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La contention, son histoire et son mode d'emploi, telle qu'enseignée en IFSI

Par Neptune 

le 08/09/2013 

0 lectures

D'après l'exposé de Laurence et Romain, étudiants IFSI.

Dernière mise à jour : 13 juin 2014




Introduction


    L'histoire de la psychiatrie est aussi celle de l'attachement des "aliénés", puis "malades mentaux", puis "personnes atteintes d'un trouble mental".... Les termes changent, mais on attache toujours, dans la plupart des hôpitaux, en prétextant l'impossibilité de faire autrement... Alors que certains établissements montrent qu'il est possible de soigner une personne très agitée, voire dangereuse, sans l'attacher.

    En lisant attentivement, vous comprendrez comment s'effectue la préparation psychologique des infirmiers et aide-soignants : par le silence et le manque d'enseignement des alternatives. S'habituer à l'idée et s'efforcer de justifier des actes qui seront, et cela est démontré dans d'autres articles, sans nécessité thérapeutique. Nous nous excusons de devoir le rappeler  : en tout temps, la torture a toujours été obtenue de gens comme vous et moi par le conditionnement de nos esprits, avec la répétition de mensonges tels que "on ne peut pas faire autrement" ou "c'est un acte médical".

    Nous ne cherchons pas à critiquer l'ensemble du corps des infirmiers et des aides-soignants par cet article :  rappelons que ces personnes font 95 % du travail, notamment la nuit et le week-end, dans des conditions difficiles dont ils ne sont pas responsables. L'attachement est fait par prescription, ordre de médecins qui n'assistent pas, la plupart du temps, à cette humiliation, cette torture inutile et anti-thérapeutique. Le seul résultat de la contention est la rupture, l'aggravation de l'état mental, l'humiliation, sans compter le risque (un pour 1000) de décès.

    La preuve qu'il est possible de ne plus attacher des "malades difficiles" est que dans au moins deux importants hôpitaux publics français habilités à recevoir et soigner ces patients, la contention par attachement est proscrite 1 2. Il vous appartient, en tant qu'infirmier, médecin, patient, ou simple citoyen, de faire chaque jour pression, comme nous le faisons à Strasbourg, pour que soit le cas aussi dans votre ville ou quartier.

    Nous dénonçons, pièces à l'appui, l'emploi également de la contention comme menace. 

    Dans d'autres articles, nous examinons les lois, qui, même insuffisantes, sont contournées ou tout simplement bafouées.

    Vos propositions sont les bienvenues.

Neptune



Définition




    La contention en médecine désigne tout dispositif médical ou procédé destiné à immobiliser l'intégralité ou une partie du corps.

    "Elle peut être employée en psychiatrie à des fins thérapeutiques : la contention consiste en différentes techniques visant à contrôler par des moyens physiques un épisode violent du comportement d'un patient."


Images d'archives



contention - corset de force Le corsage de force

Entraves pour le  corsage de force contention psychiatrie : Entraves pour le corsage de force

Contention psychiatrie : Combinaison de forceCombinaison de force

Liens utilisés chez les "fous"Contention psychiatrie : Liens utilisés chez les fous

liens de contention psychiatrie
liens de contention psychiatrie
Le lit et le fauteuil avec liens de contention


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La contention à travers les siècles





Au Moyen Age


    Le malade mental était le plus souvent "soigné" à domicile, il était en général nécessaire d'attacher «les fous furieux ».

    Ce recours semblait alors traduire l’attention des  proches qui veillaient à protéger le fou de lui-même tout en préservant la sécurité de chacun. Les moyens de contention ne permettaient pas d'isoler mais de maintenir le fou dans sa famille ou dans la communauté.

Plus tard


    Il s'agira d'enfermer les errants, les déviants de toutes sortes, dont les fous. Isolement et contention seront alors utilisés non plus pour maintenir à domicile mais pour assigner une place, pour emprisonner, pour exclure.

Au "siècle des lumières"


    Un peu partout en Europe, les fous sont enfermés, parfois nus, dans d'étroits cachots, et nourris par des guichets au moyen de récipients de cuivre attachés à des chaînes. On utilise des camisoles de force et des chaînes fixées au mur et au lit pour immobiliser les malades en se fondant sur la théorie que "plus la contention est douloureuse, meilleurs sont les résultats obtenus".

La révolution française


    Sa remise en cause de l'arbitraire royal va interdire les lettres de cachet et différencier l'insensé du prisonnier ordinaire.

    Le fou devient un malade qu'il faut traiter par l'art de l'aliéniste. Si Pinel libère les aliénés de leurs chaînes, il n'en supprime pas pour cela l'isolement et la contention. Pinel, et surtout Esquirol, vont, au contraire, faire de l'isolement un des concepts centraux du traitement moral.
    La loi du 30 juin 1838 va institutionnaliser l'isolement en créant l'asile.


    Philippe Pinel ContentionPhilippe Pinel est nommé médecin-chef de Bicêtre en 1793. Il conçoit, avec son surveillant Jean-Baptiste Pussin, le projet de l'abolition des chaînes.

    « J’ai la conviction que ces aliénés ne sont si intraitables que parce qu’on les prive d’air
    et de liberté »
    .

    Il retire les chaînes mais introduit la camisole de force.


Période "moderne" de 1838 à nos jours


    En l’absence de traitement sédatif l'usage traditionnel de la contrainte physique, afin de maintenir l'ordre dans les hospices, constitue le modèle du travail de «surveillant» en psychiatrie.

    Ce modèle sera renforcé par la double mission de la psychiatrie française (d'abord par la loi de 1838 puis celle de 1990) qui associe soin et maintien de l'ordre social.

    La loi du 30 juin 1838 est une loi promulguée sous le règne du roi Louis-Philippe, dite "Loi des aliénés", qui traitait des institutions et de la prise en charge des malades mentaux. Cette loi est restée presque complètement valide jusqu'en 1990.

    Avant 1838, n'importe qui pouvait faire hospitaliser quelqu'un d'autre, ce qui constituait un sérieux problème, en raison d'abus : certaines personnes, sous prétexte de folie, étaient ainsi envoyées à l'asile, et leurs biens étaient récupérés par la famille ou les proches. D'autres part, les conditions d'internement étaient mal définies et de nombreux internés vivaient encore dans des conditions misérables.

    Cette loi permit trois grands apports à la psychiatrie française et au traitement des malades :

    • Institution d'un établissement psychiatrique par département.
    • Meilleures conditions d'internement des malades : la loi permit par exemple la mise en place d'activités rémunérées pour les malades à l'intérieur des établissements.
    • Notion de placement volontaire et de placement d'office.


    Au 20ème siècle, ni la découverte des neuroleptiques, ni l'utilisation des psychothérapies, ni la place du secteur psychiatrique (qui renvoie à une philosophie de soin rigoureusement inverse) ne permettront d'abolir la contention et l'isolement, à tel point qu'il apparaît aujourd'hui impossible de se passer de ces techniques dans les situations de violence. 2

2 C'est faux et c'est un exemple classique et maintes fois entendu de mensonge destiné à habituer les consciences de futurs infirmiers, à pratiquer cette torture. On peut l'abolir, comme le démontre André Laubscher dans "Vers une psychiatrie sans contention", et comme le fait concrètement un hôpital du Sud de la France et un hôpital parisien accueillant des "malades difficiles" et ne pratiquant pas la contention


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Aujourd'hui





Aujourd’hui, la contention dans les hôpitaux est régie par :

  • la Loi n° 90-527 du 27 juin 1990
  • le code de la santé publique L3211, L3212 relatifs aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions d’hospitalisation. 3
3 C'est faux. Le mot "contention", ni aucun synonyme, n'est présent dans ces lois.  Les étudiants ne vérifient pas, et sont ainsi convaincus qu'ils respecteront la loi... Une minorité renonce ainsi à faire ce métier en service psychiatrique, qui pourtant est le plus intéressant et passionnant

La contention est un acte thérapeutique appliqué dans les cas suivants :

  • Prévention d'une violence imminente d'un patient envers lui-même ou envers autrui, quand les autres moyens d'apaisement ou de sécurité ne sont pas efficaces, ne sont pas suffisants ou ne sont pas appropriés.
  • Prévention d'un risque de rupture thérapeutique alors que l'état de santé impose des soins et que les autres moyens disponibles ne sont pas efficaces, ne sont pas suffisants ou ne sont pas appropriés.


Les contre-indications sont l'utilisation de la contention comme punition, répression, ou dans une recherche de confort du service aux dépens du patient. 4
4 Ces bonnes intentions sont hélas très souvent non suivies d'effet. Tant que la contention n'est pas interdite, il se présentera toujours des situations ou des personnes qui sembleront justifier l'usage de la contention. L'utilisation de la contention est, pour les médecins, un aveu d'échec de la relation, ou tout simplement une "vengeance" face à une indiscipline qui remet en cause leur autorité intellectuelle ou locale. L'abolition de la contention permettrait de réconcilier une grande partie des patients ponctuels, présents ou potentiel, avec la psychiatrie https://www.forumpsy.net/t225-la-contention-par-attachement-en-psychiatrie-utilisee-comme-menace-les-effets-devastateurs-sont-garantis

Les contre-indications somatiques regroupent les pathologies cardiaques, respiratoires, circulatoires, ou traumatiques incompatibles avec le maintien dans la position contenue.

La pose de contention doit répondre à deux intérêts : assurer la sécurité du patient et/ou de son entourage lorsqu'il existe un danger pour le patient ou son entourage. Cependant, hormis le cas de l'urgence, il n'appartient pas à l'infirmier de prendre la décision de poser des contentions à un patient.

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Extrait de la publicité de la société Winncare qui fabrique du matériel de contention en France :

"Les dispositifs de contention au lit WINN'SAVE®️ délivrés sur prescription médicale, ont été spécialement conçus pour restreindre la liberté de mouvement des personnes aux facultés psychiatriques altérées, pour prévenir et éviter le risque de chute, limiter les périodes de déambulation ou permettre l'administration d'un soin."contention psychiatrie publicite

La contention se fait sur prescription médicale



Elle se définit comme la limitation de l’autonomie du patient et de ses mouvements au moyen d’un procédé mécanique.

"La contention ne limite pas les contacts relationnels du patient".

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Les différents types de contention




  • Isolement (réduction de l’espace)
  • Camisole (garde l’autonomie de la marche)
  • Ceintures à bracelets pour les membres
  • Sangle abdominale 4
4 Nous n'avons connu que des cas de contention où 3 de ces moyens ont été employés simultanément, sans parler des sédatifs (Loxapac) acceptés ou injectés.


Le rapport de l'ANAES mentionne les risques de décès liés à la pose de contention : strangulation, par asphyxie ou résultant de traumatismes liés à la contention.

L'exemple de patients décédés, étranglés, par le matériel de contention alors qu'ils avaient glissé entre la barrière du lit et le matelas en tentant de descendre du lit est souvent rapporté.

Malgré le manque de données épidémiologiques précises 5 ces événements sont estimés responsables d'un décès sur 1000.
5
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté demande, sans succès, depuis bientôt 10 ans, qu'un registre des contentions soit tenu. Contentions et décès dûs aux contention ne sont en réalité pas suivis ! Les hôpitaux ne veulent pas savoir ce que sont les suites psychologiques, psychiatriques, et létales de la contention qu'ils affirment pourtant être un "acte médical"
.

Ce n'est qu'en 2016 que le projet de loi sur la santé, va enfin, nous l'espérons imposer qu'un registre administratif (et non des pièces éparses du dossier médical) trace l'ensemble des mises en contention et mises à l'isolement. On pourra enfin connaître les chiffres, que l'on devine de toutes façons excessifs au vu des multiples témoignages dans lesquels les services fermés ont quasiment tous, chaque semaine, plusieurs personnes mises en contention.




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Surveillance et rôle de l'infirmier(e)





    Il est important qu'une surveillance écrite et programmée soit organisée à intervalles réguliers.

    Les modalités de la surveillance peuvent se faire au regard des circonstances suivantes :
    ☞ Risques à gérer liés à la contention,
    ☞ Les besoins et les risques spécifiques liés à l'état de santé du sujet maintenu.


    • Mettre le patient en pyjama.
    • Etre vigilant à l’état général, vérifier les signes vitaux toutes les heures.
    • Attention aux simulations de malaise, éviter les dangers, vérifier la fermeture de la porte.
    • Ne pas ouvrir la chambre seul.
    • Expliquer la contention.
    • Rassurer le patient.
    • Avoir attitude et propos fermes mais rester ouvert .
    • Ne pas hésiter dans les réponses.
    • Aider le patient à verbaliser.


    Surveiller l’hydratation :
    On lui proposera de boire lors des passages et l’on quantifiera les entrées.
    Il est important de vérifier l’hydratation du patient en surveillant l’absence de signes de déshydratation (pli cutané, bouche sèche, langue rôtie…)

    Surveiller l’Alimentation :
    On ne mettra pas de couverts en verre, ni de couteau mais des couverts en plastique et un gobelet en plastique.

    Surveillance de l’état cutané :
    Des lésions suite aux efforts du patient pour se dégager des contentions tels que prurit, érythème de contact, macérations plaies, escarres et  douleur peuvent s’installer.

    Lésions locomotrices causées par ankylose, perte de l'habitude du mouvement, l'ostéoporose d'immobilisation, peuvent se rencontrer.

    Surveillance de l’élimination :
    Proposer à chaque passage en chambre d’aller aux toilettes (attention au risque infectieux dû à la stase urinaire),
    Surveillance des selles, des urines et de la transpiration (quantifier, noter dans fiche de suivi).
    Ne pas mettre ni urinal ni bassin (éviter le risque de projection).


tableau de surveillance contention psychiatrie



- Fin de l'article -


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Dernière édition par Neptune le 28/9/2018, 23:25, édité 34 fois

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Fleur

Par Fleur

 9/9/2013, 10:02
Merci à Neptune pour ce rappel de l'Histoire en quelque sorte de la contention.
C'est à la fois passionnant et effrayant de comprendre d'ou vient la contention ;et de réalisé à la fois le peu de progrès sur ce sujet ...

J'ai aussi vécu plusieurs fois la contention avec les 3 points décrits par Neptune (mais avec un autre calmant).
Une fois je n'ai pas eu le droit d'aller uriner alors que je n'arrivais pas avec leur bassin.
J'ai un sérieux problème de dos et leur sangle ventral me serait terriblement, je ne peux pas rester dans la même position plusieurs heures...
Une autre fois je les avaient supplier de ne pas me donner leurs gouttes trop fortes pour moi, 50 gouttes de tercian (je suis limite allergique à certains produits). Losqu'ils m'ont libérés et après une nouvelles prises de 50 g de tercian : au petit déjeuner assise je suis tomber dans les pommes c'est un patient qui m'a retenu car je me suis écroulée sur bol ... les infirmières m'ont données quelques gifles pour me réveiller ma tension était tombée à 6 No 

J'espère que j'ai le droit de répondre ici sinon désolée et remetter mon post au bon endroit !

Aaah, c'est toujours aussi choquant. C'est typiquement le genre de cours que je ne me vois pas accepter sans broncher quand je serais face au prof.

Le rapport de l'ANAES mentionne les risques de décès liés à la pose de contention : strangulation, par asphyxie ou résultant de traumatismes liés à la contention.

L'exemple de patients décédés, étranglés, par le matériel de contention alors qu'ils avaient glissé entre la barrière du lit et le matelas en tentant de descendre du lit est souvent rapporté.

Malgré le manque de données épidémiologiques précises (NDLR : ! ! ! ! ), ces événements sont estimés responsables d'un décès sur 1000.
Cette partie, notamment, me choque moi aussi (en même temps, le contraire serait bizarre).
Et puis bon, dire que la contention ne limite pas les contacts relationnels du patient, c'est un peu se moquer du monde quand même. De ce que j'en ai vu, les patients sont enfermés dans leurs chambres, seuls, et ne voient que les infirmiers une fois par heure (quand ceux-ci respectent leur planning).
La solitude est belle et bien là.

Bref, je vais continuer à lire ^^

avatar

Par doudou

 16/2/2017, 16:49
EXCELLENT ARTICLE

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Par CamilleT

 21/7/2018, 17:19
Actuellement en formation ES, sur Strasbourg, je prépare un mémoire sur la Contention.
Vous semblez dire dans cet article qu'une structure sur Strasbourg fonctionne sans contention.
J'aimerais en savoir plus à ce propos. De quel type de structure s'agit il ? Est il possible d'en avoir le nom? ou un contact avec qui s'entretenir à ce propos?

Merci d'avance.

Bonjour CamilleT

Pourquoi un mémoire sur la contention dans des études d'éducateur spécialisé ? Vous envisagez de travailler dans un lieu - Institut pour personnes hautement handicapées, IME, autre, où la contention se fait pendant des heures voire plus parce que l'on ne sait pas faire autrement ? (alors qu'il existe en France des centres pour le même public, sans contention mais avec une réelle volonté de ne pas le faire, où on sort, on va à la piscine, on joue, on apprend à lire, etc.)

Si vous repassez par ici parce que vous êtes réellement motivé(e), merci de nous donner plus de détails.

Dans l'attente,

PS : vous avez mal lu, nous ne parlons pas de lieux sans contention à Strasbourg, tout simplement parce qu'à notre connaissance il n'y en pas. Nous voudrions vraiment nous tromper. Par contre le CHU de Strasbourg, qui devrait donner l'exemple, attache les personnes agitées dès leur arrivée, et pendant plus de 20 heures, alors que l'effectif est au complet le vendredi matin par exemple, et donc en violation flagrante de la loi de 2016 sur la contention et l'isolement.

Neptune

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