Je reviens d'un long voyage
Candide au pays des schizophrènes
"Un grand homme est celui qui ne perd pas son coeur d'enfant". Stéphane Cognon semble avoir fait sien cet antique proverbe chinois.
On le croit en effet candide, et même enfantin, en lisant les souvenirs de ses longues années de schizophrénie. Stéphane Cognon est pourtant tout le contraire d'un candide : poète, tout en finesse, il fait passer des messages très précis qu'il faut deviner entre ces lignes toutes empreintes de modestie et de simplicité. Avec un style léger, direct et agréable, Stéphane aime l'autre comme il a appris à s'aimer lui-même et à être aimé. Comme si des années de souffrance et un bonheur enfin trouvé lui avaient donné la sagesse de ne point médire.
Il fait partie de ceux qui ont eu la chance de trouver l'oreille et le verbe d'une psychiatre attentive, non condescendante, sachant le "recadrer" sans abuser d'autorité, et l'ayant patiemment aidé à revenir de ce long voyage.
Woody Allen s'invite, ainsi qu'un florilège de personnages, dans ce beau récit. "Whatever works" – du moment que ça fonctionne – est l'un de ses films. C'est ainsi que l'on pourrait décrire ce parcours fait d'observation, d'acceptation – et le choix des traitements, des contraintes. Ce choix est le sien et il est respectable. Nous souhaitons à tous de trouver comme Stéphane les soutiens qui lui ont permis de voir la sortie du long tunnel, de choisir sa voie, et de devenir l'homme sage et heureux qui a écrit cette petite merveille.
Merci Candide !