Comment fonctionnent les médicaments psychotropes ?
La plupart des gens commencent à prendre des médicaments psychotropes parce qu’ils “souffrent et font souffrir”. Soit ils traversent des états de souffrance émotionnelle accablante, soit quelqu’un(e) d’autre souffre de leur comportement et les envoie vers un médecin – ou bien c’est une combinaison des deux. Il existe beaucoup d’étiquettes pour ces états, comme anxiété, dépression, compulsion, manie, psychose, entendre des voix et paranoïa, et les étiquettes changent avec le temps. Les médecins disent aux gens que leur souffrance émotionnelle est due à un trouble mental qui a des fondements biochimiques, que leur souffrance est dangereuse et doit être arrêtée (on invoque les risques de suicide et de détérioration de la maladie), et que les traitements médicamenteux sont alors nécessaires. | Les médicaments psychotropes agissent sur le cerveau pour modifier l’humeur et la conscience comme n’importe quelle autre substance psychoactive. Puisque de nombreux médicaments peuvent atténuer ou maîtriser les symptômes de souffrance émotionnelle – soit en tranquillisant une personne, en la stimulant, en atténuant sa sensibilité, ou en la faisant dormir – ils peuvent aussi permettre de tempérer des états extrêmes. Ils aident certaines personnes à se sentir plus apte à vivre leur vie. Cependant, il est important de réaliser que les médicaments psychotropes ne changent pas les causes de la souffrance émotionnelle. Ils sont à considérer comme des outils, ou des moyens de défense, qui soulagent parfois les symptômes et ouvrent la voie au changement – mais ils comportent des risques significatifs pour qui les prend.
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Est-ce que les médicaments psychotropes corrigent la chimie cérébrale ou guérissent une maladie ? On dit aux gens que les troubles mentaux signifient que la chimie du cerveau est “anormale”, que la maladie est causée par des “prédisposions” génétiques, et que les médicaments psychotropes sont nécessaires pour interrompre le processus de la maladie et corriger les déséquilibres. Pourtant, ce n’est pas la façon dont fonctionnent les médicaments, et aucune étude n’a prouvée la validité des théories de la pathologie cérébrale. Croire en ces affirmations renforce le sentiment d’être une victime impuissante de la biologie, et laisse penser aux gens qu’ils n’ont pas d’autres choix que les médicaments.
Malgré des décennies de recherches coûteuses, aucun déséquilibre chimique, aucune prédisposition génétique, ou anormalité du cerveau n’a jamais été découvert comme étant une cause systématique de trouble bipolaire, de dépression, ou de schizophrénie. Les médias nous rapportent des recherches “prometteuses” qui “nécessitent des études approfondies”, mais rien de concluant n’en a résulté. Aujourd’hui, même les petits caractères dans les annonces promotionnelles des entreprises pharmaceutiques disent généralement que les conditions sont “susceptibles d’être causées par” des déséquilibres chimiques, sans faire de déclarations définitives.
Des tests physiques, comme des scanners du cerveau ou des prélèvements sanguins, ne sont pas utilisés pour des diagnostics tels que troubles bipolaires, schizophrénie, ou dépression, et ne peuvent pas révéler que votre cerveau est anormal. (Des états altérés ayant des causes physiques claires, comme par exemple, les commotions cérébrales, la démence, ou le delirium alcoolique, sont plutôt appelés “psychoses organiques”.) D’ailleurs, on n’a jamais établi de référence pour ce qui constituerait un cerveau “psychologiquement normal”. Trois personnes avec le même diagnostic pourraient avoir une chimie cérébrale très différente, et des personnes avec la même chimie cérébrale pourraient ne pas avoir de diagnostic du tout. Lorsque des personnes sont confrontés à des problèmes physiques, dus par exemple à des carences en vitamines et qu’un médecin ou un praticien holistique les résout, cela peut agir sur les problèmes émotionnels – ou non. La médecine n’a pas découvert les origines biologiques de la maladie mentale, comme elle l’a fait pour la tuberculose, le syndrome de Down, ou le diabète. La souffrance émotionnelle et la folie restent ouvertes aux interprétations.
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| Qu’en est-il de la génétique ? (1)
Les diagnostics mentaux semblent être “de famille”, mais il en va de même pour la maltraitance des enfants et la pauvreté. En raison d’un environnement partagé, d’attentes familiales et de traumas intergénérationnels, les antécédents familiaux peuvent signifier beaucoup d’autres choses qu’une hérédité incontournable. Des études affirment que les jumeaux ont tendance à avoir un risque légèrement plus élevé de recevoir le même diagnostic, mais ces recherches comportent souvent de sérieux défauts et les résultats sont exagérés.
Les parents savent bien que les enfants ont des tempéraments différents, même à la naissance, mais l’expérience prénatale a une influence. Des traits individuels comme la sensibilité et la créativité ne deviennent de la folie qu’après l’intervention de facteurs sociaux très complexes, comme le trauma et l’oppression. Même le séquençage du génome humain n’a révélé aucune clé sur la maladie mentale, et l’idée de “prédisposition” génétique reste spéculative et non prouvée.
De fait, plus les neurosciences font des découvertes sur les gènes, le comportement, et le cerveau, plus le tableau se complique. “L’épigénétique” (2) démontre qu’au lieu d’une “empreinte génétique”, c’est notre environnement qui interagit pour activer et désactiver les gènes. Utiliser la science génétique pour simplifier à outrance la diversité du comportement humain est un retour aux concepts discrédités de darwinisme social et d’eugénisme. Cela revient à décrire certaines personnes comme étant destinées à être inférieures, déficientes, et moins pleinement humaines.
| Chacune de nos émotions et de nos pensées existe d’une façon ou d’une autre dans le cerveau en tant qu’expression biologique, mais la société, la volonté, et l’apprentissage interviennent et rendent toute relation causale impossible à établir. Le stress, par exemple, est associé à la chimie cérébrale, mais une personne peut s’épanouir sous des conditions stressantes qui seraient invalidantes pour quelqu’un d’autre. La nouvelle science de la “neuroplasticité” montre que le cerveau est constamment en développement et que l’apprentissage lui-même modifie le cerveau : par exemple, la psychothérapie peut réorganiser la structure du cerveau, et des chercheurs ont découvert que les régions du cerveau associées à la mémorisation des cartes étaient élargies chez les conducteurs de taxi de New-York. Si l’apprentissage modifie le cerveau de façon si profonde, alors nous ne sommes pas si déterminé(e)s par la biologie qu’on ne le croyait autrefois. Comment notre conscience se forme-t-elle à partir du cerveau et du corps ? C’est le “difficile problème” sur lequel ont débattu les philosophes et les scientifiques depuis des siècles.
| Ce qu’on appelle “maladie mentale” est-il davantage une question sociale et spirituelle qu’une question médicale ? Le fait d’être considéré comme une personne “souffrant de troubles” est-il un jugement culturel et politique? La psychiatrie ne peut prétendre avec crédibilité avoir résolu le mystère de la relation corps-esprit qui se cache derrière la folie. Sans réponses claires de la science, le diagnostic psychiatrique est finalement, non pas un état de fait, mais l’opinion subjective qu’un médecin se fait d’un patient. Le médecin s’appuie inévitablement sur ses propres partis pris, hypothèses, peurs, et préjugés. Entre eux, les médecins sont souvent en désaccord ; les gens reçoivent parfois de nombreux diagnostics différents au fil du temps, et la discrimination basée sur la classe, la race et le genre est courante. La décision de prendre des médicaments psychotropes devrait être fondée sur l’efficacité de leur effets par rapport aux risques encourus, et non pas sur la croyance erronée que la personne “doit” être sous médicaments pour des raisons biologiques ou génétiques.
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Qui est responsable ? Vous ? Votre système biologique ? Ni l’un ni l’autre ?
Si la biologie et la chimie cérébrale ne sont pas “responsables” de l’anxiété, du fait d’entendre des voix, des idées suicidaires, de la manie, ou d’autres souffrances, est-ce que cela signifie que vous êtes responsable ? Est-ce soit de votre faute, soit celle de votre cerveau ? Un diagnostic psychiatrique peut être un énorme soulagement si la seule alternative est de vous reprocher d’être paresseux, d’être faible ou de simuler. Lorsque vous vous sentez impuissant(e), que les gens ne prennent pas votre douleur au sérieux, le fait qu’un médecin déclare que l’on souffre d’un trouble mental peut être vécu comme une reconnaissance. Choisir de diminuer ou d’arrêter les médicaments pourrait sembler envoyer un message négatif, comme si votre souffrance n’était pas si grave et que vous n’aviez pas vraiment besoin d’aide. D’un autre côté, être incapable d’arrêter peut aussi sembler honteux, comme s’il suffisait de faire des efforts et qu’il ne tenait qu’à toi.
Ce sont des raisonnements du tout-ou-rien qui sont injustes, et qui laissent les gens impuissants et coincés dans le système de santé mentale. Les annonces publicitaires de l’industrie pharmaceutique ciblent ce dilemme : si la douleur est vraiment sérieuse, elle nécessite des médicaments, sinon, tu es livré(e) à toi-même. Ainsi, renforcer son autonomie signifie penser au-delà des visions étroites, et adopter des façons plus larges de voir les choses.
Tout le monde a besoin de soutien un jour ou l’autre : chacun(e) de nous se sent impuissant(e) dans certains domaines de sa vie. Nous devons tous apprendre à équilibrer des prises de responsabilités personnelles avec des demandes d’aide. Vous n’êtes pas obligés d’accuser votre cerveau pour obtenir de la compassion.
| Puisque la science médicale n’a pas de réponses, il revient à chaque personne d’adopter vis à vis de son existence la compréhension qui fasse le plus de sens selon elle. Les ressources contenues dans ce guide peuvent ouvrir de nouvelles possibilités. Par exemple, la Société Britannique de Psychologie suggère que certaines personnes sont plus vulnérables au stress que d’autres. Le Mouvement des Entendeurs de Voix nous encourage à accepter et à tirer des enseignements des expériences inhabituelles, plutôt que de les considérer comme des symptômes insignifiants dont il faudrait se débarrasser. De nombreux points de vue sur la folie et les états altérés sont possibles, on peut prendre en considération : un trauma/abus, un éveil spirituel, une sensibilité particulière, une maladie environnementale, des dynamiques familiales, des problèmes de santé holistique, des différences culturelles, ou l’impact de l’oppression. Certaines sociétés considèrent comme normales les expériences que d’autres perçoivent comme anormales.
Et si quelqu’un vous pose une question, c’est à vous de décider ce que vous allez dire ou non: “je suis un(e) survivant(e) de traumatisme”, “Je traverse des états extrêmes”, ou “Je suis différent(e) de la plupart des gens, et je cherche encore à définir en quoi” – vous pouvez aussi ne rien dire du tout. Tisser des liens avec d’autres personnes qui partagent vos expériences, comme dans les groupes de soutien par les pairs ou à travers Internet, est crucial lorsqu’on cherche à découvrir qui l’on est.
Votre souffrance est réelle, que vous décidiez de prendre des médicaments ou non. Se sentir impuissant(e) et avoir besoin d’aide ne signifie pas que vous êtes une personne malade ou que vous êtes la victime passive de la biologie. Les explications basées sur le trauma, la sensibilité, ou la spiritualité sont aussi valables que n’importe quelles autres. Vous méritez quand même de recevoir de l’aide même si vous ne croyez pas que votre cerveau est anormal, et même si vous pensez en dehors des termes de “maladie psychiatrique” et de “trouble mental”.
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Comment les médicaments psychotropes agissent-ils sur le cerveau ?
Comme toute substance agissant sur l’esprit, les médicaments utilisés en psychiatrie sont psychoactifs et impactent le mental et le comportement en changeant la chimie cérébrale. Leur utilité et leurs risques sont liés à des changements cerveau/corps, et à la modification de la conscience basée sur les effets d’attentes et de placebo.
Selon la théorie médicale actuelle, la plupart des médicaments psychotropes modifient les niveaux des substances chimiques appelées neurotransmetteurs (les anticonvulsifs, les antiépileptiques, et les “stabilisateurs d’humeur” (ou thymorégulateurs) tel que le lithium semblent fonctionner en changeant le flux sanguin et l’activité électrique du cerveau en général). Les neurotransmetteurs sont liés à l’humeur et au fonctionnement mental, et toutes les cellules du système nerveux, y compris les cellules cérébrales, utilisent les neurotransmetteurs pour communiquer les unes avec les autres. Quand les niveaux de neurotransmetteurs changent, les cellules “réceptrices”, qui reçoivent et régulent les neurotransmetteurs, deviennent plus sensibles, et peuvent augmenter ou diminuer pour s’adapter.
Par exemple, on dit que les antidépresseurs ISRS (“inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine”) augmentent le niveau du neurotransmetteur sérotonine dans le cerveau et réduisent le nombre de récepteurs cérébraux de sérotonine. Les médicaments antipsychotiques tels que l’Haldol baissent le niveau de dopamine et augmentent le nombre de récepteurs de dopamine dans le cerveau. Cette action sur les neurotransmetteurs et les récepteurs est la même que pour n’importe quel produit psychoactif. | L’alcool agit sur les neurotransmetteurs comme la dopamine et la sérotonine, et la cocaïne modifie aussi bien les niveaux de dopamine et de sérotonine que de noradrénaline, et influe sur les récepteurs.
Pendant que ces changements chimiques ont lieu dans votre corps, votre conscience travaille à les interpréter et à y répondre à votre propre façon. L’alcool peut vous détendre ou bien vous rendre nerveux ; les antidépresseurs redonnent de l’énergie à certaines personnes ou en rendent d’autres moins sensibles. En raison des effets d’attentes et de placebo, tout le monde est différent. Votre expérience des médicaments peut ne pas être la même que celle d’autres personnes, et sera en définitive uniquement la votre . Faites-vous confiance.
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Pourquoi les gens trouvent-ils les médicaments psychotropes utiles ?
Contrairement à leurs risques, les bénéfices des médicaments psychotropes sont fortement mis en avant. Cependant, les aspects favorables des médicaments tendent à être présentés conjointement à des affirmations trompeuses. Les informations ci-dessous sont une tentative de couper court à la confusion et de décrire succinctement pourquoi de nombreuses personnes considèrent les médicaments psychotropes utiles.
• La privation de sommeil est l’une des causes et l’un des facteurs les plus importants qui contribuent aux crises émotionnelles. L’utilisation de médicaments à court terme peut aider à dormir.
• Les médicaments peuvent interrompre et “mettre un frein” à un état extrême de conscience difficile à vivre, tranquillisant une période de crise aiguë qui semblait incontrôlable.
• Beaucoup de personnes ont l’impression que les médicaments les protègent de crises tellement sévères qu’elles menacent leur stabilité et même leur vie. Certains signalent que les symptômes semblent plus gérables sous médicaments, et qu’ils les aident à se maintenir plus ancrés dans la réalité quotidienne. L’utilisation à long terme va parfois prévenir ou soulager des épisodes de manie ou de dépression.
• Interrompre des crises et obtenir un peu de sommeil peut réduire le stress et vous calmer, ce qui peut alors réduire le chaos dans votre vie et vous aider à prendre mieux soin de vous en ce qui concerne la nourriture, les relations personnelles, et d’autres besoins fondamentaux. C’est beaucoup moins stressant que des crises constantes, et cela permet de construire les bases d’une plus grande stabilité qui aurait été difficile à obtenir autrement.
| • Les médicaments peuvent parfois aider à se présenter et à fonctionner au travail, à l’école ou dans la vie, ce qui est particulièrement important si on ne peut pas changer ces situations-là. Le travail amène à devoir se lever le matin, se concentrer, et éviter les sautes d’humeur. De plus les relations personnelles exigent quelquefois d’éviter une trop grande sensibilité émotionnelle.
• Poursuivre la prise de certains médicaments peut en soi prévenir les effets du sevrage médicamenteux.
• Tous les médicaments peuvent avoir un puissant effet placebo : le simple fait de croire qu’ils sont efficaces, même inconsciemment, peut les rendre efficaces. Il est possible de guérir de maladies très graves en prenant un comprimé de sucre placebo ou en étant l’objet d’une chirurgie placebo que l’on croit réels. Dans les essais cliniques, de nombreux médicaments psychotropes ont peu d’efficacité prouvée au delà de l’effet placebo, en raison de cet effet mental puissant. Le mental joue un rôle central dans toute guérison, et il n’existe aucun moyen de déterminer si l’efficacité pour un individu provient de l’effet placebo ou des effets chimiques du médicament.
• L’adhésion thérapeutique contribue également à l’effet placebo : parfois les gens se sentent mieux quand ils peuvent croire à une explication officielle et claire de leur souffrance, et quand ils peuvent suivre les conseils et avoir le soutien d’un médecin, d’un membre de la famille, ou de toute autre figure d’autorité. Les médicaments ont tendance à être d’autant plus efficaces que les relations avec le prescripteur sont fortes et étroites.
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• La publicité, en particulier la publicité télévisée qui s’adresse directement au consommateur (autorisée aux États-Unis et en Nouvelle Zélande), est extrêmement puissante et influe sur l’expérience des personnes qui ajustent leurs désirs et leurs espérances au contenu de ces publicités. Les nouveaux médicaments de toute sorte, pas seulement les psychotropes, ont tendance à être plus efficaces simplement en raison de l’attente qui est portée sur eux.
Quelques faits que vous ignorez peut-être à propos des médicaments psychotropes Malgré le principe médical de consentement éclairé, les médecins ne mentionnent pas certains renseignements importants sur les médicaments qu’ils prescrivent. Ce qui suit tente de prendre en considération des faits moins connus, en vue de dresser un tableau plus équilibré.
• La plupart du temps, des doses plus élevées et une utilisation prolongée des médicaments psychotropes modifient plus profondément et durablement le fonctionnement du cerveau. Dans ce cas, il est souvent plus difficile de décrocher des médicaments et leurs effets indésirables peuvent être plus graves. Toutefois, le cerveau humain est beaucoup plus résiliant qu’on ne l’avait cru auparavant ; il peut guérir et se réparer lui-même de façon remarquable.
• On affirme que les médicaments neuroleptiques ou les principaux tranquillisants sont des “antipsychotiques”, mais en fait ils ne ciblent pas la psychose ni aucun symptôme spécifique ou maladie mentale. Ce sont des tranquillisants qui diminuent le fonctionnement général du cerveau pour n’importe quel utilisateur. Ils sont même utilisés en médecine vétérinaire pour calmer les animaux. Beaucoup de personnes prenant ces médicaments signalent que leurs symptômes psychotiques persistent, mais que la réaction émotionnelle associée est amoindrie.
| • Les premiers médicaments tels que le Largactil et le lithium sont arrivés sur le marché avant que les théories du déséquilibre chimique ne soient proposées, et non à la suite de cette théorie. Les scientifiques cherchaient des “solutions miracles” comparables aux antibiotiques, et ils ont observé les effets sédatifs de ces produits chimiques sur des animaux de laboratoire.
• Les antipsychotiques plus récents appelés “atypiques” ciblent un plus large éventail de neurotransmetteurs, mais leur fonctionnement est fondamentalement le même que les médicaments plus anciens. Les fabricants commercialisent ces médicaments (qui sont plus chers que les anciens) comme étant plus efficaces et ayant moins d’effets secondaires, et ils ont été salués comme des miracles. Mais cela a été démontré inexact ; certaines entreprises, ayant dissimulé l’ampleur des effets secondaires tels que le diabète et le syndrome métabolique, ont dû payer plusieurs milliards de dollars de dommages et intérêts.
Voir aussi (3) (4) (5)
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• On entend souvent dire que les effets indésirables des médicaments sont dus à une “réaction allergique” ou à “une sensibilité aux médicaments”. Ceci est trompeur : les effets des médicaments psychotropes ne sont pas assimilables aux allergies alimentaires ou au pollen. Désigner les effets des médicaments comme “des réactions allergiques” ou dire aux gens “vous êtes sensible”, c’est traiter le problème comme s’il résidait dans la personne qui prend le médicament, non pas dans le médicament lui-même, lequel pourrait toucher n’importe qui.
• La dépendance aux benzodiazépines – Valium, Xanax, Temesta et Rivotril – est un énorme problème de santé publique. Le sevrage peut être très difficile : les benzodiazépines sont plus addictives que l’héroïne. Une utilisation de plus de 4-5 jours augmente considérablement les risques.
• On dit parfois aux gens qu’ils prennent une “faible dose” bien que cela puisse tout de même produire de puissants effets indésirables.
• Les médicaments psychotropes sont largement utilisés dans les prisons pour contrôler les détenu(e)s, dans les foyers d’accueil pour contrôler les enfants, et dans les maisons de retraites pour contrôler les personnes âgées.
• Les somnifères comme le Stilnox et l’Halcion, bien que parfois utiles à court terme, peuvent être addictifs, aggraver les troubles du sommeil au fil du temps, et causer de dangereux trous de mémoire, ainsi que des états altérés de conscience.
• Parce qu’ils fonctionnent comme les drogues récréatives, certains médicaments psychotropes sont même vendus dans la rue pour se défoncer. La consommation abusive de stimulants comme la Ritaline et de sédatifs comme le Valium est largement répandue. Ainsi, parce qu’ils sont disponibles facilement, l’utilisation illégale de médicaments psychotropes, y compris par des enfants, est répandue.
• La “guerre contre les drogues” obscurcit les similarités entre les médicaments psychotropes légaux et les drogues illégales. Les antidépresseurs ISRS et IRSN fonctionnent chimiquement de façon similaire à l’administration lente de cocaïne par voie orale. De fait, la cocaïne fut le premier médicament sur ordonnance commercialisé pour la sensation de bien-être qu’elle procure et ses effets antidépresseurs, avant d’être rendue illégale. Autrefois, la coca, la base de la cocaïne, fut même un ingrédient du Coca-Cola.
Lire la suite | Sommaire
I. Introduction
II. Réduction des effets nocifs
III. Nous sommes tous différents
IV. Regard critique sur les 'troubles mentaux' et la psychiatrie
V. Sevrage - introduction
VI. Psychotropes et cerveau
VII. Risques des psychotropes pour la santé
VIII. Effets du sevrage
IX. Avant de commencer un sevrage
X. Stratégies alternatives
XI. Etape par étape
XII. Considérations spéciales
XIII. Perspectives
Annexes : Bibliographie et remerciements
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