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Alzheimer et démences : le régime méditerranéen ou crétois diminue d'au moins 50% le risque

Par Neptune 

le 07/12/2018 

0 lectures

Alzheimer et démences : le régime méditerranéen ou crétois diminue d'au moins 50% le risque


Résumé


Le régime méditerranéen et le régime crétois (1)(7), très proches, sont connus pour être très utiles pour prévenir ou atténuer les maladies cardio-vasculaires, et globalement pour permettre de vivre plus longtemps en bonne santé. On connaît moins, en France, leur bénéfice pour le cerveau. Nous faisons ici la synthèse d’une revue systématique (2) des études scientifiques réalisée en 2015 et étudiant le lien entre le régime méditerranéen et :
  • Les démences et la maladie d’Alzheimer
  • La déficience cognitive
  • Les fonctions cognitives en général

L’analyse des 24 études répondant à des critères scientifiques rigoureux conclue à un lien certain et important entre le suivi du régime méditerranéen, et une diminution de 40% à 90% du risque d’Alzheimer et des autres types de démence. Il diminue également dans les mêmes proportions le risque de déficience cognitive, et préserve la cognition de manière générale.

Il n’existe pas aujourd’hui d’explication certaine sur les causes primaires de la maladie d’Alzheimer, constituées d’anomalies chimiques entraînant des lésions cérébrales, et non spécifiquement due au vieillissement.

Toutefois, le fait de connaître avec certitude les facteurs permettant d’en diminuer le risque, tout en luttant également contre le déclin cognitif ou la déficience cognitive, est d’utilité publique. Dans un autre article (3), nous relatons même le cas, reconnu par l’Alzheimer Society de Manchester (UK), d’une personne gravement atteinte – elle ne reconnaissait plus son fils – ayant retrouvé la mémoire suite à ce régime rigoureusement suivi.

Comment isoler le facteur « régime » des autres facteurs ?


La difficulté de telles études est la multiplicité des facteurs de risque connus ou supposés de maladies telles qu’Alzheimer, ce qui facilite les biais d’interprétation lorsque les méthodes d’analyse et de corrections statistiques ne sont pas adaptées à cette multiplicité de facteurs.
Si, par exemple, on comparait un groupe de personnes suivant un régime méditerranéen avec un autre groupe ne suivant pas ce régime, sans prendre garde au fait que l’âge médian du premier groupe est de 75 ans tandis que celui du second groupe est de 70 ans, alors on obtiendrait des résultats moins positifs qu’ils ne le sont réellement, à cause du facteur « âge » que l’on a ignoré. Ce serait une erreur de taille lorsque l’on sait que le risque d’Alzheimer augmente exponentiellement avec l’âge (la prévalence est de 1,5% entre 60 et 65 ans, puis double tous les 5 ans (4). Ces précautions doivent être les mêmes pour de très nombreux facteurs connus ou supposés, favorables ou défavorables que sont au total :
  • l’âge,
  • le mode d’alimentation,
  • l’exercice physique,
  • l’exercice mental,
  • la prise de benzodiazépines (somnifères, anxiolytiques) (5)
  • les antécédents de dépression
  • les antécédents de prise d'antidépresseurs anticholinergiques, médicaments antiparkinsoniens, et tous psychotropes ou autres médicaments fortement anticholinergiques (6)  
  • le niveau de vie général et le niveau d'études
  • le tabac (facteur supposé mais controversé),
  • les antécédents cardio-vasculaires,
  • l’état général de santé au départ,
  • l’indice de masse corporelle (IMC),
  • le génotype apoE4, facteur génétique d'une minorité de personnes

Les auteurs ont donc sélectionné uniquement les études permettant de déterminer correctement le lien entre le seul régime méditerranéen et les observations sur la cognition ou les démences. Il y a deux moyens d’isoler un facteur (ici, le régime méditerranéen) des autres facteurs possibles :
  • Soit, on compose les deux groupes de manière homogène pour ce qui est des autres facteurs : un âge médian identique, la même proportion de fumeurs / non-fumeurs, etc. Mais ceci est dans la réalité impossible à réaliser.
  • Soit, on prend soin d’avoir pour chaque autre facteur un nombre suffisamment élevé de personnes, et on effectue une « correction statistique » des résultats en les pondérant pour refléter les proportions de la population générale. Par exemple, si dans la population générale il y a 30% de fumeurs mais que le groupe étudié n’en comporte que 15%, on analyse les résultats du régime méditerranéen ou de son absence en comptant les résultats des fumeurs 2 fois (rapport entre 30 et 15). On compare aussi les sous-groupes fumeurs / non-fumeurs, etc. On fait de même pour chaque facteur susceptible de fausser les résultats du facteur étudié (le régime méditerranéen), et on obtient alors des résultats probants.

Les auteurs ont aussi sélectionné deux types d’étude uniquement :
  • des essais randomisés et contrôlés, c’est-à-dire que l’on tire au sort les personnes de deux groupes, puis que l’on fait suivre ensuite le régime méditerranéen à l’un des deux groupes et non à l’autre, puis que l'on observe les résultats à terme. L’avantage est de bien contrôler l’évolution des personnes car elles sont dès le départ suivis dans le cadre de l’étude. Il est évident que, dans le cas de ces études, il ne peut y avoir de « placebo » ni de « double aveugle », ce qui peut relativiser les résultats mais non les disqualifier. L'inconvénient est qu'on ne peut pas décemment faire durer les "essais" pendant de nombreuses années, donc le long terme n'est pas étudié.
  • des observations dites « longitudinales », c’est-à-dire que l’on observe l’évolution au cours du temps de populations qui se trouvent avoir ou non bénéficié d’un régime méditerranéen. Il y a dans cette catégorie des études « observationnelles » ce qui signifie que l’on observe les évolutions après-coup, et quelques études « prospectives », ce qui signifie que l’on prend rendez-vous dans le futur pour observer l’évolution d’une population choisie. L'avantage de ces formes d'étude est de permettre le long terme ce qui est rarement possible dans le type précédent d'études où les personnes sont soumises à des "essais".

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Les résultats


Selon la plupart des études scientifiques effectuées (7 sur 9), le régime méditerranéen permet de diminuer significativement le risque de démence, dont la démence de la maladie d’Alzheimer. Ces études éliminaient par les méthodes correctives statistiques l'influence de la plupart des autres facteurs.

Cette réduction du risque s'est montrée d’autant plus importante que les individus ne présentaient pas au départ de déficiences cognitives acquises, même légères.  Elle varie entre 40% et 90 % selon les études, ce qui signifie que le régime méditerranéen a permis de diviser le nombre de personnes atteintes de démence à l’issue de la période d’observation, par un facteur 2 à 10. La diminution du risque est d’autant plus importante que le régime est étroitement suivi, et certaines études observent une amélioration significative pour chaque « point » obtenu dans l’application du régime, c’est-à-dire pour chaque ajout ou suppression d’aliment du régime.

Selon nous, les raisons pour lesquelles 2 études n’ont obtenu aucune amélioration statistique sont les suivantes :

  • Pour une étude française (9), les résultats ont été écartés car statistiquement incohérents selon les auteurs eux-mêmes. Ils faisaient apparaître une diminution du risque à 5 ans comprise entre 60% et -100 % mais sans significativité puisque la pertinence statistique « p » est de 0,72 (8), ce qui élimine généralement un résultat. Les auteurs n’affirment pas que le régime méditerranéen soit sans lien avec la prévention de la démence, mais estiment que leurs résultats n’ont pas permis de l’établir. Le suivi du régime était observé par des interviews, ce qui n’est pas la méthode la plus fiable. Ils ont également mesuré l'incidence de déficits cognitifs, et conclu cette fois ci un effet positif significatif du régime méditerranéen.

  • Pour une étude suédoise (10) le régime méditerranéen était une variante du régime normatif, et un autre régime (LHCP - Sans glucides et hyper protéiné) était aussi étudié, réduisant d’autant la taille du groupe « méditerranéen » ; d’autre part le régime « normal » suédois qui a servi de contrôle comporte déjà certains éléments essentiels du régime méditerranéen dont le plus connu est le poisson gras; il n'est pas sur que les 500 participants aient exactement 70 ans, et donc des corrections statistiques auraient dû être réalisées sur la variable d'âge ; la très longue durée de l'étude (12 ans) peut aussi diminuer l'effet statistique du régime, puisque les personnes en fin d'étude ont un facteur d'âge prépondérant. Autant de raisons permettant d’expliquer que, si  les auteurs attestent un ralentissement du déclin cognitif lié au régime méditerranéen, et n'ont pu tirer de conclusion concernant son effet sur les démences.

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Les français sont très mal informés


La principale association française, "France Alzheimer", ne publie pas une ligne sur le régime alimentaire permettant parfois de réduire les symptômes, sinon de réduire considérablement le risque de démence d'Alzheimer.

Le comité scientifique de France Alzheimer, composé essentiellement de médecins français, et la faible considération dans notre pays pour les méthodes nutritionnelles, ne sont probablement pas étrangers à cette communication aberrante et erronée.

Il prétend même qu'il n'existe "aucun traitement préventif". Le terme "traitement" signifiant dans le langage médical "médicament", ce qui démontre une fois de plus le paradigme obsolète de son comité scientifique et de la communauté medicale française selon lequel seuls les médicaments peuvent faire de la prévention ou du soin.

A l'opposé, la fondation Vaincre Alzheimer dont le comité scientifique est européen, recommande explicitement le régime méditerranéen.

Nous espérons que cet article suscitera chez les patients et leurs familles, et chez les médecins réceptifs un intérêt vif, et bénéficiera aux très nombreuses personnes touchées par ce fléau.

Neptune




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(4) Inserm, 2007, données de prévalence et d'incidence

(5) Effets indésirables des hypnotiques et anxiolytiques - augmentation significative du risque de démence d'Alzheimer

(6) Anticholinergic drugs and risk of dementia: case-control study, BMJ, 2018.

La liste des médicaments fortement anticholinergiques, et augmentant sur le long terme le risque de démence de 10% à 13%, est publiée ici :
Liste de 99 médicaments anticholinergiques potentiellement risqués pour les aînés

Voir aussi sur ce site :


J'évalue la qualité de mon alimentation par le test MeDi du régime méditerranéen(7) Évaluer la qualité de son alimentation : le test MeDi du régime méditerranéen

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L'équipe Neptune


(8) "p", rencontré souvent dans les études comportant des statistiques, sert à mesurer la pertinence statistique d'un résultat. Plus p est petit - idéalement, inférieur à 0,05 -  plus le résultat est statistiquement solide.

Mathématiquement, p est égal au rapport entre l'écart-type et le résultat moyen. Si p est supérieur à 0,10, les résultats ont peu de signification car trop différents d'une mesure à l'autre, et ceci donne à penser qu'il existe d'autres facteurs non étudiés et expliquant la "dispersion" des résultats observés.

(9) Féart el al., 2009, Adherence to a Mediterranean diet, cognitive decline, and risk of dementia

(10) Olsson et al., 2015, Dietary patterns and cognitive dysfunction in a 12-year follow-up study of 70 year old men

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dnrt

Par dnrt

 14/12/2018, 11:35
Bonjour,

J'ai contacté la Fondation Vaincre Alzheimer, à titre personnel. Il y a quelques jours via un message laissé sur le site : https://www.vaincrealzheimer.org/

Aujourd'hui, j'ai été rappelé par une membre suite à une question, précise.

Je tiens à rapporter une excellente écoute ce qui est devenu rare. Et précieux.
A noter, il s'agit d'une fondation et sa démarche est différente.
En effet, elle s'intéresse à la maladie plus sur le préventif que, le curatif.

Il m'a semblé important d'en faire part aux membres de NEPTUNE.

Humainement.

Neptune

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