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Cannabis : nous ne sommes plus dans les années 70 !

Par Neptune 

le 16/03/2016 

0 lectures


Cannabis : nous ne sommes plus dans les années 70 !


Au risque de déplaire à une partie de "notre public", nous publions un excellent résumé de la situation, que nous fournissent deux personnalités incontestées qui expriment mieux que nous ne le ferions, et solides éléments à l'appui, ce que nous pensons, et qui peut paraître paradoxal : oui le cannabis est dangereux, mais c'est justement pour cela qu'il faut le légaliser, sous certaines conditions.




(*) Source : Pr Patrick Lemoine, 2015,
"Soigner sa tête sans médicaments... ou presque", Ed. Poche Marabout
(**) Source : Légaliser le cannabis, une bonne idée qui prend racine, Pierre-Yves Geoffard,
Libération, 13 novembre 2017

Mise en page et illustrations : Neptune


Patrick Lemoine
Patrick Lemoine est psychiatre, docteur en neurosciences et spécialiste du sommeil.

Il a publié de nombreux ouvrages consacrés au sommeil et à ses troubles, à l'anxiété et au sevrage des médicaments. On lui doit le réveil tardif mais réel de la France sur la question de la dépendance aux benzodiazépines, et leur relation avec le risque de maladie cérébrale dégénérative de type Alzheimer.

Cannabis


Depuis une quarantaine d'années (soit presque deux généra­tions) l'usage « récréatif » du cannabis ne cesse de croitre régu­lièrement dans la population française, avec des âges d'initiation de plus en plus précoces chez les adolescents et même les préa­dolescents. Parallèlement à ce phénomène, il existe un véritable lobbying de type bobo et certains groupes de pression tendent à faire penser que le haschich peut avoir des vertus thérapeutiques et qu'il est beaucoup moins dangereux que le tabac. Qu'en est-il exactement ? Quels sont les risques engendrés par le chanvre indien et quelles pourraient être ses vertus ?

1. Les risques du cannabis




    Cannabis et schizophrénie


    Il semble désormais établi que la consommation de haschich déclenche des processus psycho­tiques qui n'auraient probablement pas existé sans ce type de consommation. Cela concerne probablement les sujets dits vul­nérables d'un point de vue génétique. Un usage précoce entraîne un plus grand risque puisque 10 % des adolescents ayant débuté leur consommation de cannabis dès l'âge de quinze ans ont pré­senté une schizophrénie (1) dans les dix ans qui ont suivi. Ils sont nettement moins nombreux quand la consommation ne débute qu'à 18 ans.
    (1) ndlr : l'étude à laquelle se réfère implicitement l'auteur précise qu'il s'agit de "psychose de type schizophrénique" et non d'une schizophrénie (ci-contre). Le chiffre cité par le Dr Patrick Lemoine, et vérifié, n'en demeure pas moins alarmant

    Cannabis  et intelligence


    Il est bien  établi que les adolescents consommateurs réguliers de haschich deviennent moins intelligents que les autres une fois devenus adultes. La mémoire à court terme est d'ailleurs durablement et intensément pertur­bée chez l'adolescent qui consomme. L'usage du cannabis provoque évidemment des échecs scolaires, un arrêt des études... Heureusement,le cannabis ne crée pas d'altérations irréversibles.

    Dépendance, isolement, retrait social


    Pour les plus gros consommateurs. La ligne rouge est franchie quand ils se mettent à fumer seuls.


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risque schizophrénie adolescents
Source : Robin Murray, PhD, jan 2015 "Appraising the Risks of Reefer Madness"

Odds-ratio : facteur de multiplication du risque. Pour un risque normal de 2 %, un odd-ratio de 4,5 signifie un risque de 9 % si la consommation commence à 15 ans.
La ligne rouge est franchie quand on se met à fumer seul
"La ligne rouge est franchie quand on se met à fumer seul"


10 % des adolescents ayant débuté leur consommation de cannabis dès l'âge de quinze ans ont pré­senté une psychose schizophrénique dans les dix ans qui ont suivi
"10 % des adolescents ayant débuté leur consommation de cannabis dès l'âge de quinze ans ont pré­senté une psychose schizophrénique dans les dix ans qui ont suivi"

Dépression


La conséquence du retrait social, de la démo­tivation, de l'échec scolaire et professionnel est évidemment le syndrome dépressif que l'on voit régulièrement apparaître.

Escalade


La fréquentation des dealers nécessaire pour s'approvision­ner augmente le risque de basculer dans des consommations de drogues plus dures.

Coordination motrice


La consommation de cannabis, surtout quand elle est asso­ciée à l'alcool, entraîne de grosses perturbations au niveau de la coordination motrice et augmente malheureusement considé­rablement le risque d'accident de voiture, ce que l'on déplore presque chaque samedi soir à la sortie des boîtes de nuit.

Fertilité, grossesse


La consommation régulière de joints, chez l'homme, contribue à une baisse de la fertilité. Pendant la grossesse, la consommation de cannabis risque d'entraver l'activité cérébrale du fœtus, retardant le développement du cerveau in utero avec les conséquences que l'on peut imaginer.

Cancer


Fumer du cannabis entraîne clairement une augmentation des risques de cancer.



2. Les vertus du cannabis ?




    Anxiété


    Il semble indiscutable que l'usage du cannabis apaise l'anxiété mais au prix de la dépendance, laquelle est nettement plus importante et surtout plus dangereuse que les médicaments qui, pourtant, ne sont pas dénués d'inconvénients. Le lecteur doit comprendre que des symptômes comme l'angoisse doivent être traités de manière psychologique, car l'organisme a ten­dance à devenir paresseux à force d'être soulagé par des produits chimiques, que ce soit l'alcool, le cannabis ou les tranquillisants, et n'imagine plus qu'il peut faire face avec ses propres moyens. C'est ce que l'on appelle la dépendance qui engendre la tolérance ou la nécessité d'augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets. De même que nous sommes capables de fabriquer nous­ mêmes des médicaments endogènes naturels semblables aux anxiolytiques tel le Lexomil, sauf qu'ils ne sont pas toxiques, de même notre corps se montre capable de synthétiser du cannabis. Alors, de grâce, plutôt que  de recourir  à la  chimie des plantes ou des laboratoires, apprenons ou réapprenons à les fabriquer nous-mêmes avec notre propre cerveau. C'est légal, agréable, facile et... sans danger!

    Douleur


    C'est peut-être le seul domaine où son usage thérapeutique peut être défendu. Il existe des recherches sur la douleur cancéreuse qui ont montré une efficacité dans des cas où les antalgiques conventionnels deviennent inefficaces. Et mal­heureusement, quand on en est à ce stade de la maladie, devenir dépendant du cannabis n'est pas vraiment un problème ! (2)

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référence cannabis

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(2) Le sujet du cannabis thérapeutique aurait mérité d'être davantage développé par Patrick Lemoine. Le retard pris par la France dans ce domaine révèle notre frilosité et notre manque de discernement. Immobilité sur l'épidémie inquiétante de consommation récréative, et immobilité , ou attitude suiveuse, en queue de peloton si ce n'est en voiture-balai, sur le cannabis thérapeutique. Internet regorge de cas de personnes en France qui n'en peuvent plus de souffrir et qu'un médicament cannabinoïde pourrait soulager.

3. Les hommes politiques devraient se tenir à jour

par Patrick Lemoine


Le débat récurrent lancé régulièrement par des politiques écolo-bobo-humanitaires et repris par des journalistes sociolo­giquement comparables est systématiquement biaisé par ce que les psychiatres appellent l'identification projective, un grand mot pour dire que souvent, quand nous pensons parler objec­tivement d'un sujet, nous ne faisons que projeter nos névroses ou notre histoire personnelles. Ces responsables ou soi-disant tels n'ont en général pas de formation scientifique et raisonnent sur des bases idéologiques, émotionnelles, électoralistes et, sur­tout, en fonction de leur propre expérience, laquelle est faussée car le joint de 68 n'a plus rien à voir avec le haschich actuel qui contient des quantités de drogues pouvant contenir jusqu'à 22 % de Tétrahydrocannabinol, le TCH, principe psychoactif du cannabis. Contre de 1 à 5 % au maximum en 68. Ces beaux esprits ont (un peu) fumé au cours de leur adolescence et ne voient pas où est le problème puisque pour eux, cela n'a pas eu de conséquences. Il serait bon de forcer ces beaux esprits à séjourner dans un service de jeunes schizophrènes afin qu'ils voient ce que cette maladie représente comme tragédie humaine, comme gâchis pour des ados et leurs familles, car la schizophrénie est un cyclone, un tsunami qui ruine des vies entières. Faire prendre ce genre de risque à des jeunes au nom de l'échec de la prohibition me semble profondément irresponsable et surtout... totalement stupide.

Peut-être au fond qu'en réalité le cannabis a eu chez eux plus d'effets néfastes qu'ils ne pensent !





ile de white 70
Années 70 : le concert de l'Île de White.

assemblée
Les mêmes, quarante ans plus tard.



Dernière édition par Neptune le 14/1/2019, 23:20, édité 3 fois

Sujets similaires

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4. Pour la légalisation du cannabis




par Pierre-Yves-Geoffard (3)


Désormais en place dans plusieurs états, la régulation pose des bases scientifiques permettant d’asseoir les bienfaits économiques et sanitaires d’une vente contrôlée par l’Etat.

Tant que, dans tous les États du monde, le cannabis faisait l’objet d’une prohibition générale, il était impossible d’observer la manière dont la consommation, la distribution et la production pouvaient s’organiser dans un cadre légal. Prédire l’impact de la légalisation sur la structuration du marché nécessitait d’extrapoler à partir de situations où la prohibition n’était mise en œuvre que de manière incomplète, et s’appuyait le plus souvent sur des arguments théoriques, nourris par l’expérience historique portant sur des produits similaires comme l’alcool ou le tabac. Certes, il était toujours possible d’étudier l’organisation du marché illicite, mais le caractère illégal du cannabis rendait de telles analyses imparfaites.

Cependant, depuis quelques années, de plus en plus de pays ou d’États se sont engagés dans des démarches de légalisation contrôlée, fournissant des terrains empiriques passionnants, investis par de nombreux chercheurs. Qui plus est, les modalités pratiques de mise en œuvre de la légalisation varient selon les pays, fournissant l’opportunité d’analyser l’impact de ces différentes modalités. Faut-il taxer en fonction du prix de vente, du poids ou de la teneur en principe actif du produit vendu ? Faut-il autoriser ou interdire l’intégration verticale de la production et de la distribution ? Comment prévenir la consommation excessive par certains usagers ? Quelle forme de régulation est la plus à même d’assécher le marché criminel ? Toutes ces questions, essentielles à la construction de politiques publiques plus efficaces, sont maintenant illustrées par des éléments empiriques de plus en plus fournis.

Les études les plus détaillées portent sur les nombreux États américains engagés dans la légalisation. Outre-Atlantique, le cannabis thérapeutique est autorisé dans 29 Etats, et l’usage récréatif est régulé dans 8 Etats. Et, après l’Uruguay il y a quelques années, c’est le Canada qui vient de lever l’interdiction au niveau fédéral.

Quelques leçons générales se dégagent de ces expériences. Le premier constat est celui d’une grande diversité des usages récréatifs : si la très grande majorité des consommateurs font un usage modéré du cannabis, certains peuvent toutefois avoir besoin d’une prise en charge médicale ou psychologique pour gérer une consommation excessive. Une telle prise en charge doit s’organiser, et même si l’approche en matière de santé publique est facilitée par le caractère devenu légal du produit, la prévention nécessite des efforts particuliers. L’analyse montre également que la légalisation n’entraîne pas d’augmentation des usages problématiques, ni de hausse de la consommation chez les plus jeunes. Au contraire, une étude récente montre que l’accès au cannabis récréatif réduit la consommation de médicaments antidouleurs à base d’opiacés, contribuant ainsi à lutter contre un désastre majeur de santé publique aux Etats-Unis.

Un autre article récent exploite des changements intervenus dans la taxation du cannabis dans l’Etat de Washington. Une taxe de 25 % s’appliquait à chaque échange «amont» de cannabis au sein de la chaîne de production ou de distribution ; cette taxe a été remplacée en juillet 2015 par une taxe unique de 37 % sur le produit final. A partir d’une observation très détaillée de données de prix et de qualité, les auteurs ont pu montrer que le premier type de taxe avait entraîné une intégration verticale de la filière. Ils ont pu également montrer que la demande répondait bien à des variations de prix, même si c’était avec une certaine inertie.

D’autres études ont montré que la vente de cannabis sous des formes «mangeables» (cookies, gâteaux, huile…) pouvait entraîner des problèmes de santé chez les consommateurs peu préparés ; d’autres encore que les Etats ayant légalisé le cannabis ont vu une forte baisse de la criminalité, les réseaux criminels orientant toutefois leur action vers une activité de contrebande à destination des Etats où la prohibition est encore en vigueur.

cannabis légalisation monde
La situation légale du cannabis dans le monde. Source : "Cannabis. La législation dans quelques pays en pointe", Ouest-France, 2016

Face à tous ces éléments illustrant l’impact des politiques de régulation, face aussi au mouvement qui s’amplifie de légalisation contrôlée à travers le monde, la France apparaît comme totalement à la traîne. On y discute de quoi ? Même pas de dépénaliser la consommation, mais de la «contraventionnaliser». Seuls les réseaux mafieux ont des raisons de se réjouir de cette absence d’ambition et de pragmatisme du gouvernement ; en revanche, la santé publique, les recettes fiscales, les créations d’emplois légaux… tout cela peut bien attendre.

18 février 2018


Lors du congrès de l'"Encéphale" (l'un des congrès majeurs de la psychiatrie française), un consensus sur la légalisation apparaît enfin chez nos psychiatres, dont certains ont résisté pendant des années à cette idée.

Il ne reste donc aujourd'hui pratiquement que des esprits conservateurs attardés pour militer contre la légalisation contrôlée du cannabis.

Source : Cannabis: faut-il légaliser pour mieux prévenir les risques? L’exemple américain

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cannabis légalisation

Source : Légaliser le cannabis, une bonne idée qui prend racine, Pierre-Yves Geoffard, Libération, 13 novembre 2017

(3) Pierre-Yves Geoffard est un économiste français spécialiste d'économie de la santé. Il est aussi Directeur de l'École d'économie de Paris, Directeur de recherche au CNRS et Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

Notre avis


Après avoir longtemps été opposés à la légalisation, nous penchons désormais pour la venté légale du cannabis à des personnes majeures et dans des officines spécialisées, à condition que les produits soient issus d'une filière contrôlée et de teneur limitée en THC notamment, et que d'autre part les taxes issues de cette vente soient intégralement destinées à lutter contre les réseaux de trafiquants. Aux arguments développés ici par P.Y. Geoffard, ajoutons que la légalisation doit s'accompagner de campagnes de prévention analogue à celles faites sur le tabac, en insistant sur les dangers d'une consommation par des personnes fragiles, sur la conduite de véhicules et sur les mélanges de produits psychoactifs.
Neptune



Cannabis légalisation europe
La situation légale du cannabis dans les pays d'Europe. Source : Globe-Trotting

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