Centre Hospitalier Roger Prévot - témoignages et avis
Adresse : BP 60058 Moisselles – 95573 Domont CEDEX
Tel : 01 39 35 63 00
Site : http://www.eps-rogerprevot.fr
La sectorisation conduite en psychiatrie depuis 1970 a abouti à confier à ce qui était l'Hôpital Psychiatrique de Moisselles la gestion de quatre secteurs (Gennevilliers/Villeneuve-la-Garenne, Asnières, Clichy-la-Garenne et Levallois-Perret), auxquels sont venus s'ajouter en 1985, celui de La Garenne-Colombes/Bois-Colombes.
Cependant, hormis le cas des hospitalisations sans consentement, vous pouvez choisir tout autre établissement (Code de Santé Publique, article L3211-1).
Motif d'admission
Le film diffusé le 12 mars 2014, "Soignés d'Office", a pour cadre cet hôpital et les différents CMP qui en dépendent.
Le présent avis est issu de ce reportage, au demeurant très mauvais (nous détaillons cette opinion ci-après), pour l'attitude du chef de secteur Levallois-Perret, le Dr Claude Léger, ainsi que celle d'une partie des infirmiers. Le Docteur Claude Léger et la moitié des personnels infirmiers filmés, ont l'attitude condescendante et infantilisante que l'on ne connaît que trop, et qui est dénoncée par tous les promoteurs de la bientraitance hospitalière, tant en psychiatrie que dans d'autres domaines. Pour le reste, les "traitements" sont on ne peut plus classiques : contention, camisole chimique, internements de durée excessive, le tout sur fond de plainte pour moyens insuffisants.
Quelques images, quelques attitudes verbales et non-verbales, expriment notre ressenti mieux que des discours. France 2 signe une émission lamentable, faite de facilité, de convenances et de passivité, comparativement aux réelles investigations faites par son concurrent M6 dans "Zone interdite". Les thèmes qui ressortent de l'émission sont classiques, désastreux et manquant totalement d'esprit critique. Les voici.
Malade = dangereux
Le ton est donné dès les premières minutes de l'émission (et dans le résumé de 11 minutes) : une personne atteinte d'un trouble mental est forcément dangereuse. France 2 s'abstient de rappeler que les études montrent que les personnes ayant un trouble mental ne sont, statistiquement, pas plus dangereuses que les autres. On choisit bien sûr une personne ayant menacé un voisin et commis des violences sur sa porte.
Plus loin, dans le film, une personne n'étant jamais passée à l'acte, est retenue depuis des années, simplement pour des menaces verbales et écrites.
Alors que toutes les plaintes pour harcèlement ou menaces sont classées sans suite par les commissariats lorsqu'il s'agit de personnes non "étiquetées", une personne ayant pour cela fait l'objet d'une hospitalisation psychiatrique, ne peut plus émettre un mail, un texto, un courrier injurieux sans être aussitôt enfermée de longs mois.
En matière de menaces et de paroles menaçantes, il y a deux poids, deux mesures. Mais ce film tout entier voué à la défense du système, ne montre que l'aspect "dangereux" des personnes, qui, toutefois, expriment très bien, et très factuellement, au juge des libertés, leur innocence de fait.
"Dangereux pour les autres et pour vous-même"
Cette sérénade, même si elle est vraie dans certains cas, nous lasse. Elle vise en fait à déculpabiliser celui qui la prononce face à une personne qui est agressive, mais pas plus que la moyenne de la population.
Si les personnes qui justifient l'enfermement, l'isolement et l'attachement étaient logiques et de bonne foi, elles enfermeraient d'abord tous les alcooliques : ils sont bien plus dangereux pour autrui et pour eux-même.
La promotion de L'UNAFAM, le partenaire privilégié des pouvoirs publics
Ne remettant aucunement en question les dérives de l'institution, la vieille association (50 ans) se montre sous son plus mauvais visage. L'Union Nationale des Familles et Amis des Malades Psychiatriques ne fait absolument rien dans ce film pour infléchir le regard stigmatisant de la société sur les personnes atteintes de troubles mentaux, bien au contraire. Elle n'intervient que pour souligner "la difficulté pour les familles" et l'"impossibilité de faire autrement".
Les absents remarqués
France 2 n'a pas jugé utile d'inviter les associations de patients, pourtant connues, et qui auraient pu contrebalancer les discours infantilisants des institutionnels et de l'UNAFAM.
Témoignages sur le net
Parmi les nombreux témoignages qu'on peut trouver ici ou là, très peu sont favorables. On trouvera, entre autres :
"Avis partagé. Eviter absolument le service Asnières de cet hôpital. Erreur de diagnostic allant jusqu'à la mise en danger de la vie du malade. Aucune écoute du malade et de sa famille. Gâchis humain et financier."
Sur Neptune : voir ci-contre le dossier complet de l'homicide par négligence et incompétence, avec une légère condamnation du Dr Ruinart de Brimont, aujourd'hui toujours responsable du service "Levallois", et du médecin Mestres.
Ils relèvent un peu le débat
- La juge des libertés et de la détention, par son regard et ses paroles non condescendantes, sa fermeté face à l'hôpital.
- Les patients eux-mêmes, par leurs parole, leur révolte et leurs explications totalement cohérentes.
- Accordons au Dr Léger de dire que les moyens sont dramatiquement insuffisants, y compris et surtout pour le suivi post-hospitalisation en CMP, ce qu'ils disent tous. Cependant il axe tout son discours sur les insuffisances budgétaires, et l'on voit bien qu'il n'a lui-même aucune envie de changer sur le fond, la manière de considérer les personnes.
Le film "Soignés d'Office", version intégrale
Floutage en cours. Veuillez nous excuser pour ce désagrément.
Il y aurait encore beaucoup à dire, il y a le pire et le meilleur dans ce film et dans la réalité, aussi n'hésitez pas à le visionner et à exprimer votre propre opinion.
Le Docteur Claude Léger lors d'une réunion avec les patients.
Plus tard dans l'émission : "Que va-t-on faire de tout ce beau monde ?"
Un des deux infirmiers infantilise la personne de 40 ans qu'il vient d'attacher.
"Il est très inquiet votre papa pour vous."
Une responsable de l'UNAFAM
"Ce n'est pas simple. Il faut appeler des intervenants qui ne se déplacent pas, qui nous renvoient vers les pompiers. Ou ils se déplacent, mais seulement quand la police est là. Donc, cette fois où je me suis sentie en danger, je n'ai pas pu le faire hospitaliser."
Après des années d'internement et de reports, cette personne finit par sortir de la spirale infernale, par un savant dosage de révolte intérieure, et de soumission lorsque cette dernière est incontournable.
Condamnation du responsable du secteur Levallois, Jean-François RUINART de BRIMONT, et du médecin de garde, Maria MESTRE, pour homicide: lire le jugement
Nous diffusons des témoignages difficiles et sévères. Souvent révoltés, nous ne sommes toutefois pas motivés par la colère, ni par volonté de nuire aux personnes, qui appliquent un système parfois contre leur gré. Même si nous avons nous-même vécu ce que les témoins racontent. Nous voulons par ces descriptions, que l'on prenne plus de soin.
Que les personnes devant se rendre dans ces lieux soient vigilantes,
Que les médecins prennent conscience des effets de certaines pratiques mécaniques, déshumanisantes, désocialisantes et finalement iatrogènes,
Que les personnes découvrant cet univers réfléchissent avant d'y conduire un proche. Et qu'elles restent, justement, très proches et vigilantes avant, pendant et après le séjour.
En diffusant aussi des descriptions de lieux de bientraitance, nous voulons montrer que c'est possible, ici et maintenant, et pour tous.
Neptune.