Dimitri Fargette à l'hôpital Saint-Ylie : synthèseDimitri F., 33 ans, du fait de son handicap profond, n'a pas d'autre possibilité que de vivre à plein temps, depuis sa majorité, à l'hôpital. Saint-Ylie ne fait pas exception à la dérive pharmacologique, qui consiste à administrer des doses massives de psychotropes et ainsi aggraver l'état de Dimitri. Isolé dans sa chambre du matin au soir, il est de plus en plus fréquemment attaché à son lit : on appelle cela une "contention thérapeutique" dans le milieu psychiatrique, et une prescription est délivrée chaque jour "en cas de besoin". Oedemes, membres très abimés, piqûres d'anticoagulants prouvent la fréquence et la durée des attachements. Loin de chercher à améliorer les soins apportés à Dimitri à la demande de plus en plus pressante de la famille, l'hôpital sanctionne et agit d'autorité à tour de bras, ne faisant rien pour calmer l'escalade des communiqués, au contraire. - plaintes répétées contre Nicolas frère de Dimitri, avec interdiction de visites en sus - plainte (sans suite) contre Neptune, seule association à avoir pourtant réussi à faire établir un contrat de bons comportements entre l'hôpital et la famille - déni de confiance à la famille : obtention d'une hospitalisation d'office à la demande du représentant de l'état, en lieu et place de l'hospitalisation à la demande d'un tiers, la mère et tutrice légale de Dimitri, qui n'était pas remise en cause par cette dernière. - menace d'intervention auprès du juge des tutelles suite à la diffusion d'images de contention, non suivie d'effet Soutenu par le préfet et par l'Agence Régionale de Santé, l'hôpital est dans une situation bloquée, face à la population du Jura qui désormais manifeste son soutien à Dimitri dans la rue. Seule l'intervention de la justice, des ministères compétents, sous votre pression, pourra sauver Dimitri d'une issue fatale à court terme. Quels sont les arguments de l'hôpital ?Le manque de personnel et l'hétéro-agressivité fréquente de Dimitri sont les motifs invoqués par le CHS pour ce traitement ; de même, l'hétéro-agressivité est le motif invoqué par le médecin pour annuler une démarche de recherche de maison d'accueil spécialisée (MAS), malgré l'agrément MDPH obtenu pour ce type de placement. A notre question "combien faudrait-il de personnel supplémentaire pour permettre à Dimitri de déambuler librement dans le service ?", la réponse est "6 à 9 personnes", sur un effectif total de 20, pour 23 patients dans le service. Pourtant, il existe en France des lieux de soin pour ce type de handicap, sans médicament y compris pour des personnes avec des symptômes hétéro-agressifs lors de leur admission, et avec le même rapport d'effectif entre soignants et handicapés. Saint-Ylie n'annonce aucune recherche ni intention d'avancer dans cette direction et de s'inspirer des méthodes qui réussissent ailleurs, et c'est bien ce que nous regrettons. De surcroit, la famille en souffrance est particulièrement malmenée par les responsables, comme nous le relatons ci-après. Au point que, lors d'une réunion de conciliation, il est suggéré à la famille de suivre elle aussi un traitement psychologique ! Pour la psychiatrie, toute contestation des méthodes, et toute révolte ne peuvent avoir comme cause qu'un désordre mental. "Hétéro-agressivité" ? Pourtant Dimitri passait, jusqu'à la décision hospitalière et préfectorale de fin 2014, la plupart de ses week-ends au domicile familial, allait aux bains, et 12 personnes (notamment les responsables de l'établissement de bains, les voisins...) ont attesté en bonne et due forme que Dimitri avait un comportement tout à fait sociable, et aucun incident n'a été rapporté. Sans oser le dire clairement, l'hôpital et sa commission médicale, imputent à la famille de Dimitri tout ce qui ne va pas : "relation trop fusionnelle", "éloignement nécessaire". Autant de termes venus de Donald Winnicott, un psychanalyste qui a malheureusement influencé des générations d'étudiants en psychiatrie, causé la séparation enfants / parents, et culpabilisé les mamans d'enfants autistes, et totalement désavoué dans les pays anglo-saxons aujourd'hui... mais pas en France. Aussi le directeur annonça-t-il un "changement de stratégie" à Mme Fargette en Janvier 2015, consistant à déplacer Dimitri dans une "unité pour malades difficiles" spécialisée (ndlr : les UMD sont les lieux d'enfermement des personnes réputées dangereuses), en parlant de Lyon, Nancy, et même Cadillac. Le manque de place dans ces lieux fait échouer cette mesure inquiétante. Il finit par mettre en place un "roulement" : celui-ci consiste à faire séjourner Dimitri 6 semaines dans chaque unité de l'hôpital, sous couvert de mesure thérapeutique... L'année 2014 : le tournantLes relations entre l'hôpital et la famille de Dimitri étaient depuis des années émaillées d'incidents : constat de manque d'hygiène, contentions sur de longues durées, inquiétude quant à la santé de Dimitri, une plainte plainte, classée sans suite, suite à des blessures, etc. C'est en janvier 2014 que la situation devint insupportable à la famille Fargette. Dimitri est hospitalisé pour une infection pulmonaire, la famille est très inquiète car la communication se fait dans la précipitation et l'imprécision. Comme elle fait suite à une longue période d'attachement (9 jours), que les visites sont interdites durant ces périodes, qu'il est alimenté couché, les pires hypothèses sont évoquées : problème de déglutition ("fausse route") sous contention, etc. Un nouvel incident a lieu, car Nicolas, frère de Dimitri, demande un nettoyage de selles urgent, et revient trente minutes plus tard sans que rien ne soit fait. Il ne supporte pas l'état de son frère, et une altercation s'en suit avec le personnel. Suite à cet incident, le Directeur du CHS, Jean-Luc Juillet, porte plainte, et interdit à Nicolas les visites. La famille de Dimitri cherche de l'aide. La direction du CHS refuse dans un premier temps la médiation de Neptune, qui encourage alors la famille à recourir à l'Unafam. Celle-ci visite le service, ne rencontre pas la famille, et se contente de communiquer son rapport au téléphone : "tout est fait au mieux", dit en substance la représentante de l'Unafam. Naturellement insatisfaite de cette prestation, la famille exige et obtient enfin la médiation de Neptune. Les réunions entre médiateur et chacune des parties, puis entre toutes les parties, ont finalement lieu le 28 mars 2014 après de longues négociations. Un contrat est élaboré et accepté entre les parties prenantes (ci-après). Ce contrat est observé par tous, et la première réunion trimestrielle de suivi s'en félicite ; les propositions par les uns et les autres (fréquence des sorties, etc.) sont enfin écoutées et prises en compte. Tout laissait croire qu'enfin, un esprit de dialogue et d'écoute entre l'hôpital et la famille se mettait en place. | Dimitri CHS Saint-Ylie de Dole, 28 mars 2014 Dans un même courrier, le directeur : - interdit à un membre de la famille toute visite - menace de porter plainte contre lui - ajoute avec élégance (et une faute grossière d'orthographe) "si vous estimer que notre établissement n'assure pas sa mission, il vous appartient de trouver un autre lieu de prise en charge pour votre frère." Le traitement quotidienHaldol :10mg Lyrica : 150mg Tranxène : 20mg Loxapac : 50mg Depamide : 600mg Le tranxène est administré à cette forte dose depuis des années. Le Dr S. annonce fièrement "ne pas avoir augmenté les doses". Ce qui signifie pour nous et pour toutes les personnes connaissant les psychotropes, que Dimitri, dépendant de cette benzodiazépine, souffre maintenant d'un "manque" du à la tolérance à ce produit. | |||
Le contrat du 28 mars 2014Une matinée complète est consacrée à la médiation : entretien avec la famille sans l'hôpital, puis avec l'hôpital sans la famille, puis réunion plénière visant à convenir d'un "contrat" de bonnes relations entre les parties. Le contrat est finalement signé. Son contenu :
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10 Aout 2014 : les promesses n'ont tenu que 4 moisForce est de constater que le dicton "chassez le naturel, il revient au galop" est hélas avéré. Nous sommes en Aout. Nicolas rend visite à son frère. - Ce n'est pas possible, lui objecte-t-on - Pourquoi ? - Il est en contention - Juste 5 minutes s'il vous plaît Après hésitation : - Bon d'accord, 5 minutes seulement. Nicolas entre dans la chambre fermée à clé, parle à son frère, et utilise son téléphone comme caméra. Le Dr S. qui observe par le hublot, le voit, entre et se fâche. Nicolas n'avait pas l'intention d'utiliser le film à des fins de dénonciation, mais juste de le montrer en privé. Vous ne trouverez d'ailleurs pas ce film ici. Peu importe, le ton monte, et on exige le départ de Nicolas. Il se rend donc, comme prévu au contrat, à la direction de la qualité, et rencontre la responsable, Mme M. Désaccord sur la nature du contrat : droit de visite non exclu lors d'une contention, manière dont il a été reçu. L'entretien se clôture par le sempiternel "si vous n'êtes pas content, reprenez votre frère chez vous". Mme M. s'empresse de faire interdire à nouveau les visites de Nicolas, et porte plainte contre lui. Le Dr S., de son côté, refuse quelques jours plus tard d'avancer une sortie en famille pour Dimitri, au motif qu'"il va très bien, il ne doit donc pas sortir". Dimitri et sa famille qui avait un déplacement le week-end, ne se verront donc pas pendant 3 semaines. En congés au moment de l'incident, le Directeur, loin de vouloir apaiser la situation, confirme la sanction, se basant uniquement sur une seule version des faits. Nous tentons une dernière fois, après avoir constaté que la réunion de septembre est de-facto annulée, et avec l'accord de la famille, de reprendre le dialogue par une nouvelle lettre. Mais sans nous abstenir de faire part de notre opinion, et en espérant une réaction de l'ARS, en copie. Aucune réponse. La direction de l'hôpital ne connaît que les rapports de force. Dimitri et sa famille en feront en premier les frais : la fin d'année 2014, et l'année 2015, vont voir la situation continuer de se dégrader. (à suivre) Vous souhaitez agir ou réagir ?Vous pouvez bien sur nous faire part de votre avis, en répondant à cet article, ou en nous envoyant un email. Nous publierons tous les points de vue exprimés. Vous pouvez également écrire à l'Agence Régionale de Santé : Mme MANSIN, Directrice Agence Régionale de Santé 3 Avenue Louise Michel, 25000 BESANCON | 29 aout 2014 : lettre du directeur à Nicolas 7 octobre 2014 : lettre de Neptune à l'hôpital, copie ARS et CDSP | |||
Dernière édition par Neptune le 17/6/2015, 21:20, édité 6 fois