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Benzodiazépines - anxiolytiques, hypnotiques : effets secondaires à long terme après le sevrage

Par Neptune 

le 15/04/2014 

0 lectures

Chapitre 6 - Effets secondaires à long terme après le sevrage



Source: Méthode du Pr Ashton, actualisée par Neptune


Une minorité de personnes sevrée des benzodiazépines semblent souffrir d'effets à long terme, appelés symptômes prolongés qui ne disparaissent pas au bout de quelques mois, voire même quelques années. On estime que peut-être entre 10 et 15 pour cent de consommateurs à long terme d'une benzodiazépine développent "un syndrome post-sevrage". Plusieurs d'entre eux ont absorbé des benzodiazépines pendant 20 ans ou plus et quelques-uns ont connu des mauvaises expériences de sevrage. L'incidence de symptômes prolongés chez ceux qui ont suivi une diminution progressive sous leur propre contrôle est certainement beaucoup plus basse.

Le Tableau 3 (ci-dessous) indique les symptômes qui peuvent durer. Ils comprennent l'anxiété, l'insomnie, la dépression, les symptômes variés sensoriels et les symptômes moteurs, les dérangements gastro-intestinaux ainsi qu'une mémoire et une cognition défaillantes. Les raisons pour lesquelles ces symptômes persistent chez certaines personnes ne sont pas encore claires. Il est fort probable que beaucoup de facteurs y soient impliqués, certains liés directement à la drogue et d'autres indirectement ou encore ne sont que des effets secondaires (Voir le Tableau 4 ci-dessous).


TABLEAU 3. LES SYMPTÔMES PROLONGÉS DU SEVRAGE D'UNE BENZODIAZÉPINE



Symptômes


Evolution habituelle


AnxiétéDiminue progressivement au bout d'un an
DépressionPeut durer quelques mois et réagit bien aux antidépresseurs
InsomnieDiminue progressivement sur une période allant de 6 à 12 mois
Symptômes sensoriels : Acouphène, picotement, engourdissement, douleur profonde ou sensation de brûlure dans les membres, sensation de tremblement ou de vibration intérieure, sensations cutanées bizarresDiminuent progressivement mais peuvent durer au moins un an, voire parfois plusieurs années
Symptômes moteurs : douleur musculaire, faiblesse, crampes douloureuses, convulsions, sursauts, spasmes, crises de tremblementDiminuent progressivement mais peuvent durer au moins un an, voire parfois plusieurs années
Mémorisation et cognition faiblesDiminuent progressivement mais peuvent durer au moins un an, voire parfois plusieurs années
Symptômes gastro-intestinauxDiminuent progressivement mais peuvent durer au moins un an, voire parfois plusieurs années


L'anxiété


    L'anxiété qui persiste après une phase aiguë du sevrage peut être due en partie à un défaut d'apprentissage causé par les benzodiazépines. Les benzodiazépines diminuent l'apprentissage de nouvelles habilités y compris celles qui concernent les stratégies de gestion du stress. De telles habilités évoluent normalement sans cesse depuis l'enfance jusqu'à l'âge mûr ou plus tard, au fur et à mesure que les expériences de la vie s'accumulent. Leur développement peut être bloqué pendant une période allant jusqu'à plusieurs années durant lesquelles on a utilisé des benzodiazépines. Après le sevrage, l'ex-consommateur est laissé dans un état vulnérable avec une habileté diminuée à faire face aux situations difficiles. Une guérison complète peut demander plusieurs mois d'apprentissage de nouvelles stratégies de gestion du stress pour compenser le manque durant les années ou elles furent altérées par les benzodiazépines.

    Deuxièmement, le sevrage d'une benzodiazépine peut faire surgir des problèmes graves qui jusque-là n'avaient jamais été pleinement résolus. Par exemple, les troubles de la mémoire causées par les benzodiazépines peuvent empêcher la résolution normale d'un stress personnel vécu lors d'un décès ou d'un accident. De telles expériences partiellement oubliées ou éloignées peuvent ressurgir après le sevrage et faire prolonger à la fois l'anxiété et la dépression. Il n'est pas rare pour un veuf ou une veuve de s'être vu prescrire des benzodiazépines au moment du décès du conjoint, d'avoir à vivre pour la première fois, le processus du deuil après le sevrage, même si l'enterrement a eu lieu des années auparavant.

    Un troisième facteur peut apparaître chez des individus qui ont connu des expériences effrayantes durant le sevrage. Ce n'est pas rare pour ceux qui ont connu un sevrage rapide sans aucune explication adéquate, souvent en milieu hospitalier ou dans des centres de désintoxication, mais aussi parfois chez eux quand leur médecin a cessé toutes prescriptions. De telles personnes peuvent développer des malaises dus au syndrome de stress post-traumatique (ESPT) au cours desquels leurs expériences sont constamment revécues comme des retours en arrière ou des cauchemars et, par conséquent, prolongent l'anxiété.

    Nos articles sur la mémoire traumatique, appliqués aux cas de viol et violences sexuelles, s'appliquent bien à tout traumatisme profond et non "résolu" (voir "Viol et violences sexuelles : traumatisme, thérapies, prévention"). Nous recommandons une prise en charge de la même nature, pour toutes séquelles relatives à un traumatisme profond quel qu'il soit.  

    De plus, beaucoup de consommateurs à long terme de benzodiazépines, bien qu'ils n'y soient absolument pour rien, sont des personnes fortement tendues, ayant très peu d'estime de soi et dont les problèmes d'anxiété les ont amenées à se faire prescrire tout d'abord des benzodiazépines et par la suite à cause de leur anxiété continuelle, a amené le médecin à leur en prescrire continuellement. Cela peut prendre plus de temps pour ces personnes à retrouver ou à atteindre une entière confiance en elles.

    Malgré ces facteurs, les symptômes prolongés d'anxiété, y compris l'agoraphobie et les attaques de panique, ont tendance à diminuer progressivement et ne durent rarement pas plus d'une année. Le processus peut être amélioré grâce à un bon appui psychologique et par les mesures décrites sous le paragraphe traitant des symptômes aigus d'anxiété. Croyez-le ou non, certaines personnes ont plus de confiance en elle après un sevrage qu'avant l'utilisation des benzodiazépines.


La dépression


    La dépression peut être causée ou aggravée par l'absorption chronique d'une benzodiazépine mais elle est aussi une caractéristique du syndrome de sevrage. Les symptômes dépressifs peuvent apparaître pour la première fois après un sevrage, parfois au bout d'un délai de quelques semaines et ils peuvent être sévères et prolongés durant des mois. On ne sait pas encore si les personnes qui ont fait une dépression antérieurement ou quand les dépressions sont courantes dans leur famille sont plus sujettes à cette complication et les causes de la dépression sont encore inconnues. Comme nous l'avons discuté dans les chpitre 1 et 2, les benzodiazépines dérangent la fonction de nombreux neurotransmetteurs et hormones et la dépression peut en être le résultat, comme par exemple, celui d'une activité faible de la sérotonine combinée au stress du sevrage.

    Si elle s'avère assez sévère pour nécessiter un traitement, la dépression réagit en général aux antidépresseurs avec ou sans thérapie cognitive, et diminue habituellement régulièrement sur une période allant de 6 à 12 mois.


Insomnie


    Le manque de sommeil accompagne communément l'anxiété et la dépression. Dans l'anxiété, il y a typiquement une difficulté à s'endormir tandis que dans la dépression les réveils matinaux tout comme ceux de la nuit s'avèrent fréquents. L'insomnie est aussi commune au symptôme aigu de sevrage et est accompagnée de cauchemars et de d'autres troubles du sommeil.

    De temps en temps, l'insomnie accompagnée ou non du syndrome des jambes sans repos ou avec sursauts musculaires ou les deux persiste comme un symptôme isolé et peut durer plusieurs mois, alors que les autres ont disparu.

    Cependant, il faut rassurer les insomniaques qu'un sommeil régulier et suffisant revient pour tous. Il existe des mécanismes naturels puissants dans notre corps qui s'assurent que le cerveau ne deviendra pas gravement privé de sommeil.


Troubles sensoriels et moteurs


    Il ne fait aucun doute qu'après le sevrage d'une benzodiazépine, le système nerveux est extrêmement sensible à tous stimuli sensoriels et moteurs. Habituellement, tout se calme en quelques semaines mais des sensations étranges peuvent persister occasionnellement.

    L'un des symptômes sensoriel le plus perturbant est l'acouphène, soit un son de cloche ou un sifflement constant dans les oreilles lequel a été remarqué lors de plusieurs études sur le sevrage d'une benzodiazépine. Une femme a décrit son acouphène comme étant "une aiguille du son" strident, perçant profondément sa tête. L'acouphène est souvent accompagné d'un degré de perte de l'ouïe et il n'est pas rare de rencontrer des personnes souffrant d'une surdité partielle nerveuse, n'ayant jamais absorbé de benzodiazépines. Néanmoins, l'acouphène fait souvent sa première apparition lors du sevrage d'une benzodiazépine chez des individus qui ont subi une perte de l'ouïe depuis des années. Elle peut être unilatérale ou localisée de façon précise, même pour ceux qui présentent une surdité bilatérale symétrique. Il se peut que les personnes qui ont absorbé une benzodiazépine à long terme soient particulièrement sujettes à l'acouphène et, si c'est vrai, cela reste à prouver. Cet acouphène peut durer plusieurs années et ne réagit pas nécessairement aux traitements habituels réservés à l'acouphène (masques etc.); il n'est pas plus soulagé par la reprise d'une benzodiazépine. Cependant, tous les gens qui ont un problème persistant après un sevrage devraient consulter un spécialiste des oreilles et auront peut-être la chance de trouver une clinique spécialisée pour ce symptôme.

    Un nombre de sensations corporelles déplaisantes peut persister après un sevrage comme le picotement, l'engourdissement ou des douleurs sur le torse, le visage, les membres et les doigts. Elles peuvent être accompagnées par des sensations de brûlure ou par des douleurs aux muscles ou aux os qui semblent profondes. D'autres personnes se plaignent d'un "tremblement interne" ou d'une sorte de vibration alors que d'autres décrivent des sensations bizarres comme si de l'eau ou un liquide visqueux coulait le long de leur corps ou encore les contorsions d'un reptile sur leur crâne. Les symptômes moteurs qui peuvent persister comprennent la tension musculaire, la faiblesse, les crampes, les sursauts, les spasmes et les crises de tremblements.

    Bien que les symptômes décrits ci-dessus soient souvent aggravés par le stress, ils ne sont en aucun cas simplement dus à l'anxiété. Ils semblent indiquer un mauvais fonctionnement du parcours moteur et sensoriel au niveau de la moelle épinière ou de la moelle épinière et du cerveau. Un indice possible de leur mécanisme fut trouvée lors d'une expérience avec un flumazénil (Anexate, Romazicon) qui est un récepteur de benzodiazépine antagonique, publié par Lader et Morton (Journal de la Psychopharmacologie 1992, 6 357-63). Cette drogue, lorsqu'elle est injectée par voie intraveineuse, a apporté un soulagement rapide des symptômes prolongés post-sevrage (tension musculaire, engourdissement, faiblesse, crampes ou sursauts musculaires, brûlure, tremblements) qui étaient présents, chez 11 patients, sur une période de 5 à 42 mois. Les symptômes se sont améliorés de 27 à 82% et le plus fort résultat s'est vu chez les patients qui avaient le plus bas niveau d'anxiété. Il n'y a eu aucune réaction suite aux infusions de solution saline.

    On pense que le flumazénil agit en améliorant les récepteurs GABA/benzodiazépines (voir au Chapitre I) de manière à ce qu'ils deviennent plus réceptifs aux actions inhibitrices des GABA. Les résultats indiquent que les symptômes prolongés sont causés par l'échec des récepteurs à revenir à leur état normal après être devenus insensibles au GABA, dû au développement de la tolérance (voir Chapitre I). La réaction au flumazénil démontre aussi que les benzodiazépines peuvent causer des effets pharmacologiques qui durent plus longtemps que ce que l'on croyait auparavant.

    Malheureusement, le flumazénil ne présente pas actuellement une cure pratique pour les symptômes prolongés. La drogue doit être administrée par voie intraveineuse et son temps d'action est si court que l'apaisement des symptômes est seulement temporaire. La drogue ne peut pas être absorbée par une personne qui utilise des benzodiazépines car elle précipite une réaction aiguë de sevrage. Cependant, bien que ces symptômes sensoriels et moteurs prolongés puissent parfois sembler devenir permanents, en fait, leur sévérité décroît au fil des années, même sans l'aide du flumazénil et ainsi ne signifient donc pas la présence d'une maladie neurologique majeure.

    De tels symptômes peuvent être apaisés partiellement grâce à des techniques de relaxation, quelques systèmes moteurs et sensoriels peuvent être aidés par la carbamazépine (Tégrétol) et d'autres symptômes moteurs peuvent être aidés par le propranolol (Indéral).


Mémoire et cognition défaillantes


    Bien que l'on sache que les benzodiazépines affaiblissent la mémoire ainsi que certaines fonctions cognitives, en particulier la capacité de concentration, des consommateurs à long terme se plaignent d'une perte continuelle et ce, de façon persistante, des habilités intellectuelles après un sevrage. Plusieurs études à ce sujet ont démontré que l'amélioration est très lente. Les plus longues études thérapeutiques s'étendent seulement sur une période de 6 mois après le sevrage. Une détérioration cognitive, bien qu'elle se soit améliorée lentement, a persisté au moins pendant cette durée et n'était pas du tout reliée à des niveaux d'anxiété (Tata et al. Psychological Medicine 1994, 24, 203-213).

    Ces résultats ont amené cette question au sujet d'éventuel dommage que peuvent causer les benzodiazépines sur la structure du cerveau. Comme l'alcool, les benzodiazépines sont des graisses solubles et sont assimilées par les membranes graisseuses (les lipides) des cellules du cerveau. On a mentionné que leur utilisation s'étalant sur une période de plusieurs années pouvait causer des changements physiques tels qu'un rétrécissement du cortex cérébral, comme cela a été prouvé chez des alcooliques chroniques, et, que de telles transformations peuvent être seulement partiellement réversibles après un sevrage. Cependant, malgré plusieurs études faites sur les scanographes tomographiques (CT), on a conclu qu'aucun signe d'atrophie encéphalique n'avaient été décelé de manière concluante chez les consommateurs à dose thérapeutique et, même chez ceux qui en absorbaient une forte dose, les résultats n'ont guère été concluants. Il est possible que les benzodiazépines puissent causer des changements subtils lesquels ne peuvent pas être détectés par les méthodes actuelles, mais d'après les données disponibles, il n'y a aucune raison de penser que de tels changements soient permanents.


Les symptômes gastro-intestinaux


    Les symptômes gastro-intestinaux peuvent se prolonger après un sevrage, habituellement chez les individus qui avaient, dans le passé, des troubles digestifs. De telles personnes peuvent apparemment développer une intolérance à certains aliments, bien que des tests d'allergie sérieux à ces aliments (ex: les anticorps contre les composants d'un aliment spécifique) sont pour la plupart du temps toujours négatifs. Néanmoins, beaucoup de malades pensent qu'ils ont un trouble du système immunitaire ou bien qu'ils ont le candida. À présent, il n'existe aucune évidence scientifique claire sur ces sujets, bien que, comme nous l'ayons mentionné auparavant, les récepteurs des benzodiazépines sont présents dans les intestins et que l'usage ou le sevrage d'une benzodiazépine peut affecter les réactions immunitaires. Il existe des preuves qu'une hyperventilation chronique provoque une libération d'histamine (une substance libérée lors des réactions allergiques) et que l'incidence à l'intolérance ainsi que les réactions "pseudo-allergiques" seraient chroniquement élevées chez les hyperventilés. Des conseils diététiques, respiratoires ainsi que dans le cas d'infections de type candida sont donnés dans les livres écrits par Shirley Trickett dont les références sont indiquées à la fin de ce chapitre. Il est en général contre-indiqué de se maintenir à un régime d'exclusion stricte; en suivant un régime équilibré et normal et en prenant des mesures saines d'hygiène de vie comprenant une activité physique régulière, les symptômes gastro-intestinaux dus au sevrage, devraient diminuer progressivement.


Vivre avec des symptômes de sevrage prolongés


    Plusieurs personnes ont mentionné leur peur que certains symptômes puissent être permanents, dont elles ne guériraient pas complètement, surtout des symptômes associés au fonctionnement cognitif comme la mémoire et le raisonnement en plus des autres problèmes comme la douleur musculaire et les problèmes gastro-intestinaux.

    Vous pouvez être rassuré(e). Tout tend à prouver que les symptômes diminuent régulièrement presque toujours après le sevrage même si parfois une période assez longue peut être nécessaire, voire plusieurs années dans certains cas. La majorité des gens voient une diminution marquée avec le temps, habituellement loin des symptômes endurés au début du sevrage et qui vont presque tous disparaître. Toutes les études démontrent une grande amélioration dans les fonctions cognitives et tous les symptômes physiques. Même si les études n'ont pas dépassé une année, les résultats suggèrent une amélioration continue. Il n'y a absolument aucune évidence qui démontre que les benzodiazépines peuvent causer des dommages permanents au cerveau, au système nerveux ou à tout notre organisme.

    Les gens qui doivent endurer des symptômes prolongés peuvent s'aider en prenant soin d'eux. Par exemple, ils peuvent:

    • Faire de l'exercice physique : l'exercice physique améliore la circulation sanguine par tout l'organisme, incluant le cerveau. Il faut trouver ce que l'on aime, commencer doucement et augmenter au fur et à mesure que l'on s'améliore. De plus, il faut s'exercer régulièrement car l'amélioration de tout notre organisme aide à combattre la dépression, à diminuer la fatigue et à obtenir une meilleure forme physique.
    • Activer son cerveau : il faut utiliser son cerveau en appliquant des méthodes qui améliorent l'efficacité de celui-ci: faire des listes, faire des mots croisés, et surtout trouver ce qui nous dérange le plus car nous pouvons toujours améliorer une situation dérangeante temporairement. Cette manière de fonctionner permet de compenser les manques cognitifs temporaires.
    • Stimuler son intérêt : chercher à apprendre quelque chose de nouveau qui oblige le cerveau à travailler en augmentant la motivation et l'intérêt pour autre chose tout en vous distrayant de vos symptômes.  
    • Se calmer : il faut surtout éviter de s'en faire. S'inquiéter, avoir peur et être nerveux augmente les symptômes de sevrage. Plusieurs de ces symptômes sont dus à l'anxiété seulement et non à des problèmes au cerveau ou du système nerveux. Les gens qui ont peur du sevrage ont parfois une plus grande intensité de symptômes que ceux pour qui le sevrage se vit au fur et à mesure des jours sans s'en faire et qui ont confiance dans leur guérison.


Les benzodiazépines et leur temps résiduel dans l'organisme après un sevrage


    Les individus présentant des symptômes prolongés posent souvent cette question. Est-il possible qu'une des causes des symptômes prolongés soit le fait que les benzodiazépines restent dans le système après plusieurs mois, cachées peut-être dans des tissus tels que ceux du cerveau et des os ? Une élimination lente provenant de ces sites maintiendrait-elle la continuation des symptômes de sevrage ?

    Comme c'est le cas pour beaucoup d'autres inconnues concernant les benzodiazépines, les réponses à ces questions sont encore incertaines. Les concentrations sanguines de benzodiazépine ont été mesurées et ont indiquées qu'elles atteignaient des niveaux indétectables 3 ou 4 semaines après la cessation de leur utilisation chez des individus sevrés pour des doses cliniques. Il est difficile d'obtenir de l'information sur les concentrations de benzodiazépines au niveau du cerveau ainsi que dans les autres tissus, en particuliers chez les humains. Nous sommes certains que les benzodiazépines pénètrent le cerveau et aussi qu'elles se dissolvent dans tous les tissus graisseux (contenant des lipides) y compris les dépôts dans tout notre corps. Il est possible qu'elles se cachent dans de tels tissus pendant une certaine période de temps et qu'elles soient devenues indétectables au niveau sanguin. Cependant, la plupart des tissus du corps sont en équilibre avec le sang, qui les alimente sans cesse et il n'existe aucun mécanisme qui indiquerait, que les benzodiazépines seraient "bloquées" dans les tissus tels que ceux du cerveau. Il n'existe aucune donnée sur combien de temps les benzodiazépines restent dans les os, lesquels ont une concentration de graisse plus faible mais aussi un cours plus lent de recouvrement cellulaire.

    Néanmoins, la concentration en benzodiazépines, restant dans les tissus de l'organisme après un sevrage, doit être très faible, autrement, les drogues se retrouveraient à nouveau dans le sang en quantités perceptibles. Il est difficile d'imaginer que de telles concentrations seraient suffisantes pour provoquer des effets cliniques ou encore que des effets directs puissent durer pendant des mois, voire des années. Cependant, il n'est pas concevable que même des concentrations faibles soient assez effectives pour empêcher le retour à l'état pré-benzodiazépine normal des récepteurs de GABA/benzodiazépine dans le cerveau. Si c'est le cas, les récepteurs pourraient continuer à être résistants aux actions de nature calmante des GABA (voir le Chapitre 1) et l'effet serait de prolonger l'état d'hyperexcitabilité du système nerveux. Les facteurs possibles qui contribuent aux symptômes prolongés sont indiqués dans le Tableau 4.


TABLEAU 4. LES CAUSES PROBABLES DES SYMPTÔMES PROLONGÉS DU SEVRAGE D'UNE BENZODIAZÉPINE



Causes possibles


Effets


1. Le manque de stratégies de gestion du stress bloqués durant l'usage des benzodiazépines apparaît lors du sevrageAnxiété, vulnérabilité au stress
2. Altération de la mémoire causé par les benzodiazépines qui empêchent la résolution des conflits normaux lesquels ressurgissent en période de sevrageAnxiété, dépression
3. Expériences traumatisantes vécues lors d'un sevrage précédentTroubles du stress post-traumatiques
4. (?) Changements biochimiques causés par les benzodiazépines (sérotonine, norépinéphrine [noradrénaline], hormones de stress)Dépression
5. Hyperexcitabilité du système nerveux due aux changements constants qui se produisent dans les récepteurs de GABA/benzodiazépineSymptômes sensoriels et moteurs, anxiété, insomnie
6. (?) Dommage structurel ou fonctionnel au niveau des tissus du cerveauTrouble de mémoire, perception
7. (?) Dommages au niveau du système intestinal et immunitaireSymptômes gastro-intestinaux
8. (?) Rétention prolongée des benzodiazépines dans les tissus de l'organismeHyperexcitabilité prolongée du système nerveux

LECTURES SUPPLÉMENTAIRES



    •Ashton, H. (1994) Benzodiazepine withdrawal: unfinished story. British Medical Journal 288,135-40.
    •Ashton, H. (1991) Protracted withdrawal syndromes from benzodiazepines. Journal of Substance Abuse Treatment 8,19-28.
    •Ashton, H. (1995) Protracted withdrawal from benzodiazepines: The post-withdrawal syndrome. Psychiatric Annals 25,174-9.
    •Ashton, H. (1994) The treatment of benzodiazepine dependence. Addiction 89,1535-41.
    •Trickett, S. (1998) Coming Off Tranquillisers, Sleeping Pills and Antidepressants. Thorsons, London.
    •Trickett, S. (1994) Coping with Candida. Sheldon Press, London 1994.
    •Tyrer, P. (1986) How to Stop Taking Tranquillisers. Sheldon Press, London.

La méthode Ashton pour réussir à se sevrer des benzodiazépines - Sommaire et introduction - Neptune
La méthode Ashton pour réussir à se sevrer des benzodiazépines - introduction


Utilité, fonctionnement, liste des benzodiazépines
Chapitre 1 - Les benzodiazépines : indications, liste des produits, fonctionnement


Test - ma dépendance aux benzodiazépines
Chapitre 1bis - Test - ma dépendance aux benzodiazépines


Effets néfastes et indésirables des benzodiazépines
Chapitre 2 - Effets indésirables des benzodiazépines


Sevrage brutal des benzodiazépines
Chapitre 3 - Le danger de se sevrer brutalement


Préparation du sevrage des benzodiazépines
Chapitre 4 - Préparer son sevrage


Effets indésirables possibles du sevrage lent des Benzodiazépines
Chapitre 5 - Effets secondaires pendant le sevrage


Effets à long terme du sevrage aux Benzodiazépines
Chapitre 6 - Effets à long terme après le sevrage





Voir aussi


Statistiques de consommation des benzodiazépines en France de 2002 à 2017




Dernière édition par Neptune le 26/2/2018, 14:50, édité 7 fois

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Bravo c'est bien écrit, c'est clair, c'est bien présenté !

et aussi cela nous donne des explications et de l'espoir pour la suite...  Smile 

je le relirais plus tard pour mieux comprendre
ayant encore et toujours des insomnies !
ce texte peut m'être utile pour analyser les choses et patienter...

Neptune

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