La menace de contention pour obtenir la compliance ... est-ce thérapeutique ?
La contention physique est souvent, dans les faits, utilisée comme moyen de pression, d'autant plus "efficace" sur le court terme dans le "comportement" et la "compliance", que la personne a déjà eu à subir une contention.
Les faits
Les patients sont fortement incités à signer des "contrats de soins" tel que celui que nous vous montrons ci-dessous, rédigé et signé par un psychiatre en internat aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg.
Peu importe que le patient soit déjà sous haute dose de camisole chimique, accepte verbalement et dans les faits, un lourd traitement et n'ait aucune envie de résister, de ne pas signer.
Il signe pour qu'on le laisse tranquille. S'il refuse, il sait bien qu'il portera une étiquette de réfractaire, ses moindres faits et gestes seront qualifiés de "non compliance aux soins", et son dossier s'alourdira de jour en jour. Le médecin, lui, pense avoir obtenu une soumission. Il croit alors être dans son droit du fait de cette signature. En réalité, ce "médecin", censé aider et soigner, n'a fait que graver dans le marbre du contrat, la différence fondamentale qu'il revendique : "je suis soignant et sain d'esprit, j'impose et obtiens de mon assujetti, être inférieur et dénué de raison, une soumission officielle, que je pourrais utiliser, que nous pourrons utiliser dès que ce "patient" manifestera la moindre objection, élèvera le ton, craquera en refusant temporairement d'ingurgiter la camisole".
Comme le dit André Laubscher (1), le soignant vient alors de s'aliéner lui-même.
En pratiquant la menace et l'abus d'autorité, il détruit d'un geste toute la confiance que pouvait faire à l'institution ce patient. Confiance qui existait. Le patient était parfaitement capable d'accepter verbalement, sans signer ce papier humiliant, la médication. Et c'est ce qu'il faisait. Au contraire, le "médecin" a ainsi - et par d'autres comportements en ce qui concerne ce médecin particulier - compromis l'évolution des soins, et établissant clairement que la "relation thérapeutique" est un rapport de force, et non un rapport de collaboration.
Consulté à postériori, le directeur de l'unité a tenté de défendre ce contrat, pour reconnaître finalement qu'il était "maladroit".
Les conséquences
La personne concernée a, quelques mois plus tard, refusé d'être conduite à l'hôpital par le SAMU pour une urgence non psychiatrique.
Le "médecin" en question est connu d'autres patients pour son attitude provocatrice : interdiction de sortie pour avoir rapporté un insigne religieux lors de l'enterrement d'un proche (interdiction annulée le lendemain par un autre médecin), interdiction de visite au conjoint sous prétexte que suite à sa visite le patient était "agité", sans prévenir le conjoint de l'interdiction, etc. etc.
Nous vous encourageons à refuser de signer de tels papiers, sans pour autant refuser le dialogue entre adultes. Prendre soin de vous ne signifie pas vous infantiliser par de telles méthodes.
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