La sérotonine, cible des antidépresseurs, mise en doute en tant qu'agent de la dépression

Voici un article passé à peu près inaperçu en 2014, issu des recherches de l'Université Wayne State de Detroit, USA.

Mice Genetically Depleted of Brain Serotonin Do Not Display a Depression-like Behavioral Phenotype, ACS Chemical Neuroscience, 2014

Un résumé dans un site de vulgarisation et de politique :
What If Everything We Know About Treating Depression Is Wrong ?

Il remet en cause le paradigme ayant permis de commercialiser des milliards de boites, et autant de dollars, en antidépresseurs depuis les années 1950.  

L'auteur cite des études sur des souris, montrant que celles qui ont été modifiées génétiquement pour ne pas produire de sérotonine, ne montrent pas de signe de dépression. Or, depuis 30 ans, les antidépresseurs agissent pour augmenter le niveau de concentration plasmatique de la sérotonine, par différents mécanismes. D'où les hurlements à venir, les plus forts venant de ceux qui n'ont jamais pris d'antidépresseurs, ou pour lesquels ils sont inefficaces (30% à 40% selon les études).

Restons calmes et buvons frais : les chercheurs classiques ne savent pas encore bien pourquoi l'augmentation (rapide) des niveaux de sérotonine (et également de noradrénaline pour les IRSNa) n'apporte pas de mieux immédiat, mais au bout de deux semaines environ. D'autre part, cet article indique tout de même que la baisse de sérotonine a des effets délétères sur l'agitation négative, et les compulsions.

Conclusion : ne nous emballons pas, ni d'un côté ni de l'autre : la dépression est bien plus complexe dans notre cerveau, qu'un simple sous-dosage d'un seul neurotransmetteur. La modestie manque encore terriblement autant chez les détracteurs que chez les partisans de tel ou tel produit. Et la lecture rapide plaît tant aux fanatiques de tous bords...

Neptune