Cannabis : nous ne sommes plus dans les années 70 !
Au risque de déplaire à une partie de "notre public", nous publions un excellent résumé de la situation, que nous fournissent deux personnalités incontestées qui expriment mieux que nous ne le ferions, et solides éléments à l'appui, ce que nous pensons, et qui peut paraître paradoxal : oui le cannabis est dangereux, mais c'est justement pour cela qu'il faut le légaliser, sous certaines conditions.
Sommaire
- 1. Les risques du cannabis (*)
- 2. Les vertus du cannabis ? (*)
- 3. Les hommes politiques devraient se tenir à jour (*)
- 4. Pour la légalisation du cannabis (**)
"Soigner sa tête sans médicaments... ou presque", Ed. Poche Marabout
(**) Source : Légaliser le cannabis, une bonne idée qui prend racine, Pierre-Yves Geoffard,
Libération, 13 novembre 2017
Mise en page et illustrations : Neptune
Patrick Lemoine est psychiatre, docteur en neurosciences et spécialiste du sommeil.
Il a publié de nombreux ouvrages consacrés au sommeil et à ses troubles, à l'anxiété et au sevrage des médicaments. On lui doit le réveil tardif mais réel de la France sur la question de la dépendance aux benzodiazépines, et leur relation avec le risque de maladie cérébrale dégénérative de type Alzheimer.
CannabisDepuis une quarantaine d'années (soit presque deux générations) l'usage « récréatif » du cannabis ne cesse de croitre régulièrement dans la population française, avec des âges d'initiation de plus en plus précoces chez les adolescents et même les préadolescents. Parallèlement à ce phénomène, il existe un véritable lobbying de type bobo et certains groupes de pression tendent à faire penser que le haschich peut avoir des vertus thérapeutiques et qu'il est beaucoup moins dangereux que le tabac. Qu'en est-il exactement ? Quels sont les risques engendrés par le chanvre indien et quelles pourraient être ses vertus ? 1. Les risques du cannabisCannabis et schizophrénieIl semble désormais établi que la consommation de haschich déclenche des processus psychotiques qui n'auraient probablement pas existé sans ce type de consommation. Cela concerne probablement les sujets dits vulnérables d'un point de vue génétique. Un usage précoce entraîne un plus grand risque puisque 10 % des adolescents ayant débuté leur consommation de cannabis dès l'âge de quinze ans ont présenté une schizophrénie (1) dans les dix ans qui ont suivi. Ils sont nettement moins nombreux quand la consommation ne débute qu'à 18 ans. (1) ndlr : l'étude à laquelle se réfère implicitement l'auteur précise qu'il s'agit de "psychose de type schizophrénique" et non d'une schizophrénie (ci-contre). Le chiffre cité par le Dr Patrick Lemoine, et vérifié, n'en demeure pas moins alarmant Cannabis et intelligenceIl est bien établi que les adolescents consommateurs réguliers de haschich deviennent moins intelligents que les autres une fois devenus adultes. La mémoire à court terme est d'ailleurs durablement et intensément perturbée chez l'adolescent qui consomme. L'usage du cannabis provoque évidemment des échecs scolaires, un arrêt des études... Heureusement,le cannabis ne crée pas d'altérations irréversibles. Dépendance, isolement, retrait socialPour les plus gros consommateurs. La ligne rouge est franchie quand ils se mettent à fumer seuls. Revenir au sommaire | Source : Robin Murray, PhD, jan 2015 "Appraising the Risks of Reefer Madness" Odds-ratio : facteur de multiplication du risque. Pour un risque normal de 2 %, un odd-ratio de 4,5 signifie un risque de 9 % si la consommation commence à 15 ans. | |
"La ligne rouge est franchie quand on se met à fumer seul" "10 % des adolescents ayant débuté leur consommation de cannabis dès l'âge de quinze ans ont présenté une psychose schizophrénique dans les dix ans qui ont suivi" | DépressionLa conséquence du retrait social, de la démotivation, de l'échec scolaire et professionnel est évidemment le syndrome dépressif que l'on voit régulièrement apparaître. EscaladeLa fréquentation des dealers nécessaire pour s'approvisionner augmente le risque de basculer dans des consommations de drogues plus dures. Coordination motriceLa consommation de cannabis, surtout quand elle est associée à l'alcool, entraîne de grosses perturbations au niveau de la coordination motrice et augmente malheureusement considérablement le risque d'accident de voiture, ce que l'on déplore presque chaque samedi soir à la sortie des boîtes de nuit. Fertilité, grossesseLa consommation régulière de joints, chez l'homme, contribue à une baisse de la fertilité. Pendant la grossesse, la consommation de cannabis risque d'entraver l'activité cérébrale du fœtus, retardant le développement du cerveau in utero avec les conséquences que l'on peut imaginer. CancerFumer du cannabis entraîne clairement une augmentation des risques de cancer. |
2. Les vertus du cannabis ?AnxiétéIl semble indiscutable que l'usage du cannabis apaise l'anxiété mais au prix de la dépendance, laquelle est nettement plus importante et surtout plus dangereuse que les médicaments qui, pourtant, ne sont pas dénués d'inconvénients. Le lecteur doit comprendre que des symptômes comme l'angoisse doivent être traités de manière psychologique, car l'organisme a tendance à devenir paresseux à force d'être soulagé par des produits chimiques, que ce soit l'alcool, le cannabis ou les tranquillisants, et n'imagine plus qu'il peut faire face avec ses propres moyens. C'est ce que l'on appelle la dépendance qui engendre la tolérance ou la nécessité d'augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets. De même que nous sommes capables de fabriquer nous mêmes des médicaments endogènes naturels semblables aux anxiolytiques tel le Lexomil, sauf qu'ils ne sont pas toxiques, de même notre corps se montre capable de synthétiser du cannabis. Alors, de grâce, plutôt que de recourir à la chimie des plantes ou des laboratoires, apprenons ou réapprenons à les fabriquer nous-mêmes avec notre propre cerveau. C'est légal, agréable, facile et... sans danger! DouleurC'est peut-être le seul domaine où son usage thérapeutique peut être défendu. Il existe des recherches sur la douleur cancéreuse qui ont montré une efficacité dans des cas où les antalgiques conventionnels deviennent inefficaces. Et malheureusement, quand on en est à ce stade de la maladie, devenir dépendant du cannabis n'est pas vraiment un problème ! (2) Revenir au sommaire | Rechercher "cannabis" sur Neptune (2) Le sujet du cannabis thérapeutique aurait mérité d'être davantage développé par Patrick Lemoine. Le retard pris par la France dans ce domaine révèle notre frilosité et notre manque de discernement. Immobilité sur l'épidémie inquiétante de consommation récréative, et immobilité , ou attitude suiveuse, en queue de peloton si ce n'est en voiture-balai, sur le cannabis thérapeutique. Internet regorge de cas de personnes en France qui n'en peuvent plus de souffrir et qu'un médicament cannabinoïde pourrait soulager. |