Bonjour Mr Copper Lebrun
Vos remarques sont judicieuses, et gagneraient à être postées directement dans les commentaires qui suivent cette vidéo.
J'ajouterais que le dépistage est une notion médicale de détection des prodromes d'un trouble ou d'une maladie, et s'il est relativement sûr dans le cas par exemple du cancer du colon pour les personnes de plus de 50 ans, il est effectivement totalement inadapté pour des adolescents, tandis que la prévention, elle, se base sur des mesures "prophylactiques" d'hygiène (mentale en l'occurrence), tandis que les campagnes actuelles sur la schizophrénie, ne font pas de prévention, mais du pré-traitement.
Ce qui est radicalement différent : sur 100 jeunes suspectés (et la question ouverte et sans réponse étant déjà "sur quelles bases ?") de pouvoir développer ultérieurement une schizophrénie, la réalité est que moins de 10% développeront effectivement une schizophrénie, mais ce qui est important, c'est qu'on ne sait pas dire lesquelles.
A contrario, les finlandais d'Open Dialogue font de l'intervention précoce en cas de crise avérée, et évitent ainsi à 70% des adultes toute prise de neuroleptiques. On ne connaît pas le chiffre pour les jeunes, mais il est certainement encore plus élevé.
Le prétraitement étant extrêmement iatrogène, cette campagne de dépistage est donc néfaste en terme de santé publique. Elle part du même principe que le vaccin qui, lui, est efficace et très rarement iatrogène, mais la différence de taille est que cette "prise en charge" précoce est, elle, très iatrogène.
Pour deux raisons :
1. L'incitation à consulter, pour les parents comme pour le jeune, est stigmatisante et ne peut que le conduire à rejeter toute forme de thérapie puisqu'il n'est pas demandeur dans 99% des cas. Et donc les probabilités de développer un jour une schizophrénie ne sont pas diminuées au contraire.
2. Il est iatrogène aussi parce que les psychiatres, par "principe de précaution", vont administrer rapidement des antipsychotiques (la risperidone/Risperdal par exemple a une AMM pour les moins de 18 ans), dont on sait par ailleurs qu'ils ont pour effet de perturber le développement cérébral, fondamental à cet âge. Il est même fréquent que soient administrés des antipsychotiques sans AMM pour les moins de 18 ans. Donc pour "prévenir" une maladie qui n'est pas avérée, on en injecte une réelle.
Cette campagne a été dénoncée en son temps par Hélène VERDOUX, qui n'est pas vraiment une "antipsychiatre" puisqu'elle est professeur de psychiatre, très connue, chef de service au CHU de Bordeaux. En 2013 elle écrit dans un ouvrage destiné aux étudiants et confrères :
L'absence de démonstration d'un réel bénéfice à long terme des programmes de dépistage va, espérons-le, contribuer à modérer l'enthousiasme et le prosélytisme actif qui a prévalu pendant quelques années concernant la mise en place de ces programmes, et donc l'extension des indications des antipsychotiques aux sujets à haut risque.
Hélène Verdoux, Professeur de Psychiatrie, CHU de Bordeaux, 2013 "Les antipsychotiques", Lavoisier En savoir plus ...
Avec tous nos encouragements,
Dernière édition par Neptune le 14/4/2018, 17:29, édité 2 fois