Neptune - Information, recherche, entraide, action - 'maladies' psy - Forum
Le Deal du moment :
Enceinte portable JBL Clip 4 Bluetooth Noir à ...
Voir le deal
29 €

Benzodiazépines - anxiolytiques, hypnotiques : préparer son sevrage

Par Neptune 

le 11/04/2014 

0 lectures

Chapitre IV - Préparer son sevrage aux benzodiazépines



Source : méthode Heather Ashton, 2002, actualisée et adaptée par Neptune



I. Avant de commencer le sevrage


Une fois que vous avez pris votre décision, vous devez prendre des précautions avant de commencer le processus de sevrage.


I.1. Consultez votre médecin


Votre médecin doit, dans l'écrasante majorité des cas, approuver votre décision. La contre-indication du sevrage n'est valable que dans un très petit nombre des cas.

Certains médecins, particulièrement aux États-Unis, croient que l'absorption des benzodiazépines à long terme est nécessaire pour combattre des formes d'anxiété, de panique, de phobie ainsi que certains cas psychiques. Cependant, les avis médicaux diffèrent souvent et même si un sevrage complet n'est pas conseillé, il est bénéfique de réduire la dose ou d'absorber de façon intermittente des benzodiazépines.

En France, l'avis de l'Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM) est clair sur cette question depuis 2013.

Mais, par inertie ou par facilité, encore beaucoup trop de médecins généralistes, et même de psychiatres, continuent à ignorer la recommandation sur la durée limite de prescription, et ne conseillent pas suffisamment les patients sur cette question. Certains généralistes refusent directement de prescrire désormais des anxiolytiques, et se déchargent de ce travail sur les psychiatres. Ces derniers ont tendance à considérer que les anxiolytiques sont des produits "de confort", "peu dangereux", et habituent hélas leurs patients à une consommation régulière.

L'accord et la coopération de votre médecin sont indispensables puisqu'il sera celui qui vous prescrira le médicament. Beaucoup de médecins ne connaissent pas le sevrage des benzodiazépines et hésitent à en prendre la responsabilité. D'autres cessent brutalement de vous les prescrire après des mois de consommation, montrant leur ignorance des effets du sevrage brutal.

Vous pouvez rassurer votre médecin en lui affirmant que vous avez l'intention de prendre en charge votre programme de sevrage et que vous procéderez selon le rythme qui vous conviendra afin d'atteindre un niveau confortable, bien que vous preniez en considération ses conseils au besoin. Il est important pour vous que vous preniez le contrôle de votre programme. Ne laissez pas votre médecin vous imposer une date limite. Conservez la liberté de procéder au fur et à mesure que vous avancez.

C'est une bonne idée de formuler un programme de dosage pour les étapes initiales (voir Programmes de sevrage lent) et en donner une copie à votre médecin. Vous aurez probablement besoin de mentionner l'importance de la flexibilité de manière à ce que la dose prescrite puisse être modifiée en tout temps. Il y aura peut-être même des circonstances où vous aurez besoin de cesser temporairement le sevrage rendu à une certaine étape. La reprise du programme ajusté peut se poursuivre plus tard quand vous serez prêt et votre médecin pourra continuer à vous prescrire la dose en accord avec le nouveau plan. (Tout ceci est expliqué un peu plus loin)

Finalement, votre médecin pourrait apprécier recevoir aussi de la documentation sur le sevrage d'une benzodiazépine comme par exemple les articles mentionnés sous la rubrique Lectures Supplémentaires plus approfondies situées à la fin des différents chapitres.

I.2. Assurez-vous d'avoir un appui psychologique adéquat


Cet appui vous sera donné par votre époux ou épouse, votre partenaire et ami, par votre famille ou par un ami proche. Si vous avez la chance d'avoir un médecin compréhensif, il sera peut-être celui qui vous pourra vous aider et vous conseiller. L'idéal est que votre mentor soit une personne familière avec le sevrage d'une benzodiazépine ou qui soit prête à lire et à apprendre sur ce sujet. Il n'est pas nécessaire que ce soit quelqu'un qui soit passé par cette expérience. Parfois les anciens consommateurs ont connu une mauvaise expérience et pourraient faire peur en exposant leurs propres symptômes. Souvent l'aide d'un psychologue, d'un conseiller expérimenté ou de tout autre thérapeute est précieuse plus particulièrement pour l'enseignement des techniques de relaxation, d'exercices respiratoires profonds ou encore comment réagir lorsqu'une crise de panique survient, etc.

Certaines personnes utilisent des techniques alternatives telles que l'aromathérapie, l'acupuncture ou le yoga bien que nous (ndlr: le Pr Ashton, ainsi que Neptune) croyions que celles-ci n'agissent en fait que comme aide à la relaxation. D'après l'expérience du Pr Ashton, l'hypnose n'a pas été efficace chez les usagers à long terme. Des techniques de relaxation sont décrites dans le Chapitre 5.

Plutôt que d'employer des thérapies coûteuses, vous aurez besoin d'une personne sur laquelle vous pouvez compter et qui vous encouragera fréquemment et régulièrement, sur une longue période, à la fois pendant le sevrage et pendant les mois suivants. Des groupes d'aides bénévoles et les groupes d'entraide sont extrêmement précieux. Ils sont généralement dirigés par des personnes qui sont passées par le sevrage et par conséquent comprennent le temps et la patience requise et qui peuvent aussi offrir de l'information au sujet du sevrage des benzodiazépines. C'est encourageant de savoir que vous n'êtes pas seul et qu'il existe un grand nombre de personnes qui ont des problèmes similaires. Cependant, ne pensez pas que vous aurez tous les symptômes décrits par ici ou d'autres. Chacun est différent et certaines personnes, avec le bon programme et un support adéquat ne connaissent aucun symptôme malencontreux. En fait plusieurs personnes ont réussi à s'en sortir toute seule sans aide extérieure.

I.3. Ayez un état d'esprit ouvert


    Ayez confiance en vous
    Vous pouvez le faire. Si vous en doutez, essayez pendant quelques jours de réduire d'une petite dose. Par exemple, essayez de réduire votre dose quotidienne d'un dixième ou d'un huitième; vous pouvez peut-être réaliser ceci en ne prenant que la moitié ou le quart de votre comprimé. Vous réaliserez qu'il n'y a aucune différence ou presque. Si toutefois vous êtes toujours dans le doute, visez d'abord une réduction de votre dose plutôt que l'arrêt brusque. Une fois commencée, vous souhaiterez probablement continuer.

    Soyez patient(e)
    Il est nécessaire d'aller doucement dans votre programme de sevrage. Votre corps et votre cerveau peuvent avoir besoin d'un réajustement après des années d'absorption de benzodiazépines. Pour beaucoup de personnes, une période d'un an ou plus est requise pour achever le sevrage. Donc ne vous pressez pas et surtout n'essayez pas d'arrêter brusquement.

    Choisissez votre propre voie
    N'espérez pas un "résultat rapide".
    Il est possible que vous soyez admis dans un hôpital ou un centre spécialisé pour désintoxication. Une telle approche comprend habituellement un sevrage généralement rapide mais sécuritaire sur le plan médical et peut exiger un appui psychologique. De tels centres peuvent être appropriés pour une minorité de personnes ayant des problèmes psychologiques.
    Cependant, ils éliminent souvent le contrôle du sevrage du patient et le retour à l'utilisation de la benzodiazépine est commun lors du retour en milieu familier causé par le manque de temps nécessaire au patient pour l'apprentissage des méthodes alternatives de gestion du stress.
    La méthode lente de sevrage effectuée dans votre environnement donne assez de temps aux ajustements physiques et psychologiques, vous permet de poursuivre une vie normale et d'adapter vos étapes de sevrage selon votre style de vie, et enfin crée des stratégies alternatives qui vous permettent de vivre sans les benzodiazépines.


II. Le sevrage



II.1. Diminution progressive du dosage


Il n'y a absolument aucun doute que pour se sevrer de l'absorption à long terme des benzodiazépines on doit en réduire progressivement la dose. Un sevrage brusque ou trop rapide, surtout pour les doses élevées peut provoquer des effets secondaires sévères (convulsions, réactions psychotiques, états d'anxiété aiguë etc.) et peut augmenter le risque de symptômes de sevrage prolongés (voir le Chapitre 6).

Un sevrage lent signifie une diminution lente et progressive du dosage, généralement étalée sur une période de plusieurs mois. Le but est d'obtenir une diminution en douceur, régulière et lente quant à la concentration des benzodiazépines dans le sang et dans les tissus afin de permettre aux fonctions naturelles du cerveau de reprendre leur fonction normale.

Tel qu'expliqué dans le Chapitre I, l'absorption à long terme des benzodiazépines prend en charge plusieurs fonctions du système naturel tranquillisant de notre corps transmis par les neurotransmetteurs GABA. Il en résulte que le nombre des récepteurs GABA situés au cerveau diminuent et que les fonctions GABA décroissent. Des sevrages brusques de benzodiazépines laissent le cerveau dénudé de ses fonctions GABA, ce qui se traduit par une hyperexcitabilité du système nerveux. L'hyperexcitabilité est à la base de la plupart des symptômes de sevrage discutés dans le chapitre suivant. Cependant, une élimination suffisamment lente et douce des benzodiazépines permet aux fonctions naturelles de reprendre contrôle de leurs fonctions lesquelles ont été atténuées par la présence des benzodiazépines. Il est prouvé scientifiquement que la réintégration des fonctions du cerveau prend beaucoup de temps. La guérison suite à l'utilisation à long terme des benzodiazépines n'est pas comparable à un rétablissement progressif de l'organisme suite à une intervention chirurgicale majeure. La guérison du corps et de l'esprit est un processus lent.

Le taux et la vitesse du sevrage sont variable à chaque individu. Le sevrage dépend de plusieurs facteurs y compris la quantité, la sorte de benzodiazépine utilisée, la durée de sa consommation, la personnalité, le style de vie, les expériences antécédentes, les vulnérabilités spécifiques et (peut-être génétiquement déterminées) et la vitesse à laquelle le système se rétablit. Habituellement, vous en êtes le meilleur juge. Vous devez avoir le contrôle et vous devez procéder à un rythme qui vous est confortable. Vous devrez aussi peut-être résister à des tentations extérieures (cliniques, médecins) qui chercheront à vous persuader d'effectuer un sevrage rapide. Les six semaines classiques de sevrage adoptées par plusieurs cliniques et des médecins sont vraiment trop rapides pour les consommateurs à long terme. En réalité, la durée du sevrage, pourvu qu'il soit suffisamment lent, importe peu. Une période 6, 12 ou 18 mois de sevrage n'a pas beaucoup d'importance si vous avez absorbé des benzodiazépines pendant des années.

Certains prétendent que des sevrages de benzodiazépines très lents "prolongeaient simplement l'agonie" et qu'il était mieux d'en avoir fini le plutôt possible. Cependant, l'expérience démontre que beaucoup de patients prouvent qu'un sevrage lent est grandement préférable, particulièrement quand le sujet en a le contrôle. Beaucoup de patients réalisent qu'il n'y a pas ou très peu de moments d'"agonie". Néanmoins, il n'existe aucun rythme ou programme magique de sevrage et chaque individu doit trouver le sien, celui qui lui conviendra le mieux. Les personnes qui ont absorbé des doses faibles d'une benzodiazépine pendant une courte durée (moins d'un an) peuvent habituellement en cesser l'utilisation rapidement. Celles qui ont consommé de fortes doses de produits puissants comme le Xanax et le Klonopin (Rivotril, clonazepam) auront probablement besoin de plus de temps.

Des exemples de programmes de sevrage lent sont donnés ci-contre. À titre de guide, une personne qui absorbe 40mg de diazépam (Valium) par jour (ou son équivalent) pourra réduire sa dose quotidienne de 2mg toutes les semaines ou tous les 15 jours (soit 5%) jusqu'à ce qu'une dose quotidienne de 20mg de diazépam soit atteinte. Cela prendra environ entre 10 à 20 semaines. À partir d'une dose quotidienne de 20mg de diazépam, une réduction de 1mg chaque semaine ou tous les 15 jours est préférable (maintien des 5%). Cela prendra encore entre 20 et 40 semaines ce qui fera un total de 30 à 60 semaines.
Malgré cela, des patients préféreront réduire plus rapidement tandis que d'autres iront même encore plus lentement (voir la section suivante pour de plus amples détails).

Cependant, durant un programme de sevrage, il est important d'aller toujours de l'avant. Quand vous rencontrez une période difficile, vous pouvez vous arrêter pendant quelques semaines si nécessaire, mais vous devez éviter de revenir en arrière ou d'augmenter votre dose. Des médecins approuvent l'utilisation de "pilules de secours" (une dose supplémentaire d'une benzodiazépine) en particulier durant des périodes de stress. Ce n'est sans doute pas une bonne idée car cela nuit à la baisse progressive de la concentration dans le sang et altère le processus d'apprentissage de vie sans benzodiazépine lequel joue un rôle important dans l'adaptation au sevrage. Si le sevrage est assez lent, "les pilules de secours" ne devraient pas être nécessaires. La qualité de votre préparation (ci-dessus), mais aussi, un certain nombre de techniques, pourront vous aider à passer certains caps difficiles : elles sont données dans le chapitre suivant.

Notre expérience (Neptune) nous enseigne que la partie la plus difficile du sevrage se situe pour certaines personnes à la fin, lorsque justement on pense avoir fait le plus difficile, et qu'on commence presque à se lasser, alors que notre cerveau est, à ce moment le plus fragilisé. Les raisons pour lesquelles on a eu recours, un jour, aux benzodiazépines peuvent revenir avec une violence plus forte encore (l'explication neurologique est donnée ci-dessus). C'est là qu'il est encore plus important, si l'on sent revenir les symptômes anxieux de manière trop aigüe, de faire de longs paliers, et d'avoir prévu des mesures thérapeutiques "à long terme" et moins nocives. Ces mesures sont proposées au chapitre suivant.

II.2 Changer à une benzodiazépine à longue demi-vie


Avec des benzodiazépines à courte demi-vie telles que l'alprazolam (Xanax) et le lorazépam (Ativan, Témesta) , il est impossible d'obtenir une baisse progressive dans les concentrations sanguines et cellulaires. Ces drogues sont éliminées assez rapidement avec comme résultat des fluctuations importantes de concentrations entre chaque dose. Il serait nécessaire d'absorber les comprimés plusieurs fois par jour et beaucoup de personnes traversent des expériences de "mini-sevrage" ou d'un besoin soudain entre chaque dose.
Les benzodiazépines de courte demi-vie sont facilement repérées dans le Tableau 1, chapitre 1. En cas de doute, nous consulter.

Pour les personnes qui cessent la consommation de ces drogues puissantes à courte vie, il est conseillé de passer à une benzodiazépine à longue vie tel le diazépam (Valium) ou le prazépam (Lysanxia). Le transfert doit s'effectuer progressivement, habituellement par étape judicieuse, substituant une dose à la fois. Il y a plusieurs facteurs à considérer.

Premier facteur : la différence de concentration entre les benzodiazépines. Beaucoup de gens ont souffert parce qu'on les avait changés brusquement pour une benzodiazépine différente et moins forte parce que le médecin n'avait pas tenu compte du facteur important de concentration différente. Les équivalences en concentration des benzodiazépines sont indiquées au Tableau 1 (Chapitre I), mais celles-ci ne sont qu'approximatives et diffèrent à chaque individu.

Deuxième facteur : la variété des benzodiazépines, bien que similaires à première vue, elles présentent des profils d'action un peu différents. Par exemple, le lorazépam (Ativan, Témesta) semble avoir moins d'activité hypnotique que le diazépam, dû probablement à son action de courte durée.
Note: depuis la mise en place réussie de la méthode Ashton au royaume uni, les recherches ont montré l'existence de 2 récepteurs GABA différents, le premier étant plutôt sédatif, et le second plutôt dépresseur, ceci expliquant la spécialisation empirique faite de certains produits agissants davantage sur un des deux récepteurs ; cependant aucun produit n'agit encore sélectivement sur un seul des deux récepteurs.

Ainsi, par exemple, si une personne absorbe 2 mg de Témesta trois fois par jour, passe directement à 60 mg de diazépam (Valium), la dose équivalente pour l'anxiété, elle deviendra extrêmement somnolente. Par contre, si elle passe soudainement à une plus petite dose de diazépam, elle ressentira probablement des symptômes de sevrage. En effectuant le changement sur une dose à la fois, on évite ces difficultés et cela aide aussi à trouver les doses équivalentes pour chaque individu. Il est également recommandé de commencer la première substitution par la dose du soir et cette substitution n'a pas toujours besoin d'être totale. Par exemple, si pour le soir la dose de Témesta est de 2 mg, elle peut, dans certains cas, être changée à 1 mg de Témesta plus 8 mg de diazépam. Une complète substitution pour une réduction de 1 mg de Témesta aurait été de 10mg de diazépam. Cependant, le patient peut en fait bien dormir avec cette combinaison et il aura déjà effectué une réduction dans ces doses de Temesta, une première étape au programme de sevrage. Des exemples d'étapes de substitution judicieuse sont illustrés dans les programmes ci contre.

Troisième facteur : l'accès aux formules de dosage des différentes benzodiazépines. Au cours d'un sevrage, vous avez besoin d'une benzodiazépine à longue vie qui peut être réduite en très petites doses. Le diazépam (Valium) et le prazépam (Lysanxia) sont les seules benzodiazépines idéales à cet effet.  Par exemple le diazépam est fabriqué en comprimés de 2 mg sécables (séparés en deux au milieu) et par conséquent peut être pris en doses de 1 mg. De plus la solution en gouttes est encore plus facilement ajustable (seule la solution en gouttes permet le sevrage par le prazépam - Lysanxia). Au contraire, le plus petit comprimé de lorazépam (Témesta) valable est de 0.5mg (ce qui équivaut à 5 mg de diazépam; le plus petit comprimé de alprazolam (Xanax) est de 0,25 mg (équivalant aussi à 5 mg de diazépam). Même en coupant ces comprimés en deux la plus petite réduction que l'on puisse obtenir est l'équivalent de 2.5 mg de diazépam. Certaines personnes ont développé l'art de râper de petites portions de leurs comprimés (méthode dite de "Tritration", que nous n'encourageons pas car elle prend beaucoup trop de temps alos que la substitution est toujours possible).

À cause de ces dosages limités, il devient donc nécessaire de passer au diazépam ou prazepam même si vous absorbez une benzodiazépine à longue-vie et de concentration relativement faible. (ex: le flurazépam) Les préparations orales de ces benzodiazépines sont aussi disponibles et si l'on désire une réduction progressive, elles peuvent être réalisées en diminuant le volume de chaque dose et en utilisant une seringue graduée, ou en comptant les gouttes.

Certains médecins aux États-Unis préfèrent utiliser le clonazépam (Klonopin aux États-Unis et Rivotril au Canada et en France) croyant que le sevrage sera plus facile qu'avec alprazolam (Xanax) ou lorazépam (Témesta). L'élimination du clonazépam dans le système est beaucoup plus longue avec le clonazépam mais c'est loin d'être la plus efficace et la plus favorable pour le sevrage. C'est une drogue extrêmement puissante qui est éliminée beaucoup plus rapidement que le diazépam (voir Chapitre I, Tableau 1 ) et la plus petite dose disponible aux États-Unis est de 0,5 mg (donc l'équivalent en Valium de 10 mg) et de 0,25 mg au Canada (donc l'équivalent en Valium de 5 mg). De plus, il est difficile avec cette drogue d'obtenir une diminution toujours égale de sa concentration dans le sang et il y a des fortes raisons de croire que le sevrage de drogues puissantes comme le clonazépam est plus difficile. Pour certaines personnes, qui semblent rencontrer plus de difficulté à transférer du clonazépam au diazépam des comprimés (gélules) à dose réduite peuvent être obtenus, (p.ex. un huitième ou un-seizième de milligramme ou moins peut être utilisé pour que le sevrage puisse se faire directement du clonazépam). Pour obtenir ces comprimés, une ordonnance du médecin est obligatoire. Ces comprimés peuvent être fabriqués par une pharmacie d'hôpital et par quelques chimistes au Royaume-Uni et par un pharmacien spécialisé en Amérique du Nord. Une méthode similaire peut être utilisée par d'autres utilisateurs de benzodiazépines qui trouvent difficile le transfert au diazépam. Pour localiser une pharmacie spécialisée le lien ci-après peut être très utile: www.iacprx.org. Il faut s'assurer que la pharmacie spécialisée sera capable de fournir la même qualité à chaque renouvellement. C'est une méthode toutefois plus fastidieuse qui n'est pas recommandée pour le sevrage. En France, nous ne connaissons pas de pharmacie offrant ce service, mais si vous en connaissez, nous nous ferons un plaisir de les citer.

II.3 Établir et suivre le programme de sevrage


Des exemples de programmes de sevrage sont fournis dans les pages suivantes. La plupart d'entre eux sont des programmes réels qui ont été utilisés et ont réussi chez des personnes qui s'en sont sorties avec succès. Chaque programme doit être établi selon les besoins individuels ; deux programmes ne se ressemblent pas nécessairement. Ce qui suit est un résumé de points à considérer lors de l'établissement d'un programme.

Établissez le programme selon vos propres symptômes. Par exemple, si l'insomnie est un gros problème, prenez la majeure partie de votre dose au moment du coucher; si le fait de sortir de chez vous le matin est difficile, prenez une partie de votre dose dès le lever (mais pas en trop grande quantité, ce qui vous rendra somnolent ou réduira votre habilité à conduire).

Quand vous passez au diazépam (au prazepam), remplacez-le une dose à la fois, en commençant habituellement avec la dose du soir ou de la nuit, puis remplacez les autres doses une par une par intervalle de quelques jours ou d'une semaine sauf si vous commencez par de très fortes doses, il n'y a aucun besoin de songer à une réduction à ce niveau-là; visez plutôt un dosage approximativement équivalent. Lorsque vous aurez accompli cette étape, vous pourrez commencer à réduire lentement le diazépam (prazepam).

Cependant si vous prenez une dose élevée telle que 6mg d'alprazolam ce qui équivaut à 120mg de diazépam, vous pouvez avoir besoin de considérer une réduction en même temps que vous transférer de drogues et vous aurez besoin de diminuer seulement une certaine quantité de la dose à la fois. (Voir le programme 1). L'objectif est de trouver une dose de diazépam qui réduira grandement les symptômes de sevrage mais qui ne sera pas pour autant si excessive qu'elle vous rendra somnolent.

Le diazépam (le prazepam également) est éliminé très lentement et a besoin d'être administré tout au plus deux fois par jour pour obtenir des concentrations sanguines égales. Si vous absorbez des benzodiazépines trois ou quatre fois par jour, il est recommandé que vous espaciez vos doses à deux fois par jour lorsque vous commencerez le diazépam. Le moins souvent que vous prenez des comprimés le moins votre journée tourne autour de votre traitement.

Plus la dose que vous prendrez initialement sera forte, plus grande pourra être la réduction de votre dose. Vous pourrez viser à réduire votre dosage d'un dixième à chaque fois. Par exemple, si vous prenez l'équivalent de 40mg de diazépam vous pourrez tout d'abord réduire de 2 à 4 mg chaque semaine ou toutes les deux semaines. Quand vous serez à 10mg, des réductions de 1 mg seront probablement conseillées. À partir de 5mg de diazépam, des personnes préfèrent réduire de 0,5mg toutes les semaines ou aux quinze jours.

Il n'est pas nécessaire de planifier votre programme de sevrage jusqu'au bout. Normalement il est important de planifier pour les premières semaines puis de le réviser et, si nécessaire, de le modifier en rapport à vos besoins. Prévenez votre médecin, afin qu'il soit flexible et prêt à ajuster à tout moment votre programme à votre rythme.

Dans la mesure du possible, ne régressez jamais. Vous pouvez rester à un même niveau de drogue et observer un temps de d'arrêt quand les circonstances se détériorent comme par exemple une crise familiale ou autre mais essayez toujours d'éviter d'augmenter vos doses. Vous ne voulez pas revenir à un niveau précédent.

En cas de stress, évitez d'absorber des doses supplémentaires. Apprenez à contrôler vos symptômes. Cela vous donnera une confiance supplémentaire, afin de vous rendre capable de vivre sans benzodiazépines. (Voir le Chapitre 5, comment traiter les symptômes de sevrage).

Evitez la tentation compensatrice de consommation d'alcool, de cannabis ou de médicaments sans ordonnance. À l'occasion, votre médecin peut vous suggérer d'autres médicaments en cas de problèmes particuliers (voir le Chapitre 5, les symptômes de sevrage), mais ne prenez pas le somnifère zolpidem (Stilnox) ou zopiclone (Imovane) car ils ont la même action que les benzodiazépines.

Absorber le dernier comprimé : Arrêter les quelques derniers milligrammes s'avère difficile en partie due à la crainte de ne pas savoir comment vous allez réagir sans aucune drogue. En effet, la phase finale est parfois étonnamment facile. Les gens sont généralement heureux par cette nouvelle sensation de liberté. Dans tous les cas, le 1 mg ou les 0,5 mg par jour de diazépam que vous absorbez à la fin de votre programme a peu d'effet si ce n'est celui de vous garder encore sous leur dépendance. Ne soyez pas tenté(e) de réduire la dose à 0,25mg par mois. Faites le saut lorsque vous atteignez 0,5mg par jour; une cure complète n'est achevée que si vous avez cessé toutes vos benzodiazépines.

Que votre programme de sevrage ne devienne pas une obsession ! Faites qu'il fasse partie de votre vie quotidienne pour les quelques mois à venir. D'accord, vous êtes en train de vous sevrez des benzodiazépines; mais vous n'êtes pas le seul, il y en a d'autres, ce n'est pas une affaire d'état.

Si pour quelque raison que ce soit, vous ne réussissez pas à votre premier essai, vous pouvez toujours essayer une autre fois. On dit qu'il faut entre 7 à 8 tentatives avant qu'un fumeur ne cesse de fumer complètement. La bonne nouvelle est que la plupart des consommateurs d'une benzodiazépine à long terme réussissent au bout du premier essai. Ceux qui nécessitent un second, ont généralement arrêté trop brusquement. Le sevrage d'une benzodiazépine lent et régulier, sous votre contrôle, est presque toujours un succès.

III Le sevrage chez les gens âgés


Les personnes âgées peuvent cesser l'utilisation des benzodiazépines aussi bien que les plus jeunes, même si elles ont utilisé ces mêmes benzodiazépines sur plusieurs années. Une étude récente effectuée par des médecins de médecine générale portant sur 273 personnes âgées qui ont utilisé des benzodiazépines sur plusieurs années (c.-à-d. plus de 15 ans) a démontré que la réduction volontaire et le sevrage total des benzodiazépines étaient suivis par un meilleur sommeil, par une amélioration des facultés mentales et physiques et une diminution des visites chez le médecin. Ces résultats ont été obtenus aussi dans différentes autres études sur des personnes âgées qui avaient utilisé des benzodiazépines sur une longue période.

Il y a plusieurs facteurs combinés qui renforcent la nécessité de cesser les benzodiazépines chez les personnes âgées : les gens personnes qui avancent en âge sont plus susceptibles aux chutes avec fractures, à être confus, aux pertes de mémoire et aux problèmes psychiatriques (voir Chapitre I).

Les méthodes de sevrage des benzodiazépines chez les personnes âgées sont similaires à celles suggérées chez les plus jeunes. Un sevrage sur une plus longue période, selon l'expérience du Pr Ashton, est facilement toléré, même chez les personnes de plus de 80 ans qui ont utilisé des benzodiazépines depuis 20 ans ou plus. Ces horaires de sevrage peuvent inclure l'utilisation de préparation liquide de diazépam (Valium), si disponible et peuvent aider judicieusement à la substitution au diazépam. Évidemment, la notion de personne  "plus âgée" est toute relative, typiquement un âge compris entre 65 et 70 ans est celui de la majorité des cas.


>> Chapitre suivant : 5 - Effets indésirables pendant le sevrage


LECTURES SUPPLÉMENTAIRES

   Ashton, H. (1994) The treatment of benzodiazepine dependence. Addiction 89;1535-1541.
  Trickett, S. (1998) Coming off Tranquillisers, Sleeping Pills and Antidepressants. Thorsons, London.
La méthode Ashton pour réussir à se sevrer des benzodiazépines - Sommaire et introduction - Neptune
La méthode Ashton pour réussir à se sevrer des benzodiazépines - introduction


Utilité, fonctionnement, liste des benzodiazépines
Chapitre 1 - Les benzodiazépines : indications, liste des produits, fonctionnement


Test - ma dépendance aux benzodiazépines
Chapitre 1bis - Test - ma dépendance aux benzodiazépines


Effets néfastes et indésirables des benzodiazépines
Chapitre 2 - Effets indésirables des benzodiazépines


Sevrage brutal des benzodiazépines
Chapitre 3 - Le danger de se sevrer brutalement


Préparation du sevrage des benzodiazépines
Chapitre 4 - Préparer son sevrage


Effets indésirables possibles du sevrage lent des Benzodiazépines
Chapitre 5 - Effets secondaires pendant le sevrage


Effets à long terme du sevrage aux Benzodiazépines
Chapitre 6 - Effets à long terme après le sevrage




Voir aussi


Statistiques de consommation des benzodiazépines en France de 2002 à 2017

Sujets similaires

+

Neptune

Information, recherche, action et entraide sur les "maladies" psychiques

Association Loi de 1901

Chat
Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Contact | Signaler un abus | Cookies | Forum gratuit