COMBATTRE LA SCHIZOPHRENIE AVEC LES STRATEGIES NUTRITIONNELLES ET LES MEGAVITAMINES DE LA PSYCHIATRIE ORTHOMOLECULAIRE
La schizophrénie est une maladie et un syndrome ayant des origines biochimiques, dont les effets typiques sont des troubles handicapants au niveau des perceptions et des pensées. La psychiatrie orthomoléculaire, une stratégie de traitement qui utilise des mégadoses de vitamine B3 et C en association avec une alimentation correcte, et aboutit à un taux de rétablissement de 90 % dans les cas aigus, et jusqu’à 50 % pour les patients chroniques. Ce guide écrit par le cofondateur de la thérapie orthomoléculaire donne une approche pas-à-pas afin que les patients et leur famille puissent tirer le meilleur bénéfice du traitement.
Traitement orthomoléculaire de la schizophrénie a un but uniquement d’information et d’éducation et non un conseil médical. Veuillez consulter un professionnel de santé si vous avez des questions sur votre santé.
Preface
Un bel après-midi de juin 1996, je participais à une fête donnée par un de mes patients pour l’obtention de son diplôme. Il venait d’obtenir la licence de psychologie de l’Université de Victoria et prévoyait de poursuivre un troisième cycle. (1)
Ce qui était remarquable dans le succès de ce jeune homme, c’est que quatre ans plus tôt, un psychiatre avait dit à sa famille :
- 1/ que jamais il n’irait bien
2/ qu'il ne réussirait jamais le baccalauréat
3/ qu'il n’arrêterait jamais les antipsychotiques.
Heureusement, ce patient m’a été adressé et a entrepris un régime orthomoléculaire. Aujourd’hui il va bien. Ma définition de « bien » pour un patient est qu’il n’a plus de symptômes, qu’il a de bonnes relations sociales et avec sa famille, et qu’il travaille ou se prépare à travailler. Accessoirement, j’ai fait économiser 2 millions de dollars au Canada, car c’est ce que coûte au pays la prise en charge de toute personne schizophrène développant la maladie, que la personne soit traitée pharmacologiquement ou non traitée, pendant les 40 années de vie qui suivent en général le déclenchement de la maladie.
Lors de la fête, mon patient me présenta sa cousine, une femme éduquée ayant un mastère en sociologie, qui avait enseigné et eu des postes avec responsabilités, mais qui était devenue schizophrène trois ans auparavant. Elle avait été traitée par électroconvulsiothérapie (ECT) et prenait du lithium, de la clozapine et du risperdal. Elle me murmura qu’au moins elle était débarrassée des voix, mais elle ne pouvait pas boire son café si quelqu’un ne lui tenait pas la main pour l’empêcher de trembler. Elle avait une dyskinésie tardive sévère, une réaction neuromusculaire handicapante qui cause des tremblements et des mouvements désordonnés de n’importe quel groupe musculaire. La médication qu’elle prenait la rendait obèse, enflée par du liquide depuis les chevilles jusqu’à la taille. Elle avait si peu d’énergie que sa participation de quelques heures à la fête l’obligerait à rester au lit pendant trois jours, selon sa mère dont la prédiction s’est avérée exacte. Inutile de dire que la jeune femme était démoralisée.
En décembre 1996, le jeune homme et ses parents vinrent me voir pour faire le point sur ses progrès. Il était à mi-parcours d’un cours de 3eme cycle, après lequel il prévoyait d’étudier encore. Il avait gagné en confiance et continuait d’aller bien. La famille me dit ensuite que la jeune femme que j’avais rencontré était devenue si malade après la fête qu’elle dut rester au lit plusieurs semaines. Toutefois, au bout de plusieurs mois elle demande à son psychiatre si elle pouvait suivre le même programme avec des mégadoses de vitamine B3 et vitamine C, comme son cousin. Le psychiatre, qui reconnaissait ne pas avoir réussi à l’aider pendant ses trois ans de travail avec elle, approuva le nouveau régime. Elle fut brièvement hospitalisée mais poursuivit le régime des vitamines et commença à aller mieux.
Ces deux cas représentent les deux modalités distinctes de traitement. Le traitement standard, psychotropes seuls, laissa les deux cousins gravement diminués et en nette dégradation. Au contraire, en utilisant le traitement orthomoléculaire, le jeune homme, un patient considéré par les psychiatres modernes comme terminal au sens où il ne se rétablirait jamais, s’est rétabli. Après quelques mois de traitement, la jeune femme était aussi en voie de rétablissement. S’ils n’avaient pas été traités par les moyens orthomoléculaires, ces patients n’auraient jamais pu avoir une vie normale. Quatre années de chimiothérapie par les antipsychotiques n’a eu de résultat pour aucun des deux, mais quelques mois de traitement orthomoléculaire ont provoqué des changements positifs importants et ont été une étape décisive de leur retour au bien-être.
Terminologie : évolution du terme « orthomoléculaire »
Le terme « orthomoléculaire » a été utilisé pour la première fois en 1968 par Linus Pauling (2) dans son article dans Sciences, « Psychiatrie orthomoléculaire ». Cette terminologie était une amélioration par rapport à l’étape précédente, de la médecine « moléculaire », apparue peu après qu’il démontra que la depranocytoce (ndt : sickle-cell anemia : depranocytose ou anémie à hématies falciformes) était une maladie moléculaire (3). Il montra qu’une anomalie génétique de la structure moléculaire de l’hémoglobine était responsable de sa tendance à se transformer en cellule malade, incapable de franchir les capillaires comme le font les cellules normales, sous certaines conditions. Le chemin parcouru entre les concepts de « moléculaire » et « orthomoléculaire » était immense selon Pauling, qui désormais suggérait que ces maladies moléculaires ne pouvaient être traitées efficacement qu’en utilisant des méthodes orthomoléculaires.
« Ortho » signifie « correct » ou « le meilleur ». Ceci implique que pour traiter ces maladies moléculaires correctement, on doit utiliser des molécules présentes dans l’organisme. Aucune déficience ne peut être traitée par autre chose que par ce qui comble cette déficience. L’excès d'une chose ne peut être traitée qu’en supprimant cet excès. Une enzyme déficiente ne peut être remplacée par aucun médicament. Les travaux de Pauling suggèrent qu’aucune maladie moléculaire – aucune maladie causée par quelque défaut dans les réactions biochimiques internes – ne sera soignée par l’utilisation de molécules xénobiotiques car, même si elles sont très bénéfiques ou très néfastes, leur utilité sera limitée. C’est la raison pour laquelle aucun des médicaments disponibles aujourd’hui n’a guéri la moindre maladie chronique.
L’histoire de la controverse des paradigmes « vitamines préventives » versus « vitamines de traitement »
La thérapie orthomoléculaire est née de la thérapie des mégavitamines, et c’est une des principales raisons de son rejet pendant si longtemps. Nous assistons à un affrontement majeur des paradigmes, une avancée par laquelle tout le domaine de la nutrition et de la médecine nutritionnelle se transforme à partir du paradigme accepté « vitamines préventives » vers le nouveau « vitamine de traitement ». Comme il est courant avec toutes les révolutions de paradigmes, les défenseurs de l’ancien n’aiment pas les promoteurs enthousiastes du nouveau, et vont utiliser chaque opportunité pour bloquer les nouvelles idées. Le nouveau finalement est accepté, mais cela peut prendre plus de quatre décennies avant que le nouveau paradigme soit fermement établi. L’histoire de la médecine orthomoléculaire est l’histoire de cette bataille des paradigmes.
Vitamines préventives
Le paradigme des vitamines préventives était très utile lorsqu’il apparut suite à l’observation du besoin de vitamines en petites quantités et pour seulement quelques maladies de déficience typiques. Ainsi, la vitamine B1 pour prévenir le beri-beri, la vitamine C pour prévenir le scorbut, et ainsi de suite. L’isolation de ces facteurs a reposé sur la provocation de ces maladies chez des animaux, puis la restauration de leur santé en leur donnant à nouveau ce qui avait été retiré de leur nourriture. Au début, ce paradigme a été vigoureusement combattu par l’establishment médical, mais il a finalement été accepté et est entré dans la pratique courante à depuis 1950. Les années 1935 à 1950 ont vu un florilège étonnant de pratiques et de théories utilisant ce paradigme, et menèrent à des mesures sanitaires publiques à grand échelle, qui incluaient l’ajout d’un peu de ces produits à notre nourriture : farine, jus de pomme, lait, etc.
Les principes de base de ce paradigme ont été solidement implémentés dans les politiques publiques, la pratique médicale, et l’utilisation populaire. Ils se limitaient aux idées ci-après, et il est bien connu par certains de nous dans la profession médicale qu’ils s’apparentent aux « Dix Commandements » pour le public. Précisément :
1. Tu n’utiliseras pas les vitamines pour traiter autre chose qu’une maladie de carence classique
2. Tu n’utiliseras pas les mégavitamines
3. Tu utiliseras les saintes « doses journalières autorisées » (RDAs – Recommended Daily Allowance)
Même si les RDA n’avaient pas été extensivement testées cliniquement pour prouver leur efficacité, la croyance dans l’utilité des RDA devint solidement implantée dans la communauté médicale. Comme dans toute église, le paradigme des vitamines préventives punissait sévèrement ces docteurs hérétiques qui refusaient d’obéir à ses commandements, et il leur en coûta leur licence de médecine.
Même lorsque ce paradigme se mettait en place, les graines de sa propre destruction ont commencé à germer. La pellagre chronique ne guérissait pas avec les RDAs de vitamine B3. Des mégadoses de 600mg/j furent souvent nécessaires pour obtenir un résultat.
En 1955, nous avons publié des données qui prouvent que la niacine diminuait les niveaux de cholesterol (5), un résultat confirmé peu après par la Clinique Mayo. Aujourd’hui, la niacine est reconnue comme l’une des substances les plus efficaces, valables et économiques pour diminuer le cholestérol LDL (low density lipoprotein) et élever le choléstérol HDL (high density lipoprotein). Notre résultat désobéissait aux deux commandements. Nous avons en effet prescrit des mégadoses de vitamines pour traiter un état qui n’était pas un déficit de vitamines. Ce résultat étonnant est considéré comme le point de départ du nouveau paradigme « vitamines de traitement ». Ainsi notre travail a provoqué une offensive majeure contre le paradigme « RDA ».
Vitamines de traitement
Le paradigme moderne, vitamines de traitement, considère que de nombreuses situations non considérées comme des maladies de carences en vitamines peuvent être traitées par des vitamines, et par des doses optimales et non par les doses arbitrairement basses des RDAs. Des maladies différentes, tout comme différents degrés de stress comme la grossesse ou l’allaitement, auront des spécifications d’optima différents. Nous devrions peut-être avoir des « ODA » (Optimum Disease Allowance – Autorisation optimale par maladie). Elles seraient des guides plus utiles mais demanderaient aussi une marge plus large de doses. Le traitement de la schizophrénie est un cas sur mesure car il est une maladie pour laquelle les mégadoses de vitamine B3 doivent être utilisées. Le traitement de maladies cardiaques par la vitamine E représente une autre de ces situations. En réalité il y a beaucoup de maladies qui ne sont pas des déficiences et qui répondent à la thérapie par mégavitamines, et qui peuvent être définies comme maladies de dépendance aux vitamines – celles pour lesquelles les patients ont besoin de plus grandes doses de vitamines s’ils veulent obtenir une santé optimale.
Heureusement, la médecine moderne accepte rapidement le nouveau paradigme ; malheureusement, la psychiatrie non. La psychiatrie moderne, séduite par les compagnies pharmaceutiques et ses marchandises, n’a que faire de la nutrition ni de la nourriture ; ils ne sont pas promus par de gigantesques budgets publicitaires, des conférences à but commercial, séances de formation, etc. Quand le traitement est déterminé par une mentalité de ce niveau, le seul résultat tiré des médicaments est l’échec à long terme du traitement de la maladie chronique, et un profit financier pour cette industrie, mais aucun bénéfice pour le patient. Nous ne devons pas oublier que le business du business est de faire de l’argent, mais le business de la médecine, c’est de guérir les malades.
(3) Pauling, L. "Orthomolecular Somatic and Psychiatric Medicine" Sonderdruck aus den Zeitschrift Vitalstoffe-Zivilsations krankeheiten 12: 3-5, 1968.
(4) Machlin, L. J. Introduction, Annals of the New York Academy of Sciences 669: 1-6, 1992.
(5) Altschul, R., Hoffer, A. and Stephen, J. D. "Influence of Nicotinic Acid on Serum Cholesterol in Man." Archives of Biochemistry and Biophysics 54 :5559, 1955.
Qu’est-ce que la schizophrénie ?
Les symptômes
La schizophrénie est un trouble mental qui provoque deux catégories principales de symptômes : les symptômes perceptifs et les troubles de la pensée. Les symptômes perceptifs affectent un ou plusieurs sens (i.e., illusions et hallucinations telles de des voix, des visions, et plus souvent, de subtiles distorsions du monde visuel). Les troubles de la pensée se réfèrent à l’incapacité à évaluer correctement le monde réel (i.e., pensées paranoïaques, idées de référence, de grandeur, etc.), de telle sorte que la personne en conclue que les changements perceptifs sont réels et peuvent ou ne peuvent pas agir sur eux correctement. Ainsi, si une personne entend une voix lui disant de brûler la maison de son voisin, et s’il ne réalise pas que la voix est créée par son propre cerveau, il peut en conclure que la voix doit venir de Dieu. S’il est une personne craignant Dieu, il obéira et brulera la maison. Les voisins seront totalement abasourdis parce que, bien qu’ils savent ce qu’il a fait, ils ne comprennent pas pourquoi. Ceci conduit à beaucoup de spéculations inutiles sur les motifs « réels ». Ainsi une jeune personne timide commet un crime odieux. Les voisins se rassemblent et disent qu’il était si calme, si gentil, si poli, mais réservé. Ils se demandent pourquoi ceci a pu se produire. Ils ne réalisent pas que la schizophrénie peut tellement déformer la personnalité de ses victimes que peu importe à quel point elles étaient normales, elles ne sont plus normales après que la maladie se soit déclenchée.
Brève histoire de la définition de la schizophrénie
L’histoire des définitions de la schizophrénie est intéressante et explique pourquoi il y a eu tant de confusion dans le diagnostic et autant de traitements inadéquats jusqu’à ce jour.
La schizophrénie a été décrite pour la première fois il y a environ 200 ans. Vers 1900 elle était appelée « démence précoce », terme remplacé plus tard par « schizophrénie », qui signifie une séparation : un schisme entre la pensée et le ressenti. Ce concept a été interprété pour signifier qu’il y avait une double personnalité. Toutefois, l’idée de la séparation était incorrecte. La seule séparation était celle qui séparait les patients des familles et de la communauté. Les définitions ont changé. En Angleterre jusqu’en 1900, la schizophrénie était définie comme une maladie des perceptions combinée à une incapacité de dire si ces changements de perceptions étaient réels ou pas. L’ouvrage de J. Conolly, Indications of Insanity (6), donne la description la meilleure et la plus précise de cette maladie. Après 1900, le Dr E. Bleuler (7) sema la confusion en mettant en avant le trouble de la pensée, reléguant les changements perceptifs au second plan. C’est devenu la définition standard d’aujourd’hui et c’est l’une des raisons du diagnostic confus généralisé : la schizophrénie a été confondue avec le trouble maniaco-dépressif (bipolaire) et, plus récemment, avec le trouble de la personnalité borderline (BPD). Si une telle confusion de diagnostic pouvait être éliminée, un diagnostic plus rapide pourrait être possible et le résultat des traitements s’améliorerait significativement.
Aux États-Unis, toutefois, le diagnostic de la schizophrénie a été plus précis lors des 20 à 30 dernières années et a inclus les deux ensembles de symptômes. Mais finalement, les psychiatres anglais ont convaincu les américains qu’ils étaient trop libres et négligents dans leurs diagnostics et demandèrent à ce que l’Association Américaine de Psychiatrie restreigne le diagnostic de schizophrénie aux patients détériorés. Toutes ce qui était labellisé auparavant schizophrénie devait à présent être classifié comme maniaco-dépressif ou l’un des nombreux nouveaux diagnostics inventés par le génie créatif du manuel de diagnostic de l’APA, dont la version la plus récente est le DSM-IV (8 ).
Comment le diagnostic impacte le traitement
A un moment donné, le diagnostic détermine quel traitement il faudrait. Les maniaco-dépressifs étaient traités au lithium, les schizophrènes étaient traités avec un ou plusieurs antipsychotiques. Aujourd’hui, la médecine moderne essaye d’éliminer toute trace de la schizophrénie. Ce biais est tel que si les médecins détectent un signe apparent de trouble de l’humeur, le patient est promptement redéfini maniaco-dépressif et soumis au lithium et si les patients ont un changement prononcé de personnalité, ils sont promptement déclarés intraitables et sont éloignés. Le diagnostic n’est pas plus important que cela, puisque le traitement sera le même : n’importe lequel dans la panoplie des antipsychotiques et/ou antidépresseurs, psychothérapie, et peut-être pour quelques chanceux, un peu de soutien apporté sur de longues années.
Mon approche du diagnostic et du traitement
J’utilise la définition de Conolly dans le diagnostic (6). Conolly a défini la maladie comme un trouble de perception combiné à l’inaptitude à déterminer le fait que les changements de perception sont faux. La schizophrénie existe quand les symptômes perceptifs sont présents, combinés à des troubles de la pensée comme décrit ci-dessus. A moins que les patients vous disent quels sont leurs troubles perceptifs et vous parlent de leurs réactions face à ces troubles, il sera impossible d’expliquer leur comportement.
Pour illustrer ceci, il y a de nombreuses années un homme d’église était admis à l’hôpital psychiatrique car il a été surpris à agir de manière inappropriée, poursuivant une jeune fille dans la rue principale d’une grande ville. Il a été très décontenancé lorsqu’il fut forcé de venir à l’hôpital. Quand je l’ai examiné et lui ai demandé ce qu’il avait fait, il me dit qu’alors qu’il marchait en ville en fin d’après-midi il vit soudain le paradis ouvert et une grande lumière, de laquelle il entendit Dieu lui dire « Vous avez la syphilis. Vous devez avoir des rapports avec une jeune vierge. ». Il reçut ce commandement comme un ordre de Dieu et se mit docilement à poursuivre la jeune fille. Ses expériences visuelles et auditives étaient les hallucinations. Sa certitude que les mots venaient de Dieu étaient son délire, et son comportement était le résultat de la combinaison de ces deux ensembles de symptômes. Il fut l’un des premiers patients que nous avons traités par la niacine. Il se rétablit durablement, et parvint à une fonction élevée dans l’église.
Les tests de diagnostic de la schizophrénie
Ces symptômes sont en général facilement révélés par des questions directes. Il existe deux tests de diagnostic particulièrement utiles et valables : le HOD – Hoffer Osmond Diagnostic (9 10 11), et l’Experiential World Inventory d’El Megili et Osmond (12) qui est plus avancé et précis mais qui prend plus de temps à exécuter et interpréter. La description de Conolly de la schizophrénie est donnée dans notre livre "Comment vivre avec la schizophrénie".
Le test de l’Hoffer Osmond Diagnostic (HOD) comprend 145 cartes, chacune contenant une phrase côté face et un nombre au dos. Les questions sont conçues pour que le testeur ait une vue du monde expérientiel de la personne testée. Le sujet doit lire chaque carte et la placer dans une catégorie vrai ou faux – un procédé qui prend, en moyenne, entre 10 et 20 minutes. Les cartes sont notées par leur numéro dans une feuille de score. Le profil qui résulte des scores est évalué en utilisant des modèles, ou plus récemment via un programme informatique. Du fait que la base de ces questions est l’expérience schizophrénique, il n’est pas surprenant que les patients schizophrènes aient des scores bien plus élevés que les patients non schizophrènes ou ordinaires. J’ai utilisé ce teste pendant 35 ans, comme l’ont fait d’autres médecins. Les psychiatres et psychologues préfèrent utiliser le MMPI (Minesotta Multiphasic Inventory), un test qui, selon moi, est sans utilité pour le diagnostic de la plupart des cas de schizophrénie. Il est intéressant que de nombreux chiropracteurs utilisent avec habileté le test HOD maintenant.
(7) Bleuler, Eugene. Dementia Praecox or the Group of Schizophrenias, 1911. Translated by J. Zinkin, New York: International Universities Press, 1950.
(8 ) American Psychiatric Association. Diagnostic Criteria from DSM-IV
Washington, D.C., 1994.
(9) Hoffer, A. and Osmond, H. "A Card Sorting Test Helpful in Making Psychiatric Diagnosis." Journal of Neuropsychiatry 2: 30&-330, 1961.
(10) Hoffer, A., Kelm H., and Osmond, H. The Hoffer-Osmond Diagnostic Test. Huntington, New York: R. E. Krieger, 1975.
(11) Hoffer Osmond Diagnostic Test Web Page http://www.islandnet. com Members Mall, Health and Medicine. Soft Tech. Ent., 1997.
(12) El Meligi, A. M. and Osmond, H. Experiential World Inventory. Manual for the Clinical Use of. New York: Mens Sana Publishing, 1970. Available from R Mullaly, Intuition Press, P.O. Box 404, Keene, N.H. 03431.
La schizophrénie en tant que syndrome
En ayant seulement décrit la schizophrénie comme une maladie, je me hâte d’ajouter que c’est, en fait, non pas une maladie, mais un groupe de maladies : un syndrome. Plusieurs facteurs mènent à une constellation de perturbations sensorielles et de troubles des pensées. Quelques-uns de ces facteurs sont :
1. Les allergies connues comme allergies cérébrales
2. Les dépendances à la vitamine B-3 et B-6
3. Les déficiences en vitamines comme le scorbut ou le pellagre
4. Les déficiences en acides gras essentiels
5. Les déficiences minérales, comme la déficience en zinc
6. Les intoxications, par exemple au plomb ou aux médicaments
7. Le LSD en les hallucinogènes similaires
8. Les infections comme les rhumatismes articulaires aigus, la syphillis et beaucoup d’autres
Examinons les deux premières : les réactions allergiques alimentaires, et les dépendances aux vitamines.
Allergies alimentaires
Aussi évident que cela paraisse, il doit être affirmé sans équivoque qu’il est essentiel de déterminer quelle est la cause du syndrome. Environ la moitié des patients chroniques ont des allergies à un ou plusieurs aliments. Si le patient est schizophrène à cause d’une consommation quotidienne de lait, lui administrer des antipsychotiques permettra de contrôler certains des symptômes mais cette personne ne répondra pas à une monothérapie aux vitamines. Il n’y aura aucune guérison, jusqu’à ce que les produits laitiers soient retirés de l’alimentation.
Allergies cérébrales et dépendances à la vitamine (B3 et B6) : l’hypothèse de l’adrénochrome dans la schizophrénie
(13 14 15 16)Les facteurs de cause peuvent conduire à la schizophrénie, mais tous les cas doivent avoir une voie finale commune, responsable des changements perceptifs et du trouble de la pensée. Mon hypothèse est que la réaction à l’adrenochrome est cette voie finale commune. Ainsi, une allergie cérébrale, ou n’importe laquelle des autres causes, va déclencher la réaction adrénochrome.
L’utilisation de méga doses de vitamine B3 et de vitamine C n’était pas un hasard : elle était issue de l’hypothèse adrénochrome que mes deux collègues et moi-même ont publiée pour la première fois en 1954. Cette hypothèse peut être exprimée par les réactions suivantes :
2. Adrénaline + oxygène => Adrénochrome
Auparavant, Osmond et Smythies avaient suggéré (17) qu’une substance liée à l’adrénaline avec les propriétés psychotropes de la mescaline, l’une des drogues hallucinogènes, pourrait être présente dans l’organisme d’une personne schizophrène. C’était la première hypothèse de transméthylation en psychiatrie. La transméthylation est une réaction qui transfère un groupe methyl (ndt : CH3) d’une substance à une autre. La réaction 1. est un exemple de transméthylation.
Ensuite nous avons concentré nos recherches sur l’adrénochrome. C’est la premier dérivé d’oxydation de l’adrénaline. La réaction 2. est une réaction d’oxydation facilement visible lorsqu’une solution d’adrénaline pure est exposée à l’air : elle vire au violet, puis se décolore et vire au gris ou au noir. Les premières recherches que j’ai dirigées à Saskatchewan ont mis en lumière cette observation très utile. Nous avons fait l’hypothèse que la schizophrénie est une des maladies d’oxydation-réduction, c’est-à-dire, qu’elle résulte d’une formation excessive de radicaux libres (hyperoxydation) et d’une concentration trop faible d’antioxydants. De ce fait, le traitement doit essayer de diminuer l’hyperoxydation et d’augmenter la concentration d’antioxydants. Nous avons testé l’acide ascorbique, mais il y a eu peu de tests d’autres antioxydants comme la vitamine E, les carotenoïdes, le glutathione, l’acide urique et le sélénium.
Avec en 1954 une subvention conséquente sur 6 ans de la Fondation Rockefeller pour poursuivre et étendre nos recherches dans cette direction, nous avons montré que l’adrénochrome est un hallucinogène qui pourrait être produit par l’organisme, et avons prouvé notre hypothèse, bien que notre travail ait été ignoré pendant de nombreuses années. Aujourd’hui non seulement nous savons qu’il est présent dans l’organisme, mais nous avons en outre des méthodes pour le mesurer précisément. L’hypothèse de l’adrénochrome a été mise en évidence par une série d’excellentes publications de John Smythies (18 19 20 21 22).
La schizophrénie est un trouble biochimique très complexe mettant en jeu le tryptophane, la vitamine B3, la vitamine B6, l’acide ascorbique, l’acide folique, la vitamine B12, les acides gras essentiels (EFAs), le zinc, et des substances produits par l’organisme comme l’adrénaline et les autres catécholamines, sérotonine, prostaglandine, et beaucoup d’autres. Mais je pense que l’adrénochrome et substances similaires jouent un rôle majeur dans le point terminal de la maladie, au niveau synaptique dans le cerveau.
L’hypothèse de l’adrénochrome rend compte d’un grand nombre des découvertes physiques et psychologiques chez les patients schizophrènes. Nous les décrivons dans notre livre « Les hallucinogènes » (23). Un à-côté intéressant, est le fait que la persistance de la schizophrénie dans toutes les populations humaines prouve que c’est un morphisme génétique. Cela veut dire que bien qu’il n’y ait pas d’avantage à souffrir de la schizophrénie, il y a un avantage à en porter les gènes : en avoir suffisamment sans en devenir malade. Les parents au premier degré en sont un exemple dans le sens Darwinien de supériorité biologique, ils sont reproductivement gagnants. Les schizophrènes eux-mêmes tendent à être psychiquement supérieurs aux non schizophrènes (24) et ont une allure plus jeune (même à un âge avancé) ; leurs cheveux ne blanchissent pas aussi vite que ceux de la population ordinaire ; ils ont une résistance meilleure à la douleur ; ils ont une moindre incidence d’arthrite ou de cancer ; ils sont plus résistants aux infections bactériennes. Ils semblent aussi plus créatifs, un trait psychologique dû peut-être à leur expérience innée des changements perceptifs.
Nous pensions que nous pourrions traiter efficacement les personnes schizophrènes en ralentissant le processus de transformation de l’adrénaline en adrénochrome. Nous pensions que nous pourrions ralentir la formation d’adrénaline depuis la noradrénaline, un récepteur de méthyl, en utilisant de larges doses d’un autre récepteur de méthyl, la vitamine B3. La noradrénaline devient l’adrénaline par addition d’un groupe méthyl. En diminuant la quantité d’adrénaline on diminuerait par conséquent la quantité d’adrénochrome. Nous avons donc décidé de donner à nos patients des doses importantes de cette vitamine, en espérant que cela absorberait les groupes methyl et ainsi arrêterait la formation excessive d’adrénaline. Nous savions aussi que la pellagre était un état similaire à la schizophrénie et que dans ses stades précoces ne pouvait souvent pas être distingué de la schizophrénie. La vitamine B3 était sure, avec un LD énorme (50) (ndt : LD : Level od Disease, seuil de toxicité) chez les animaux, à peu près 4 grammes par kilo de masse corporelle. Pour une personne de 70 kilos ceci correspond à une demi livre (ndt : environ 250 grammes) par jour.
(14) Hoffer, A. "Adrenochrome and Adrenolutin and Their Relationship to Mental Disease." Psychotropic Drugs, eds. S. Garattini and V. Ghetti, London: Elsevier Press, 1 20, 1957.
(15) Hoffer, A. "The Adrenochrome Hypothesis of Schizophrenia Revisited." Journal of Orthomolecular Psychiatry 10: 9118, 1981.
(16) Hoffer, A. and Osmond, H. "The Adrenochrome Hypothesis and Psychiatry." Journal of Orthomolecular Medicine 5: 32-45,1990.
(17) Osmond, H. and Smythies, Journal of "Schizophrenia: A New Approach." Journal of Mental Science 98: 309-320, 1952.
(18) Smythies, J. "On the Function of Neuromelanin." Proceedings of the Royal Society (London) B 263: 491-496, 1996.
(19) Smythies, J. "The Role of Ascorbate in Brain: Therapeutic Implications." Journal of the Royal Society of Medicine 89: 241, 1996.
(20) Smythies, J. "Disturbances of One-carbon Metabolism in Neuropsychiatric Disorders: A Review." Biological Psychiatry 41: 23233, 1997.
(21) Smythies, J. "Oxidative Reactions and Schizophrenia: A Review discussion: Schizophrenia Research 24: 356--364, 1997.
(22) Smythies, J. "Hallucinogenic Drugs." In Encyclopedia of Neuro science. In press, 1997.
La première fois que j’ai utilisé les méga doses de vitamine C au début des années 1950, j’ai constaté un effet thérapeutique remarquable. Une femme d’âge moyen avec un cancer du sein fut admise dans notre service psychiatrique. L’ouverture de son opération s’était infectée, suppurait et ne se cicatrisait pas. En même temps elle devint psychotique. Son diagnostic psychiatrique était la schizophrénie et son psychiatre décida d’une électroconvulsiothérapie (ECT) pour la semaine suivante. C’était avant que les antipsychotiques soient disponibles, et l’ECT était le seul traitement disponible. Pour des raisons dont je ne me souviens pas, j’ai décidé de lui donner une méga dose de vitamine C, peut-être 3 grammes chaque jour, et demanda à son psychiatre s’il pouvait reporter l’ECT de quelques semaines pour me permettre de tester la vitamine C. Il fut d’accord pour reporter l’ECT de quelques jours. Je demandai alors qu’on lui donne 1 gramme de vitamine C toute les heures, nuit et jour. Si elle dormait, la vitamine C était mise de côté, et lorsqu’elle se réveillait, on lui donnait ce qu’elle n’avait pas pris pendant son sommeil. Entre le samedi matin et le lundi matin suivant elle prit donc 45 grammes. Lorsque le psychiatre vint pour la soumettre à l’ECT, il la trouva mentalement normale, et elle fut renvoyée à domicile une semaine plus tard sans ECT. A ma grande surprise, la masse ulcérée sur sa poitrine avait commencé à se résorber, avec un tissu granulé frais. Bien qu’elle mourût six mois plus tard de son cancer, elle resta mentalement normale. Je n’étais pas un chercheur sur le cancer du sein, et n’ai pas suivi en particulier ce type de cas jusqu’à de nombreuses années plus tard, mais j’étais impressionné par l’effet de la vitamine sur sa psychose et par la suite, ai prescrit la vitamine C au plus grand nombre possible de patients.
L’hypothèse adrénochrome décrit l’agent final commun de cette maladie, mais la schizophrénie peut être déclenchée par nombre de situations. Il est probable que chacun des facteurs que j’ai énumérés précédemment en tant que liste des causes, active l’agent adrénochrome. Pour cette raison, le meilleur traitement doit éliminer les facteurs de cause, et en même temps neutraliser l’agent adrénochrome. Notre ouvrage, Les hallucinogènes (23), fournit une description complète de l’hypothèse adrénochrome et de la façon dont elle rend compte des phénomènes cliniques relevés dans la schizophrénie.
Le régime thérapeutique(25 26 27 28 29)
Le régime thérapeutique comprend plusieurs nutriments et médicaments qui doivent être ajoutés aux recommandations diététiques données au patient. Ce régime est simple et tout praticien peut le prescrire, même un praticien qui n’a pas accès aux laboratoires pour certains des tests disponibles auourd’hui.
Ce régime n’est pas nécessairement suivi par tous les praticiens orthomoléculaires ; toutefois un praticien orthomoléculaire suivra les principes sous-jacents lorsqu’il utilisera différentes combinaisons d’aliments et de médicaments pour obtenir les réponses voulues.
Comment le médecin peut effectuer un pré-diagnostic
L’importance du diagnostic est telle, que la première étape du traitement est de déterminer le diagnostic le plus probable. Je m’intéresse à l’histoire de la maladie donc j’écoute les patients et les membres de leur famille, en les guidant avec les bonnes questions. Je ne pose pas de manière routinière les questions sur les facteurs psychodynamiques habituellement recherchés par les analystes et les psychothérapeutes. Après l’histoire, je passe beaucoup de temps à évaluer tous les domaines de l’état mental en incluant les changements perceptifs, les troubles de la pensée, les changements d’humeur et de comportement. C’est l’aspect le plus important du diagnostic puisqu’il détermine quel traitement il y aura. Je peux utiliser l’un des deux tests perceptifs de diagnostic décrits précédemment. Une fois que je suis raisonnablement certain du diagnostic, j’avise le patient et sa famille de celui-ci. Si c’est la schizophrénie, je lui dis que ce n’est pas un trouble mental mais un trouble biochimique, qui s’exprime par des symptômes mentaux. La schizophrénie n’est pas causée par un traumatisme, l’anxiété ou des évènements de l’enfance, même si ces facteurs peuvent influencer la maladie. Elle est causée par des facteurs génétiques inconnus tout autant que par d’autres facteurs étiologiques décrits précédemment, qui influencent la biochimie et font générer au corps des toxines, ou une chimie qui agit négativement sur le cerveau. J’expose mes recommandations pour un régime thérapeutique et estime combien de temps cela prendra pour qu’ils soient sensiblement améliorés ou pleinement rétablis. J’envoie un compte-rendu de cette consultation au médecin référent.
La recherche des causes nutritionnelles
(30 31 32 33)Les allergies cérébrales
Recueillir l’histoire nutritionnelle complète est une partie cruciale de l’examen. Je questionne sur les allergies alimentaires et comment elles se sont exprimées en début de vie, comme des coliques infantiles, maux de gorge ou rhumes fréquents, végétations et amygdales, éruptions cutanées, grippes, asthme, et ainsi de suite. Si l’histoire suggère qu’une allergie alimentaire est présente, j’explore les préférences alimentaires du patient. Les aliments préférés sont en général ceux auxquels le patient est allergique. Si des allergies alimentaires sont suspectées, je vais suggérer des régimes tels que des diètes d’élimination et des diètes de rotation conçues pour trouver ce que sont ces allergies. Une diète d’élimination dure plusieurs semaines et élimine l’aliment qui peut être responsable de la réaction allergique. S’il y a une amélioration notable à la fin de cette période, cet aliment est réintroduit et s’il provoque un retour des symptômes, nous pouvons diagnostiquer le facteur alimentaire. Dans un régime de rotation on alterne chaque jour les aliments. Il y a des régimes de 4, 5 ou de 7 jours. Avec le régime de 7 jours le même aliment est consommé tous les 7 jours. Je trouve très utile le régime de jeûne à l’eau de 4 jours, une catégorie spéciale de régime d’élimination puisqu’il élimine tous les aliments. Sur une durée de plusieurs années j’ai fait jeûner plus de 200 de mes patients schizophrènes.
Quelques cas notables mettant en jeu des allergies cérébrales
Les trois premiers patients furent les plus mémorables, parce que l’effet obtenu par la suppression des allergènes fautifs a été renversant. Deux sœurs vinrent me voir en 1970, l’une habitait à Saskatoon, l’autre venait de Toronto. La sœur de Toronto avait été malade pendant trois ans et avait vécu trois hospitalisations en psychiatrie pendant cette période. Elle était très paranoïaque, suspectait son mari de l’empoisonner, et, terrorisée, s’envola rejoindre sa sœur à Saskatoon pour échapper à son mari. Cette femme était clairement schizophrène mais je ne pouvais pas la faire admettre à l’hôpital local dans lequel j’avais mes entrées, donc j’ai proposé qu’elle est sa sœur suivent un jeûne à l’eau de 4 jours. J’étais familiarisé jusque-là au concept de l’allergie cérébrale mais ne savais pas franchement si un tel jeûne pourrait aider le patient. En fait je pensais plutôt improbable qu’elle y réponde et espérais juste gagner un peu de temps jusqu’à ce qu’un lit d’hôpital se libère. Sa sœur promit d’aider. Je demandai à la patiente de commencer le jeûne le lendemain en se passant du petit déjeuner. Elle allait ne rien manger pendant 4 jours, mais devait boire au moins 8 verres d’eau chaque jour. Les deux femmes furent guidées sur la manière de réintroduire les aliments un par un dans le régime du patient et elles allaient tester quatre aliments différents chaque jour. Chaque aliment qui ne produisait aucun symptôme paranoïaque ou autre pouvait être ajouté au régime. Elle acheva le jeûne et commença à tester les aliments, mais aucun d’eux n’était l’aliment néfaste. Elle continua d’être bien. Elle s’était rétablie au cinquième jour, appela son mari à Toronto et lui dit quelque chose comme « Chéri, je suis si désolée d’avoir été si folle. Puis-je revenir à la maison ? ». Alors qu’elle continuait le processus de test des aliments, elle fut prise de douleur à la hanche et prit un cachet d’aspirine. En quelques heures elle était redevenue paranoïaque. La situation de cette femme était un exemple probant d’une allergie à l’aspirine causant son syndrome schizophrénique. J’appris alors qu’elle avait souffert de la douleur à la hanche pendant plus de deux ans et avait utilisé de l’aspirine tout ce temps, même lorsqu’elle était hospitalisée. Comme j’avais demandé à ce qu’aucun médicament ne soit pris pendant le jeûne, elle n’avait pas pris l’aspirine. Quelque jours plus tard, rétablie, elle s’envola pour rentre chez elle à Toronto.
L’autre patient était un homme d’âge moyen qui avait été dépressif pendant au moins quatre ans. Il avait été soigné pour schizophrénie dans un hôpital psychiatrique pendant plusieurs mois. Sa femme l’avait quitté parce qu’elle ne pouvait plus supporter son comportement bizarre. Après sa sortie, une tante s’était occupée de lui. J’essayai le jeûne à l’eau de 4 jours et lui demandai de ne pas fumer et de ne prendre aucun médicament. Je cherchais en fait des patients pour lesquels ce régime ne fonctionnerait pas ! Mais, comme pour le patient précédent, ses symptômes s’estompèrent et il ne trouva pas d’aliment qui déclenche un nouvel épisode dépressif. Il recommença à fumer une semaine après avoir fini le jeûne. Sa dépression revint aussitôt. Il arrêta de fumer à nouveau et fut bien. Un mois après le traitement, il était capable de retourner au travail comme principal d’un lycée. La compagnie d’assurance qui l’avait indemnisé envoya un représentant de Vancouver à Saskatoon pour comprendre ce qui s’était passé pour que cet homme se rétablisse aussi vite. L’ironie du sort était que son frère était directeur dans une compagnie de tabac et lui avait fourni des cartons de cigarettes gratuitement.
Le troisième cas était une jeune femme catatonique, qui était si raide et tendue qu’elle ne pouvait pas marcher. Je l’ai d’abord examinée à domicile et ai vite appelé une ambulance pour l’emmener à l’hôpital. Toutefois elle n’a pas répondu à mon régime alimentaire. Comme j’avais suivi de près à cette époque la visite du Dr Allan Cott à Moscou, où il avait observé le traitement par le jeûne pour les patients schizophrènes chroniques (34), je demandai à ma patiente si elle voulait essayer le protocole russe. Elle accepta. Incroyablement, elle était redevenue normale après le 5eme jour. Mais comme je ne connaissais pas encore le concept de l’allergie, je continuai le jeûne jusqu’au bout, et comme elle était toujours bien à ce moment, j’ai commencé à réintroduire la nourriture. En quelques jours elle redevint malade. Je ne pouvais pas la faire jeûner de nouveau sur le champ parce qu’elle avait perdu beaucoup de poids. Je la gardai à l’hôpital jusqu’à ce qu’elle ait regagné assez de poids et la fit jeûner à nouveau, mais cette fois pour seulement 5 jours. Elle se rétablit à nouveau. J’ai alors découvert qu’elle était allergique à toutes les viandes. Quand elle évitait la viande elle était normale et le restait. Son cas est illustratif d’une allergie sévère à la protéine animale.
Ces trois exemples étaient si renversants que j’ai commencé à faire jeûner les patients qui ne s’étaient pas rétablis ou qui ne répondaient que partiellement. Le jeûne fut proposé à environ 200 patients. Seulement 10 % furent mis au jeûne dans l’hôpital. Sur le groupe total, environ 60 % étaient allergiques à des aliments et quand on éliminait ces aliments, ils allaient mieux ou se devenaient normaux. En conséquence, j’en suis venu à croire que l’allergie cérébrale joue un rôle majeur dans l’étiologie du syndrome de schizophrénie. J’ai amélioré mes capacités à détecter les allergies potentielles dans les vingt dernières années, et donc j’ai fait jeûner très peu de patients durant cette période. Les régimes d’élimination sont suffisamment efficaces pour découvrir les substances responsables et sont plus faciles à gérer pour les patients. Mais même lorsqu’il n’y a pas d’allergie je conseille l’élimination de toute « junk food », en particulier celles qui contiennent des sucres ajoutés. Cette étape va effectivement purifier la plupart des régimes modernes d’environ 90 %. Les aliments qui contiennent des sucres ajoutés contiennent invariablement d’autres additifs.
(24) Huxley, J., Mayr, E., Osmond, H. and Hoffer, A. "Schizophrenia as a Genetic Morphism." Nature 204: 220-221, 1964.
(25) Hoffer, A. Orthomolecular Medicine for Physicians. Los Angeles, CA: Keats Publishing, 1989.
(26) Hoffer, A. Vitamin B-3 and Schizophrenia: Discovery, Recovery, Controversy Kingston, ON: Quarry Press, 1997, in press.
(27) Kunin R. A. Mega Nutrition. The New Prescription for Maximum Health, Energy and Longevity. New York: McGraw Hill, 1980.
(28 ) Cott, A., with J. Agel and E. Boe. Dr Cott's Help for Your Learning Disabled Child: The Orthomolecular Treatment. New York: Times Books, 1985.
(29) Holford, P. Mental Health. The Nutrition Connection: How to Enhance Your Mental Performance and Emotional Well Being. On the other side: Pfeiffer, C. How to Beat Depression, Anxiety and Schizophrenia. London: Ion Press, 1996.
(30) Hoffer, A. and Walker, M. Orthomolecular Nutrition. Los Angeles, CA: Keats Publishing, 1978.
(31) Hoffer, A. and Walker, M. Putting It All Together: The New Orthomolecular Nutrition. Los Angeles, CA: Keats Publishing, 1996.
(32) Hoffer, A. and Walker, M. Smart Nutrients-A Guide to Nutrients That Can Prevent and Reverse Senility. Garden City Park, NY: Avery Publishing Group, 1994.
(33) Hoffer, A. Hoffer's Law of Natural Nutrition. Kingston, ON: Quarry Press, 1996.
(34) Cott, A., "Controlled Fasting Treatment of Schizophrenia in USSR." Schizophrenia 3: 2-10, 1971.