de dopamine provoquent une excroissance de récepteurs D2 dans l’aire mésolimbique, laquelle est responsable d’une hypersensibilité à la dopamine provoquant des psychoses qui ne peuvent être liées à d’autres causes.

Tout comme la dyskinésie tardive, elle peut plus ou moins rapidement survenir après l’arrêt d’antipsychotiques pris pendant plus de 3 mois, mais aussi pendant la prise régulière de ceux-ci. Les formes en injection génèreraient davantage de psychoses d’hypersensibilité que les formes orales.

Non officiellement décrite par les manuels de référence comme le DSM, elle est confondue avec les véritables rechutes psychotiques, qui existent aussi. La mise en cause des antipsychotiques anciens mais aussi de seconde génération dans la survenue d’un trouble mental, explique le peu d’empressement de la pharmaco-psychiatrie et des laboratoires à reconnaître cette entité. Pourtant un faisceau d’indices aurait dû intriguer nos experts : incidence plus élevée de rechutes dans les pays recourant massivement aux antipsychotiques, incidence plus élevée de rechutes qu’à l’époque pré-neuroleptiques, et survenue inexpliquée de psychoses chez des personnes sans trouble psychotique préalable, mais traitées au long terme avec des anti-dopaminergiques (pour vomissement avec du primpéran, pour hypertension avec de la réserpine).

Le discours permanent que l’on reçoit « n’arrêtez jamais vos traitements » est très réducteur, et dans certains cas nocif, comme l’est souvent aussi l’arrêt brutal et impulsif.

Finalement il vaut mieux, lorsque cela est possible c’est-à-dire bien plus souvent qu’on ne le fait dans nos pays, ne jamais commencer un traitement antipsychotique : c’est ce que les praticiens d’Open Dialogue en Finlande ont réussi à faire avec succès pour 70% des premiers épisodes psychotiques. Car ce n’est donc pas tant la maladie qui impose le traitement, mais "le traitement qui, imposé trop longtemps et/ou à tort, s’avère apparemment impossible à arrêter". « In some of these cases, the need for continued neuroleptic treatment may itself be drug-induced » (G. Chouinard, Am J Psychiatry /35:11, November 1978).

Apparemment seulement. Car des méthodes curatives existent alors que l’augmentation des doses d’antipsychotiques est la réponse  habituelle qui, par ignorance, aggrave encore le problème.

Autant de constats et de voies préventives et curatives éprouvées mais totalement ignorées par les PUHP “professeurs” de psychiatrie français, dont les “recherches” sont exclusivement celles financées par les laboratoires, qui continuent de parler de neuroprotection, et de soutenir une théorie neurodéveloppementale ou même encore plus dépassée, neurodégénérative, des troubles psychotiques.  

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Les 4 voies dopaminergiques
Les 4 voies dopaminergiques

Histoire


1. Les prémices : rechutes plus fréquentes avec antipsychotiques


De 1975 à 1986, divers articles révèlent des comparaisons de rechutes avant/après l’arrivée des neuroleptiques. Elles ne concernaient que 20 à 30 % des patients en rémission avant l’ère des neuroleptiques, contre environ 50 % depuis que le traitement antipsychotique est généralisé (a). De plus elles surviennent plus vite. Plusieurs études eurent des résultats analogues (b) (c).

La population diagnostiquée et « sans neuroleptiques » ayant ensuite disparu dans nos pays, l’OMS a conduit deux études comparant les taux de rechutes entre pays ; il en ressort que dans les pays pauvres, où 15 % seulement des personnes hospitalisées pour schizophrénie reçoivent un antipsychotique, les résultats sont bien meilleurs après la sortie de l’hôpital : en 1973, 5 ans après leur sortie d’hôpital, 65 % des patients en Inde et au Nigeria n’avaient plus aucun symptôme, pour environ de 30 % dans les pays occidentaux (d). Des résultats similaires furent retrouvés en 1979 dans une autre étude (e).

Il va sans dire que ces résultats furent contestés par les laboratoires via des auteurs liés, comme par exemple dans l’article de 2007 de Cohen et Patel, rémunéré par Wellcome-GSK (f).

Au total les observations diverses tendent à dire que :
  • un tiers des personnes évite la rechute grâce au traitement antipsychotique,
  • un autre tiers ne rechutera pas même s'il arrête le traitement
  • le dernier tiers des personnes rechute à cause de l’antipsychotique, qu’il soit poursuivi ou arrêté : c’est le syndrome d’hypersensibilité que nous étudions ici.

Les questions qui se posèrent furent alors :
  • Existe-t-il une méthode de sevrage permettant de se retrouver dans le second tiers, celui de ceux qui arrêtent sans dommages ? La gravité de ces dommages, et de effets secondaires liés à la prise au long terme, justifie pleinement cette question. Malgré l’absence d’investissements sur ce sujet, car allant à l’encontre des intérêts actuels des laboratoires, certaines recherches donnent des résultats. Tous les auteurs s’accordent sur la nécessité de recherches thérapeutiques complémentaires, mais celles-ci se font attendre : quel laboratoire financera des recherches dont l’objet est d’aider à la non-consommation de ses produits ?  
  • Y a-t-il des différences entre les antipsychotiques de seconde génération et les antipsychotiques classiques dans cet aspect, et entre différents antipsychotiques disponibles aujourd’hui ?

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(a) Albert R. Roberts, 1986

(b) William Carpenter, Jr., American Journal of Psychiatry, 134 (1977), 14-20 :  35% vs 45 %

(c) Maurice Rappaport, International Pharmacopsychiatry, 13 (1978), 100-111 : 27 % vs 62 %

(d) J. Leff, "The International Pilot Study of Schizophrenia: five-year follow-up findings," Psychological Medicine, 22 (1992), 131-145.

(e) Assen Jablensky, "Schizophrenia: manifestations, incidence and course in different cultures, A World Health Organization ten-country study," Psychological Medicine, suppl. 20 (1992), 1-95

(f) Questioning an Axiom: Better Prognosis for Schizophrenia in the Developing World ? Cohen , Patel, 2007, schizophrenia bulletin, Oxford. Lire l'article

2. Les recherches du Pr Guy Chouinard


En 1978, Dr Guy Chouinard, alors Professeur Assistant à l’Université McGill de Montréal, et praticien à l’Hôpital Lafontaine, fit un parallèle entre les dyskinésies tardives (DT) et ce que l’on croyait alors être des rechutes psychotiques suite à l’interruption d’antipsychotiques.

Il était déjà établi que les DT avaient pour origine l’augmentation des récepteurs de dopamine D2 dans les régions contrôlant le mouvement (striatum) suite à une exposition prolongée aux antipsychotiques qui privent le cerveau de dopamine. De la même manière, il estime que la psychose d’hypersensibilité n’est pas une manifestation de la ‘maladie’ d’origine, mais bien le résultat du traitement au long cours par les antipsychotiques, qui provoquent par privation une excroissance des récepteurs D2, cette fois au niveau mésolimbique.

Pour appuyer cette idée, il part d’observations et de diverses études, constatant :
  • Qu’il y a un effet de tolérance aux neuroleptiques (après un certain nombre d’années, le produit agit moins efficacement).
  • Que ces psychoses surviennent simultanément à une décroissance subite des niveaux de prolactine et à l’apparition ou la détérioration d’une dyskinésie tardive survenant après interruption du traitement, ce qui tend à mettre en évidence un mécanisme commun mais dans différentes régions du cerveau.
  • Qu’il y a également une forte corrélation entre la survenue d’épisodes psychotiques à l’arrêt, et les schizophrénies de « bon pronostic »


Psychose d’hypersensibilité induite par les neuroleptiques


Guy Chouinard, médecin, pharmacologue,
Barry D. Jones, médecin ,
Lawrence Annable, statisticien
American Journal of Psychiatry, 135 :11, Nov 1978
Traduction : Neptune, 2016



L’augmentation des sites récepteurs de dopamine a été observée dans le neostriatum après un traitement chronique aux neuroleptiques, ce qui pourrait expliquer l’hypersensibilité à la dopamine qui provoque la dyskinesie tardive (1). Nous proposons que des modifications similaires puissent se produire dans la région mésolimbique en réponse au blocage chronique de la dopamine par ces produits. Trois types de faits établis sont compatibles avec cette hypothèse :
    1/ La tolérance au produit du système nerveux central (SNC)
    2/ La psychose qui suit le retrait des neuroleptiques, et qui est corrélée avec des signes d’hypersensibilité à la dopamine, et que nous appellerions par conséquent « psychose d’hypersensibilité »
    3/  La psychose associée à une soudaine décroissance des niveaux de prolactine qui suit le retrait des neuroleptiques.


Tolérance au produit par le SNC

Dans une étude contrôlée en double-aveugle nous avons comparé l’enanthate de fluphenazine (ndlr : neuroleptique classique en injection) administrée toutes les deux semaines avec de decanoate de fluphenazine administré toutes les 4 semaines pour le traitement de maintenance de 48 patients externes schizophrènes (2). Avant leur inclusion dans l’essai, les patients avaient reçu de l’enanthate de fluphenazine régulièrement pendant des durées de 1 à 42 mois (en moyenne 14 mois). Tous les patients eurent une période d’un mois suppémentaire de stabilisation avec de l’enanthate de fluphenazine. Les dosages bimensuels d’enanthate de fluphenazine à l’admission des patients allaient de 2,5 mg à 125 mg (moyenne 39,5 mg, médiane 25 mg), et après 7 mois de traitement allaient de 2,5 à 325 mg (moyenne 69,1 mg médiane 50 mg). Des augmentations substantielles de dosage étaient donc nécessaires pour maintenir l’effet thérapeutique au même niveau.  
Dans des études animales, l’exposition prolongée aux neuroleptiques nécessitait des doses plus élevées pour bloquer les effets comportementaux de l’apomorphine (3, 4)(g).

Psychoses associées à des signes d’hypersensibilité à la dopamine

Dans un essai sur 6 semaines en double aveugle de tryptophane-benserazide nous avons étudié la relation entre la dyskinésie tardive et les rechutes psychotiques chez 32 patients avec schizophrénie de process (h) (5). La moitié des sujets reçurent du tryptophane-benserazide à la place de leur médication neuroleptique habituelle, et l’autre moitié de la chlorpromazine (i). Dans le groupe tryptophane, la sévérité de la dyskinésie tardive (mesurée sur l’échelle d’impression clinique de 9 points ESRS – Extrapyramidal Symptom Rating Scale ) tendait à être plus élevée pour les 8 patients aggravés que pour les 6 qui restaient stables (moyenne +-ic = 5,4 +-1,4 et 3,8 +- 1,7 respectivement, t=1,85, p < 0,10). Toutefois, il n’y avait pas de différence dans la sévérité de la dyskinésie tardive entre les patients avec chlorpromazine  aggravés (n=2) et non aggravés (n=14) moyenne +-ic=3,5+-0,7 et 3,9+-1,9 respectivement), ou entre les patients non aggravés des deux groupes. Ces résultats sont compatibles avec l’hypothèse que la relation entre la sévérité de la dyskinésie tardive et une décompensation psychotique puisse être due à un mécanisme commun sous-jacent d’augmentation de la fonction dopaminergique induite par l’usage à long terme de neuroleptiques, et qui se déclare à l’interruption du produit. Il n’a pas été démontré que l’augmentation de l’agitation provoquait une aggravation de la dyskinésie tardive, puisque les deux patients en aggravation sous chlorpromazine ne montraient pas de signes de dyskinésie tardive plus sévère que les patients non aggravés sous tryptophan-benserazide.

Psychose liée à un déclin rapide des niveaux de prolactine

Dans une étude pilote conçue pour tester si la pénicilline avait un effet antipsychotique, 10 patients schizophrènes hospitalisés et traités chroniquement avec des neuroleptiques eurent leur traitement arrêté et remplacé par de la penicilline orale pendant 6 semaines (6).  Les baisses les plus importantes de prolactine (moyenne 22,6 ng/ml, entre 11,7 et 51,7 ng/ml à J0, moyenne 6,0 ng/ml, entre 3,7 et 10,3 ng/ml à 42 jours) tendaient à être liées (r=0.62, df=6, p<0.10) avec une détérioration des symptômes (moyenne des scores totaux BPRS +-ic= 37,5+-8,8 à J0, et 46,1+-13,2 à 42 jours), et une sévérité accrue de dyskinésie tardive était significativement liée à la baisse de prolactine (r=0,85,df=6, p<0,01).
Ceci suggère évidemment que l’hypersensibilité ne se produit pas en réponse au blocage chronique de la dopamine dans la voie hypothalamo-infundibulaire, et donc l’élévation de la prolactine peut être vue comme une mesure du blocage complet de la dopamine. Le fait que certains patients nécessitent plus de blocage de dopamine pour contrôler leurs symptômes, comme suggéré par leurs niveaux de prolactine élevés, et qu’ils rechutent rapidement quand on retire le blocage, est compatible avec l’hypothèse que ces patients ont développé une hypersensibilité de leurs récepteurs mésolimbiques de dopamine au même titre que ceux du néostriatum.      

Discussion

L’association entre la dyskinésie tardive et la rechute psychotique a été observé par d’autres (8 9). L’hypothèse que la dyskinésie tardive et la psychose d’hypersensibilité puissent être causées par un mécanisme similaire se produisant dans différentes régions du cerveau est suggérée par les facteurs communs qui altèrent le tableau clinique des deux syndromes : augmenter la dose neuroleptique fait baisser la sévérité de la dyskinésie tardive et de la psychose, diminuer la dose les aggrave tous deux, le stress exacerbe à la fois la dyskinésie tardive et les symptômes psychotiques, la L-dopa et les amphétamines peuvent augmenter la sévérité des deux.
Nous suggérons que les neuroleptiques peuvent produire une hypersensibilité à la dopamine qui entraîne à la fois des symptômes dyskinésiques que psychotiques.
Une implication est que la tendance aux rechutes psychotiques chez un patient qui a développé une telle hypersensibilité n’est pas déterminée seulement pas le cours normal de la maladie.  Ceci peut expliquer pourquoi Hogarty et associés (10) n’ont pu identifier de profils de patients « à bon pronostic » et qui ne rechuteraient pas à l’interruption du traitement de maintenance neuroleptique.
Une autre implication est la possibilité que cette hypersensibilité soit irréversible. On considère que c’est vrai de la dyskinésie tardive à moins qu’elle soit diagnostiquée tôt et que la médication soit arrêtée. Si la même irréversibilité se produit dans la région mésolimbique, le résultat serait que les patients doivent rester sous neuroleptiques pour le reste de leur vie indépendamment de l’évolution de leur maladie. Dans les études réalisées par le groupe Hogarty, les 2 tiers des patients que l’on pensait éligibles pour un arrêt du traitement après deux années de thérapie, ont rechuté à la suite de l’interruption du produit, faisant dire aux auteurs que « la nécessité d’une chimiothérapie de maintenance peut être définitive »  (10). Dans certains de ces cas, le besoin du maintien d’un traitement neuroleptique peut être lui-même dû au traitement.  

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Guy Chouinard
Pr Guy Chouinard, Université McGill, Montreal, Ca.






(1) Creese I, Burt DR, Snyder SH: Dopamine receptor binding enhancement accompanies lesion-induced behavioral supersensitivity. Science 197:596-598, 1977.

(2) Chouinard G, Annable L, Ross-Chouinard A: A double-blind controlled study of fluphenazine decanoate and enanthate in the maintenance treatment of schizophrenic outpatients, in Depot Fluphenazines: Twelve Years of Experience. Edited by Ayd PI Jr. Baltimore, Ayd Medical Communications, 1978.

(3) Asper H, Baggiolini M, Burki HR, et a1: Tolerance phenomena with neuroleptic catalepsy, apomorphine sterotypies and striatal dopamine metabolism in the rat after single and repeated administration of loxapine and haloperidol. Eur J Pharmacol 22:287-294, 1973.

(4) Milller Nielsen I, Fjalland B, Pedersen V, et al: Pharmacology of neuroleptics upon repeated administration. Psychopharmacologia (Berl) 34:95-104, 1974

(5) Chouinard G, Annable L, Young SN, et al: A controlled study of tryptophan-benserazide in schizophrenia. Communications in Psychopharmacology 2:21-31,1978 .

(6) Chouinard G, Annable L, Horrobin DF: An antipsychotic action of penicillin in schizophrenia. IRCS Medical Science 6: 187, 1978.

(7) Allen RM: Dopamine hypersensitivity and tardive dyskinesia. Am I Psychiatry 134: 1154, 1977.

(8 ) Degkwitz VR, Bauer MP, Gruber M, et al: Der zeitliche Zusammenhang zwischen dem Auftreten· persistierender extrapyramidaler Hyperkincsen und Pyschoserecidiven nach abruter Unterbrechung langfristiger neuroleptischer Behandhichronisch schizophrener Kranken. Arzneim Forsch 20:890-89 1970.

(9) Crane GE: Pseudoparkinsonism and tardive dyskinesia. Arc NeuroI27:426-430, 1972.

(10) Hogarty GE, Ulrich RF, Mussare F, et al: Drug discontinuancy among long term, successfully maintained schizophrenic outpatients. Dis Nerv Syst 37:494-500, 1976.

(g) L’apomorphine est un agoniste « D2-like » utilisé notamment pour pallier le déficit en dopamine de la maladie de Parkinson. Chez les rats  l’apomorphine provoque des effets visibles. Les pharmacologues estiment qu’un neuroleptique est efficace si l’apomorphine ne fait plus d’effet sur un rat.

(h) Traduction approximative du terme « process schizophrenia », terme obsolète désignant type de schizophrénie exclusivement négative, précoce et progressive, s’opposant aux schizophrénies « réactives » ou « aigues ».

(i) Chlorpromazine : neuroleptique le plus ancien, et encore autorisé sous le nom de Largactil.
En 1978 et 1979 l’une des hypothèses de Chouinard est validée expérimentalement par d’autres chercheurs : l’augmentation artificielle des récepteurs D2 a bien lieu également dans la région mésolimbique (6) (7) et elle est liée à l’administration prolongée d’antipsychotiques et non à la schizophrénie.

En 1980 le Pr Chouinard décrit plus précisément le phénomène et actualise sa proposition dans un article plus important (j), lequel analyse 10 cas cliniques individuels qui confirment dans le détail la théorie. Il publie 7 critères diagnostiques de la psychose d’hypersensibilité induite par les antipsychotiques. Il observe, outre le fait que ses hypothèses ne sont pas contredites par ces observations, le fait que seuls les symptômes positifs (hallucinations, délires) se manifestent dans les psychoses d’hypersensibilité. Ceci confirmerait une autre hypothèse relative au fait que les symptômes positifs seraient dus à une hyperactivation mésolimbique de la dopamine, tandis que les symptômes négatifs seraient dus à son hypo-activation.

Il convient de noter que les 10 patients analysés sont sélectionnés par l’auteur et ne correspondent pas à la totalité de la population schizophrène de la clinique ayant collaboré à cette étude, et que d’autres patients connurent une rémission naturelle, ou un état ‘stable’ (sans rechutes psychotiques) sous neuroleptiques, ce que l’auteur n’omet pas de préciser.

Les 10 patients furent sélectionnés pour le fait de présenter des psychoses au bout de plusieurs années de ‘stabilité’, sans cause apparente, ou lors des tentatives de diminution de doses, stratégie que cette clinique canadienne pratiquait de manière générale, ou encore lors d’oubli d’injections, ou enfin quelques jours avant une injection, donc lorsque la concentration était la plus faible. Tous eurent alors des injections de fluphenazine de dose constamment croissante, puis de nouvelles psychoses et de nouvelles augmentations, indéfiniment.
Toutefois ces observations, si elles ne correspondent pas au cas général (toutes les psychoses ou rechutes ne sont pas d’hypersensibilité), ont permis de mieux isoler et décrire les cas manifestes d’hypersensibilité à la dopamine induite par les antipsychotiques.  

Entre 1980 et 1990, le sujet reste relativement en stand-by mais des recherches se poursuivent et quelques études montrent des résultats concordants avec le syndrome proposé par Chouinard (Borison, 1987; Green et al., 1989; Oral et al., 1989; Sramek et al., 1989), tandis que d’autres cherchent à contredire par tous les moyens l’anathème de Chouinard, comme quoi les antipsychotiques provoquent des psychoses.

En 1990, nouvelle publication (k) de G. Chouinard, qui fait face à des contestations de sa théorie. Il répond à chacune une par une. Il observe qu’une seule recherche sur 4 contredit globalement ses observations (Singh et al., 1989). Une autre (Palmstierna and Wistedt , 1987) s’ingénie à contredire le concept de tolérance, en produisant des mesures de concentration plasmatique de fluphénazine. Chouinard répond qu’elles ne sont pas pertinentes : la fluphénazine est fixée aux globules rouges et il est notoire que sa concentration dans le plasma n’est pas un indicateur de tolérance ou de non tolérance. Il maintient et renforce sa thèse face à ses contradicteurs, réexpose ses critères de diagnostic en les structurant davantage (voir ci-après).

Il fournit de nouveaux chiffres de prévalence grâce à une étude faites sur 224 patients ambulatoires (Chouinard, 1988), et l’estime à 22 %, tandis que celle des dyskinésies tardives est de 45 % +- 3% selon l’échelle employée, chez les patients traités au long terme par des neuroleptiques. Il estime que les patients ambulatoires sont plus souvent soumis au stress de la vie sociale que ceux hospitalisés, ce qui explique des prévalences plus élevées pour ceux-ci, l’hypersensibilité ayant un terrain plus propice à son expression.

Il avance une nouvelle hypothèse basée sur l’observation : lorsque l’hypersensibilité n’en est qu’au « stade I » les symptômes d’hypersensibilité n’apparaissent que lors de l’arrêt ou de la réduction brutale de dose, et apparaissent dans les 6 semaines (ou 3 mois dans les formes injectées), ce qui les différencie d’une rechute due à la maladie sous-jacente, qui se produit de manière aléatoire dans le temps. Il fournit une explication neurobiologique au « stade I : sans réinnervation » , puis au « stade IIA », partiellement réversible, au « stade IIB », se produisant même au cours du traitement, et enfin au « stade III » celui du cercle vicieux irréversible. Les stades I et IIA permettent d’éviter la psychose par réduction progressive des doses, ce qui ne fonctionne plus pour les stades IIB et III.

Il recommande un sevrage progressif, par paliers de 10% tous les 3 mois, pour le stade I d’hypersensibilité qu’il aide à reconnaître. Pour les stades II et III, un remplacement direct par les antipsychotiques atypiques. Pour les cas les plus sévères il publie des résultats encourageants d’essais de traitement de l’hypersensibilité à base d’anticonvulsivants, avec de nettes améliorations qui étaient impossibles à obtenir auparavant pour ces personnes, et de ne plus avoir recours à l’augmentation néfaste du neuroleptique. Le tout sous monitoring précis des concentrations.

Il fait état de recherches encourageantes sur les premiers antipsychotiques atypiques autorisés, les benzamides (sulpiride et remoxipride), et diphenylbutypiperidines (pimozoide et fluspirilene), en évoquant les résultats suédois de la clozapine, encore interdite au Canada.
 
(j) Chouinard G., Jones D. Barry, Neuroleptic-Induced Supersensitivity Psychosis: Clinical and Pharmacologic Characteristics, Amj psychiatry 137 :1, 1980

(1) Burt DR, Creese I, Snyder SH: Antischizophrenic drugs chronic treatment elevates dopamine receptor binding in brain
Science 196:326-328, 1977.

(2) Chouinard G, Jones BD: Schizophrenia as dopamine-deficiency disease. Lancet 2:99-100, 1978.

(3) Chouinard G, Jones BD, Annable L: Neuroleptic-induced supersensitivity psychosis. Am J Psychiatry 135:1409-1410, 1978.

(4) Asper H, Baggiolini M, Burki HR, et al: Tolerance phenomena with neuroleptics catalepsy. apomorphine stereotypies and striatal dopamine metabolism in the rat after single and repeated administration of loxapine and haloperidol. Eur 1 Pharmacol 287-294, 1973.

(5) Moller Nielsen I, Fjalland B, Pedersen V, et al: Pharmacology of neuroleptics upon repeated administration. Psychopharmacologia (Berl) 34:95-104, 1974.

(6) Muller P, Seeman P: Brain neurotransmitter receptors after long term haloperidol: dopamine, acetylcholine, serotonin, Choradrenergic and naloxone receptors. Life Sci 21:1751-1758, 1977.

(7) Owen F, Cross Al, Crow Tl, et al: Increased dopamine-receptor sensitivity in schizophrenia. Lancet 2:223-226, 1979

(k) Severe cases of neuroleptic-induced supersensitivity psychosis Diagnostic criteria for the disorder and its treatment, schizophrenia research, 5 1990 21-33 Elsevier





(l) Jeffrey, Lieberman et al., Methylphenidate Response, Psychopathology and Tardive Dyskinesia as Predictors of Relapse in Schizophrenia,  Neuropsychopharmacology, 1994.




(m) Voir notre article "Réduction du volume cérébral par les antipsychotiques".









(n) Atypical Antipsychotics: CATIE Study, Drug-Induced Movement Disorder and Resulting Iatrogenic Psychiatric-Like Symptoms, Supersensitivity ReboundPsychosis and Withdrawal Discontinuation Syndromes




3. Liebermann & co réagissent


La rivalité entre les équipes, les intérêts énormes en jeu pour les laboratoires, ont naturellement provoqué toutes sortes de réactions.
En 1994 la psychiatrie officielle US se saisit de la question, autour de l’omniprésente équipe Liebermann. Elle valide par une nouvelle étude (l), le lien entre dyskinésies tardives et psychoses d’hypersensibilité au sevrage. Elle utilise la Ritaline (methylphenidate)  pour forcer le déclenchement de psychoses, ce qui est éthiquement et scientifiquement questionnable. Elle contre les hypothèses de Chouinard, et soutient que l’hypothèse de la non responsabilité du neuroleptique, et d’une prédisposition pathologique aux D.T. et aux rechutes, est tout aussi valable. Plutôt que d’accepter l’idée de la possibilité qu’existe une cause et un remède, elle conclut son étude de manière lapidaire, choquante et révélatrice : « Puisque l’arrêt de la médication est rarement indiqué dans la gestion à long terme des patients schizophréniques, l’application principale des tests de déclenchement avec des psychostimulants, pourra être d’identifier des candidats pour une réduction de doses, ou pour les patients qui insistent sur l’arrêt du traitement. Dans ces cas les résultats des tests pourraient être un dissuasif utile à ces patients «

Par analogie à ce raisonnement,  pour savoir si votre maison peut facilement prendre feu et s’il est vraiment nécessaire de maintenir l’électricité coupée à titre préventif (les antipsychotiques), plutôt que d’essayer de chercher comment prévenir l’incendie, on le provoque en l’arrosant d’essence (les psychostimulants) et en approchant une allumette (la réduction des AP). Si la maison prend feu, ce qui alors sera toujours vrai, vous devez continuer de vous passer d’électricité.

L'ingéniosité de certains américains est inégalable lorsqu'elle est employée à servir leur mauvaise foi. Cet épisode rappelle bien sûr les "armes de destruction massive" totalement hypothétiques, prétexte à une invasion bien réelle.  Les mêmes (Liebermann & co) avaient tenté de nier les preuves du rétrécissement cérébral dû aux antipsychotiques en l’imputant à la maladie, négation qui fut par la suite démontée par des recherches sur des volontaires « sains » en Australie (m).

En 2008 Guy Chouinard continue de publier, mais cette question est  devenue moins centrale pour lui avec l’avènement des antipsychotiques atypiques : il a conclu des contrats avec une demi-douzaine de laboratoires, dont les laboratoires Lilly (olanzapine-Zyprexa@) et Janssen-Cilag (risperidone-Risperdal@/Concerta@/Xeplion@), et fait la promotion de l’olanzapine, selon lui « seul produit supérieur aux anciens antipsychotiques ». Devenu chef de file de la neuropharmacologie canadienne, séduit par les annonces de moindres effets secondaires des AP atypiques, il représente son pays dans les études internationales sur la clozapine, la rispéridone, etc.

Un très long article (n) se révèle confus sur la question des antipsychotiques nouveaux par rapport aux anciens, et se termine de manière incomplète, où il est curieusement signalé que quetiapine et clozapine, avec ayant en commun une dissociation rapide des récepteurs D2 seraient davantage responsables d’hypersensibilité, sans explication neurobiologique. Le lien aux dyskinésies tardives n’est plus fait, la risperidone semble ‘blanchie’. Ceci est contredit par les études de J.  Fallon, comme nous le verrons ci-après.  G. Chouinard change curieusement de vocabulaire et parle dorénavant de « symptômes psychiatriques induits par les troubles des mouvements induits par les médicaments », ce qui vous en conviendrez est assez tordu pour être oublié, et il cherche à démontrer cette nouvelle relation. En étudiant cette nouvelle sémantique, on se rend compte qu’elle permet d’oublier de facto le lien causal direct entre antipsychotiques et psychoses, et la notion d’hypersensibilité acquise dans les voies mésolimbiques.    

L’attitude de Guy Chouinard qui change de sujet sans en donner l’air, est pour beaucoup dans les retards de la recherche sur la iatrogénie des antipsychotiques atypiques en terme d’hypersensibilité dans les zones mésolimbiques. Il faudra qu’un anglais, Paul Fallon, reprenne le flambeau et intègre véritablement les nouveaux antipsychotiques dans le champ des recherches, pour obtenir dans les années suivantes de nouvelles avancées.
(o) Drug-induced supersensitivity psychosis revisited: characteristics of relapse in treatment-compliant patients, P. Fallon, S. Dursun, B. Deakin.

(p) Ming Li, Univ. Nebraska-Lincoln “Antipsychotic-induced sensitization and tolerance: Behavioral characteristics, developmental impacts, and neurobiological mechanisms”

En 2011 et 2012 Paul Fallon, de l’université de Salford (UK) reprend le flambeau, et démontre à travers deux études (o), que la psychose d’hypersensibilité s’étend à des psychoses survenant également pendant la prise des antipsychotiques, et non plus uniquement après leur arrêt. Les antipsychotiques à forte affinités aux récepteurs D2, que sont l’olanzapine et le la rispéridone, ont les mêmes risques que les neuroleptiques classiques de provoquer une hypersensibilité.

Il établit qu’entre 32 % et 39 % des psychoses habituellement appelées ‘rechutes’ au cours du traitement régulier chez des patients particulièrement "observants", sont en fait des psychoses d’hypersensibilité.

Fallon exclut les traitements par clozapine ou quetiapine, au motif que les effets rebonds spécifiques de ces produits ne sont pas de l’hypersensibilité à la dopamine et auraient pu déformer les résultats, qu’il limite aux produits à blocage au long terme des récepteurs D2.

En 2016, Ming Li, chercheur du NIMH et sans lien d’intérêt laboratoires publie une longue étude sur les notions de tolérance et d’hypersensibilité aux antipsychotiques. (p) Nous partageons sa conclusion : « On peut dire que, bien que la communauté de chercheurs sur les antipsychotiques soit relativement importante et très active, ce domaine particulier (i.e. recherche sur la sensibilisation et la tolérance) est plutôt réduite, et l’essentiel du travail provient d’un nombre limité d’équipes »

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Critères

Pr Guy Chouinard, Univ. McGill, Montréal
1980, 1990


A. Le patient doit avoir été traité au moins 3 mois par un antipsychotique

B. Au moins 1 des critères majeurs :

    1. Réapparition de symptômes psychotiques lors de la diminution ou de l'arrêt du traitement survenant dans les 6 semaines (si per os) ou 3 mois (si action prolongé).
    2. Plus fréquentes récidives (psychoses aiguës) depuis que le patient est sous traitement neuroleptique continu.
    3. Développement d'une tolérance au traitement (nécessité d'augmenter la dose d'au moins 20% sur les 5 dernières années).
    4. L'augmentation de dose ne permet plus de masquer les symptômes.
    5. Les symptômes survenant à la réduction ou l'arrêt du traitement sont d'un type nouveau, non vu précédemment chez le patient ou plus sévères.
    6. La rechute psychotique survient lors d'une diminution de plus de 10% survenant brutalement, mais pas si celle-ci est graduelle.
    7. Tolérance au traitement mis en évidence dans le passée, mais traitement actuel à forte dose au moins 2 fois par jour.

C. Au moins un des critères mineurs si un seul critère majeur est présent :

    1. Dyskinésies tardives
    2. Amélioration rapide lors de la ré-augmentation ou ré-introduction du traitement après une diminution ou un arrêt.
    3. Évidente exacerbation des symptômes psychotiques par le stress.
    4. Apparition de symptômes psychotiques avant la nouvelle injection chez les patients sous forme retard.
    5. Prolactinémie élevée (> 2 x la normale) ou doublement des Rc aux neuroleptiques.

D. Critères d'exclusion :

    1. Premier épisode
    2. Patients psychotiques sévères ne répondant pas aux neuroleptiques

Sous-types


    Niveau I: PHSN de sevrage, réversible lorsque le seul critère majeur présent est le 1 et/ou le 6
    Niveau II : PHSN de type tardif

      IIa – Masqué et  essentiellement réversible lorsque seul le critère majeur 3 est présent.
      IIb – Masqué et  essentiellement réversible lorsque seul le critère majeur 7 est présent.
      IIc – Exprimé et essentiellement irréversible lorsque le critère 1 est présent avec n'importe lequel des autres critères majeur (en dehors du 6)

    Niveau III : PHSN de type sévère lorsque le critère majeur 4 est présent



Conclusion et perspectives


Depuis 2012, la « DA supersensitivity » - DA pour Dopamine, et son lien aux antipsychotiques, sont l’objet de multiples publications en anglais, ce qui marque la reconnaissance définitive de la validité du phénomène, même si le DSM-5 persiste lui aussi à ignorer cet effet iatrogène des antipsychotiques. Le syndrome d’hypersensibilité est même enseigné au Canada sous le vocable « syndrome de supersensitivité »  (q).  Les publications des chercheurs asiatiques sont particulièrement nombreuses. Les publications en langue françaises sont désespérément muettes.

La France est donc encore à la traîne sur ce sujet comme sur les autres sujets en psychiatrie, et les aggravations iatrogènes sont la règle dans nos hôpitaux et nos pratiques. Nos services de psychiatrie sont tenus au mieux par des médecins ayant une formation totalement simpliste, tenues à l’écart du véritable savoir par l’intoxication et la corruption  des laboratoires. Les personnes réellement averties existent et ne peuvent ignorer par exemple ce syndrome, mais se taisent ou réfutent en se soumettant à différentes pressions, à des intérêts financiers, ou lorsqu’il s’agit de mauvaises nouvelles, à notre culture du secret et de l’infantilisation du public (r).

Nous demandons, en tant qu’association de patients, que soit mises en œuvre les thérapies éprouvées lorsque l’hypersensibilité est diagnostiquée, au lieu des traitements actuels qui ne font qu’aggraver la situation. Nous renouvelons notre demande pressante que, pour le bien commun, soit mis fin à toute activité financée directement par des laboratoires dans nos services de recherche médicale et dans nos hôpitaux, afin que la recherche véritablement utile progresse, ce qu’elle ne fait pas dans notre pays, ce sujet en étant une nouvelle illustration. La recherche publique peut et doit être financée par des sources indépendantes.

Dans l’attente, nous poursuivons nos recherches, traductions et mise à disposition du public français, de ce type d’avancées dont notre pays est privé, en espérant susciter un changement important dans le fonctionnement de notre psychiatrie.

Neptune  



pluie désert
Les psychoses d'hypersensibilité dopaminergique induites par les antipsychotiques sont à l'image des floraisons subites dans déserts arides : la moindre pluie fait surgir une végétation aussi abondante qu'éphémère. La nature développe des mécanismes d'adaptation aux privations.

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Sujets similaires

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dnrt

Par dnrt

 18/10/2016, 14:58
Bonjour Neptune,

MERCI pour cet article et, Bravo pour votre travail !

Humainement.

Bonjour,

Guy Chouinard vient, ce 15 octobre 2017, de publier une actualisation très fournie sur le sujet.

En attendant sa traduction, vous la trouverez ici :
https://www.researchgate.net/publication/317903753_Antipsychotic-Induced_Dopamine_Supersensitivity_Psychosis_Pharmacology_Criteria_and_Therapy

Bonne lecture,
Neptune

Neptune

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