Avertissement Nous sommes heureux de relayer ce guide qui présente une excellente synthèse des arguments en faveur de l'arrêt des psychotropes. Attention Chaque situation est particulière, et il n'est aucunement recommandé, ni dans ce guide ni dans ce site, d'arrêter brutalement un psychotrope. Cette démarche demande impérativement un accompagnement correct. Neptune | Guide pour décrocher des médicaments psychotropes en réduisant les effets nocifsPublié par The Icarus Project et Freedom Center Traduit en français par le groupe "désaliéner", que nous remercions infiniment. The Icarus Project est une communauté internet, un réseau de groupes locaux et de projet-média créé par et pour les personnes aux prises avec des dons de folie communément étiquetés “maladies mentales”. Nous créons une culture et un langage nouveaux qui résonnent avec nos expériences réelles de la folie plutôt que d’essayer de faire correspondre nos vies aux cadres conventionnels. The Icarus Project www.theicarusproject.net email : info@theicarusproject.net Freedom Center est une communauté reconnue d’activisme, d’advocacy et de soutien basée dans l’Ouest du Massachusetts. Dirigée par et pour des personnes étiquetées comme ayant des troubles mentaux ou qui vivent des états extrêmes de conscience, le Freedom Center travaille pour l’accès aux alternatives holistiques, à un soin compassionnel, et pour la fin des traitements psychiatriques forcés. Freedom Center www.freedom-center.org | Sommaire I. Introduction II. Réduction des effets nocifs III. Nous sommes tous différents IV. Regard critique sur les 'troubles mentaux' et la psychiatrie V. Sevrage - introduction VI. Psychotropes et cerveau VII. Risques des psychotropes pour la santé VIII. Effets du sevrage IX. Avant de commencer un sevrage X. Stratégies alternatives XI. Etape par étape XII. Considérations spéciales XIII. Perspectives Annexes : Bibliographie et remerciements | |
Deuxième édition, juin 2012. Vos idées et contributions sont les bienvenues pour des versions futures de ce guide. Écrit par Will Hall. Publié par The Icarus Project et Freedom Center. Merci à : Ben Abelow, George Badillo, Amy Bookbinder, Dave Burns, Kent Bye, Mick Bysshe, Monica Cassani, Oryx Cohen, Colin, Mary Kate Connor, Laura Delano, Jacqui Dillon, Dionysia Dionysius, Marc Dinacola, Dianne Dragon, dreamer, Sascha Dubrul, Empties, Steve Fenwick, Marian B.G., Vikki Gilbert, Richard Gilluly, Rhiannon Griffitch, Chaya Grossberg, Molly Hardison, Gail Hornstein, Lee Hurter, Jenna, Jonah, Julie, Marianna Kefallinou, Ed knight, Inez Kochius, Peter Lehman, Paul Levy, Krista MacKinnon, Jacks Ashley McNamara, Tsuyoshi Matsuo, Pheepho, Suzanne Richardson, Olga Runciman, Alex Samets, Sarah Seegal, Seven, Janice Sorensen, Lauren Whitaker, Health Professional Advisors, et beaucoup d’autres collaborateurICEs et alliéEs. Couverture: Jacks Ashley McNamara. Conception artistique : Carrie Bergman (première édition) ; Seth Kadish et Cheryl Weigel (deuxième édition) Contribution artistique : Fly, Gheena, Will Hall, Miss Led, Jacks Ashley McNamara, Erick Ruin, Janice Sorensen, et Bec Young. Traduction française : Collective. Ce guide est disponible en téléchargement gratuit sur les sites internet d’Icarus Project et du Freedom Center, en version en ligne et prêt-à-imprimer. Disponible aussi en version anglaise, espagnole, allemande et grecque. Creative commons copyright 2012 :http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/. Traduction française : Août 2013. http://www.willhall.net/files/ComingOffPsychDrugsHarmReductGuide-French.pdf Vous avez par avance la permission d’imprimer, photocopier, partager, mettre en lien, et distribuer autant de copies que vous le voudrez, tant que vous précisez l’attribution des sources, que vous n’altérez pas le contenu, et qu’il n’y a pas de bénéfices commerciaux. Merci de nous contacter pour d’autres utilisations. info@freedom-center.org Avertissement médical Ce guide est écrit dans un esprit d’entraide et de soutien par les pair(e)s. Il n’a pas été conçu dans un but de conseil professionnel ou médical. Alors que chacun(e) est différent(e), les médicaments psychotropes sont puissants et arrêter soudainement ou sans accompagnement peut parfois être dangereux. Revenir au sommaire Table des matières
Introduction à la version françaiseVoilà. Nous, là, quelques personnes croisées sur “désaliéner”, petit réseau hexagonal qui trame pour articuler une résistance critique à l’égard de la psychiatrie et de son monde, nous avons eu la chance de pouvoir lire en anglais une brochure trouvée sur le site états-unien d’un collectif appelé The Icarus Project (vous en apprendrez plus sur elles/eux dans les pages qui suivent). Cette brochure nous a plu, on l’a traduite, c’est elle que vous avez entre les mains. Pourquoi vouloir porter cette parole de ce côté-ci de l’atlantique ? D’abord parce qu’à ce jour on ne connaît pas sur le sujet de document équivalent de cette qualité en français. Ensuite, parce que l’anglais possède certains verbiages qui nous boostent, qu’on voudrait pouvoir introduire dans nos discussions... Comme l’idée de peer recovery movement qui, dans un learning process et une flexible and pragmatic approach, veillerait à nous empowered about medication issues, en développant le self care et les personal insights de chacun(e). Vous y comprenez que couic ? Le corps du texte détaille tout ça ; on a tenté de traduire... avec des difficultés. La première, la plus flagrante : peut-on traduire “harm reduction” (textuellement : “réduction des maux”) par “réduction des risques” (terme apparu en France à la jonction de la lutte contre le SIDA et de celle pour la reconnaissance des droits des usagèr(e)s de drogues), y a-t-il similitude dans les démarches, dans les connotations surtout ? Pas sûr... Ces questions restent pour nous ouvertes. On vous passe le reste de la cuisine interne (le “drugs” qui veut dire drogues mais aussi... médicaments). Ce qui est sûr, c’est que quand on n’a pas les mots, on peut moins bien penser les choses, et quand il s’agit de se lancer dans l’arrêt ou la diminution de ses traitements psy, on se lance souvent dans l’impensable, l’impensé ; le discours de la réaction institutionnelle psychiatrique est tellement obtus sur la question, tellement martelé (“ce petit cachet vous allez le prendre à vie, point barre”), qu’il est pour beaucoup difficile d’imaginer pouvoir reprendre un certain contrôle sur la pharmacopée ingérée quotidiennement. Le renouveau apporté par une langue étrangère dans ces problématiques nous a donc paru intéressant. Mais aussi, la vigueur, la richesse, la fécondité des mouvements des 60s-70s aux États-Unis qui irriguent le texte : quand il est question de santé “holistique” par exemple, qui brasse les thérapeutiques, en incluant le rapport à la nourriture, au sommeil, au travail, au sport, le contact avec la nature, le travail sur son trauma, la pratique spirituelle et les alternatives de bien-être... Forcément ça peut faire tiquer le militant lambda hexagonal et urbain qui se déplacerait essentiellement sur du béton et souhaiterait, paradoxe, garder en tous points les pieds sur terre. Ouais des fois le texte fleure le hippie, l’ésotérisme New Age, à première vue ; mais si on s’autorisait chouïa, pour une fois, à explorer d’autres champs que le rationnel, le matériel, le soldatesque du politique, puisqu’il s’agit de brindezingue? Puisqu’il s’agit d’être humain dans cette société bétonnée ? Parce qu’en fin de lecture, on en finirait presque par conclure que se faire du bien, ben ça peut aussi être politique ! Et puis, il y a d’autres signes importants de connivence : – l’enracinement d’Icarus Project dans le réseau politisé alternatif nord-américain, – l’importance accordée au fait d’apporter des solutions accessibles à tous financièrement, – le refus de toute forme d’oppression et de discrimination, – la volonté de développer une “santé mentale radicale” au sein d’une lutte plus large pour la justice sociale, – la méfiance vis-à-vis de sectes, telles que la scientologie, qui tiennent des discours contre la psychiatrie pour mieux promouvoir la logique absurde et mercantile de leur propre “traitement”, – la volonté de développer des outils d’autonomisation vis-à-vis du maillage psychiatrique institutionnel, – le souci d’être précis et rigoureux dans la démarche (par exemple, conseiller de demander un traitement sécable ou sous forme liquide, dont les doses puissent facilement être réduites en autogestion, plutôt que des comprimés à libération prolongée, qui ne doivent pas être coupés). Cela peut faire écho à certaines dynamiques locales et nous donne l’impression formidable de pas être seul(e) et d’avoir quantité de cousins-cousines en Amérique ! Bon, qui dit bonne parole, dit diffusion libre et gratuite, copyleft et tout le bazar, alors ne vous gênez pas pour faire circuler le matériel. Revenir au sommaire Notes de l’auteurVoici un guide que j’aurais aimé avoir lorsque je prenais des médicaments psychotropes. Le Prozac m’a aidé quelque temps, puis m’a rendu maniaque et suicidaire. J’ai été malade des jours durant après avoir arrêté de prendre du Zoloft, tout en étant accusé par des thérapeutes de simuler. Les infirmières qui m’ont prélevé le sang pour contrôler mon niveau de lithium ne m’ont jamais expliqué que c’était pour analyser la toxicité médicamenteuse, et on m’a dit que le Navane et d’autres antipsychotiques que je prenais pour calmer mes états de grande nervosité étaient nécessaires en raison d’un dysfonctionnement dans mon cerveau. J’ai pris beaucoup de médicaments psychotropes différents pendant plusieurs années, mais les professionnels médicaux qui me les prescrivaient n’ont jamais cherché à renforcer mon autonomie ou à m’informer. Ils/elles ne m’ont pas expliqué comment les médicaments agissaient, n’ont pas discuté honnêtement avec moi des risques encourus, ne m’ont pas proposé d’autres alternatives, ou ne m’ont pas aidé à me sevrer quand j’ai voulu arrêter d’en prendre. L’information dont j’avais besoin était manquante, incomplète, ou inexacte. Quand j’ai finalement commencé à trouver des moyens d’aller mieux sans médicaments, ce ne fut pas grâce au système de santé mentale, ce fut malgré lui. Une partie de moi ne voulait pas vraiment être sous médocs, mais une autre partie avait désespérément besoin d’aide. Mes souffrances étaient très sérieuses – multiples tentatives de suicide, voix de persécution, extrême méfiance, sentiment d’étrangeté, je me cachais seul dans mon appartement, incapable de prendre soin de moi-même. L’aide thérapeutique n’a pas fonctionné, et personne ne m’a offert d’autres options. On me poussait à considérer que mes problèmes étaient d’origine “biologique” et “nécessitaient” un traitement médicamenteux, au lieu de voir les médicaments comme une option parmi d’autres. Pendant un temps ce traitement me semblait être le seul moyen de m’en sortir. Cela m’a pris des années pour comprendre qu’en réalité les réponses, et mon espoir d’aller mieux, résidaient en moi. Quand j’ai finalement quitté les hôpitaux, les résidences aménagées, et les centres d’hébergement d’urgence dans lesquels j’ai vécu pendant près d’un an, j’ai commencé ma propre recherche. Je me suis mis à évaluer mes options avec plus d’attention, en me basant non pas sur des autorités mal informées qui me dictaient quoi faire, mais sur mes recherches et sur mes apprentissages personnels. Ce processus m’a amené à co-fonder le Freedom Center, une communauté de soutien dans l’Ouest du Massachusetts qui rassemble des personnes se posant les mêmes questions. Via le Freedom Center, j’ai découvert qu’on me refusait un droit médical fondamental: le consentement éclairé, autrement dit le fait de recevoir des informations précises sur mon diagnostic et mon traitement. J’ai appris que les mauvais traitements que j’ai subis sont monnaie courante dans le système de santé mentale. J’ai retrouvé des recherches ignorées par les médias dominants, comprenant des études MIND, une organisation caritative du Royaume-Uni, et de la Société Britannique de Psychologie, qui ont confirmé mon expérience : la plupart des professionnel(le)s ignorent comment arrêter de consommer des médicaments, et vont jusqu’à faire obstacle à leurs patients dans cette voie, en finissant parfois par leur faire du mal. Le Freedom Center m’a amené à travailler avec Icarus Projet, et ensemble ces communautés d’entraide mutuelle ont aidé de nombreuses personnes à prendre des décisions plus avisées – que ce soit pour rester sous médicaments quand ils sont utiles, ou pour explorer la possibilité de les arrêter quand ils ne le sont pas. Beaucoup d’entre nous vivent sans les médicaments psychotropes que les médecins nous ont dit devoir prendre toute notre vie, et malgré un diagnostic de schizophrénie dysthymique, cela fait plus de 15 ans que je n’ai pas pris de médocs. Ce guide rassemble la meilleure information que nous ayons découverte et les leçons les plus importantes que nous ayons apprises à travers le Freedom Center et The Icarus Project. Ça n’est pas parfait, et je vous invite à contribuer à de futures éditions par vos expériences et vos recherches, mais c’est un guide qui, je l’espère, sera utile. – Will Hall Revenir au sommaire Lire la suite |
Faut-il arrêter les psychotropes ? - Chapitre I - Introduction
Par Neptune
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