L'affaire Dimitri FargetteAgé maintenant de 34 ans, Dimitri est né avec un handicap physique et mental profond, dû à un manque d'oxygène à la naissance. Depuis l'âge de 16 ans, il vit à plein temps à l'hôpital psychiatrique Saint-Ylie, à Dole dans le Jura. Cet hôpital lui administre des doses massives de psychotropes qui aggravent son état. Isolé dans sa chambre du matin au soir, il est de plus en plus fréquemment attaché à son lit : on appelle cela une "contention thérapeutique" dans le milieu psychiatrique, et une prescription est délivrée chaque jour "en cas de besoin". Oedemes, membres très abimés, piqûres d'anticoagulants prouvent la fréquence et la durée des attachements. Loin de chercher à améliorer les soins apportés à Dimitri à la demande de plus en plus pressante de la famille, l'hôpital sanctionne et agit d'autorité face aux multiples incidents et inquiétudes justifiées de la famille :
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Les arguments de l'hôpitalLe manque de personnel et l'hétéro-agressivité fréquente de Dimitri sont les motifs invoqués par le CHS pour ce traitement ; de même, l'hétéro-agressivité est le motif invoqué par le médecin pour annuler une démarche de recherche de maison d'accueil spécialisée (MAS), malgré l'agrément MDPH obtenu pour ce type de placement. A notre question "combien faudrait-il de personnel supplémentaire pour permettre à Dimitri de déambuler librement dans le service ?", la réponse est "6 à 9 personnes", sur un effectif total de 20, pour 23 patients dans le service. Pourtant, il existe en France des lieux de soin pour ce type de handicap, sans médicament y compris pour des personnes avec des symptômes hétéro-agressifs lors de leur admission, et avec le même rapport d'effectif entre soignants et handicapés. Saint-Ylie n'annonce aucune recherche ni intention d'avancer dans cette direction et de s'inspirer des méthodes qui réussissent ailleurs, et c'est bien ce que nous regrettons. De surcroit, la famille en souffrance est particulièrement malmenée par les responsables, comme nous le relatons ci-après. Au point que, lors d'une réunion de conciliation, il est suggéré à la famille de suivre elle aussi un traitement psychologique ! Pour la psychiatrie, toute contestation des méthodes, et toute révolte ne peuvent avoir comme cause qu'un désordre mental. "Hétéro-agressivité" ? Pourtant Dimitri passait, jusqu'à la décision hospitalière et préfectorale de fin 2014, la plupart de ses week-ends au domicile familial, allait aux bains, et 12 personnes (notamment les responsables de l'établissement de bains, les voisins...) ont attesté en bonne et due forme que Dimitri avait un comportement tout à fait sociable, et aucun incident n'a été rapporté. Sans oser le dire clairement, l'hôpital et sa commission médicale, imputent à la famille de Dimitri tout ce qui ne va pas : "relation trop fusionnelle", "éloignement nécessaire". Autant de termes venus de Donald Winnicott, un psychanalyste qui a malheureusement influencé des générations d'étudiants en psychiatrie, causé la séparation enfants / parents, et culpabilisé les mamans d'enfants autistes, et totalement désavoué dans les pays anglo-saxons aujourd'hui... mais pas en France. Aussi le directeur annonça-t-il un "changement de stratégie" à Mme Fargette en Janvier 2015, consistant à déplacer Dimitri dans une "unité pour malades difficiles" spécialisée (ndlr : les UMD sont les lieux d'enfermement des personnes réputées dangereuses), en parlant de Lyon, Nancy, et même Cadillac. Le manque de place dans ces lieux fait échouer cette mesure inquiétante. Il finit par mettre en place un "roulement" : celui-ci consiste à faire séjourner Dimitri 6 semaines dans chaque unité de l'hôpital, sous couvert de mesure thérapeutique... L'année 2014 : le tournantLes relations entre l'hôpital et la famille de Dimitri étaient depuis des années émaillées d'incidents : constat de manque d'hygiène, contentions sur de longues durées, inquiétude quant à la santé de Dimitri, une plainte suite à des blessures et classée sans suite, etc. C'est en janvier 2014 que la situation devint insupportable à la famille Fargette. Dimitri est hospitalisé pour une infection pulmonaire, la famille est très inquiète car la communication se fait dans la précipitation et l'imprécision. Comme elle fait suite à une longue période d'attachement (9 jours), que les visites sont interdites durant ces périodes, qu'il est alimenté couché, les pires hypothèses sont évoquées : problème de déglutition ("fausse route") sous contention, etc. Un nouvel incident a lieu, car Nicolas, frère de Dimitri, demande un nettoyage de selles urgent, et revient trente minutes plus tard sans que rien ne soit fait. Il ne supporte pas l'état de son frère, et une altercation s'en suit avec le personnel. Suite à cet incident, le Directeur du CHS, Jean-Luc Juillet, porte plainte, et interdit à Nicolas les visites. La famille de Dimitri cherche de l'aide. La direction du CHS refuse dans un premier temps la médiation de Neptune, qui encourage alors la famille à recourir à l'Unafam. Celle-ci visite le service, ne rencontre pas la famille, et se contente de communiquer son rapport au téléphone : "tout est fait au mieux", dit en substance la représentante de l'Unafam. Naturellement insatisfaite de cette prestation, la famille exige et obtient enfin la médiation de Neptune. Les réunions entre médiateur et chacune des parties, puis entre toutes les parties, ont finalement lieu le 28 mars 2014 après de longues négociations. Un contrat est élaboré et accepté entre les parties prenantes (ci-après). Ce contrat est observé par tous, et la première réunion trimestrielle de suivi s'en félicite ; les propositions par les uns et les autres (fréquence des sorties, etc.) sont enfin écoutées et prises en compte. Tout laissait croire qu'enfin, un esprit de dialogue et d'écoute entre l'hôpital et la famille se mettait en place. Revenir au sommaire | CHS Saint-Ylie de Dole, 28 mars 2014 Dans un même courrier, le directeur : - interdit à un membre de la famille toute visite - menace de porter plainte contre lui - ajoute avec élégance, et une grosse faute d'orthographe, "si vous estimer que notre établissement n'assure pas sa mission, il vous appartient de trouver un autre lieu de prise en charge pour votre frère." Le traitement quotidienDans une précédente édition, nous avons publié les quantités données à domicile lors des permissions, très inférieures aux quantités administrés à l'hôpital, pour une raison à éclaircir. Les données ci-dessous sont, elles, issues du dossier médical : Haldol (neuroleptique antipsychotique de 1ere génération) : 30mg (à domicile : 10mg) Largactil (neuroleptique antipsychotique de 1ere génération ) : 450mg +100 à 300mg "si besoin" Lepticur (correcteur partiel des effets indésirables extrapyramidaux ou parkinsoniens des deux neuroleptiques ci-dessus) : 10mg Lyrica (douleurs neuropathiques ou trouble anxieux généralisé) : 300mg (à domicile :150mg) Tranxène (benzodiazépine anxiolytique) : 60mg (à domicile : 20mg ) Zopiclone (benzodiazépine somnifère) : 7,5 mg Depamide (thymorégulateur, prévention des manies du trouble bipolaire) : 1800mg (600 mg à domicile) Arixtra (anticoagulant, pour les contentions de plus de 24h) Macrogol (laxatif) : 20g Doliprane (antidouleurs) : jusqu'à 4000 mg / jour en cas de besoin Commentaires Le tranxène est administré à cette forte dose depuis des années. Le médecin en charge annonce fièrement "ne pas avoir augmenté les doses". Ce qui signifie pour nous et pour toutes les personnes connaissant les psychotropes, que Dimitri, dépendant de cette benzodiazépine, souffre maintenant d'un "manque" du à la tolérance à ce produit. La dose maximale de Largactil autorisée est de 600 mg pour des "cas exceptionnels", la dose normale étant (en monothérapie) de 25mg à 300mg pour psychose. Il y a donc avec une dose journalière de 450mg pouvant atteindre 750mg, un dépassement franc, et non justifié, de l'autorisation, en contradiction avec la loi L5121-12-1 du code de Santé Publique. Le Lepticur prouve que Dimitri souffre des effets extrapyramidaux des neuroleptiques, ce qui est visible même au non spécialiste. La médication antidouleurs n'empêche pas Dimitri de se plaindre, y compris de douleurs, contrairement à ce qu'affirme le Directeur de l'Hôpital lors d'une interview à Hebdo 39 en juillet 2015 : "Dimitri ne ressent pas la douleur de la contention du fait des médicaments administrés" Le dépamide concerne les troubles bipolaires et non le handicap de Dimitri. L'ensemble des administrations hors indications de l'ANSM, devrait tout au moins selon la loi L5121-12-1 du code de Santé Publique, faire l'objet d'explication détaillée à l'intéressé ou à son représentant légal le cas échéant, et faire l'objet d'une information écrite au dossier médical, ce qui n'est pas le cas. | |||
28 mars 2014 : le contratUne matinée complète est consacrée à la médiation : entretien avec la famille sans l'hôpital, puis avec l'hôpital sans la famille, puis réunion plénière visant à convenir d'un "contrat" de bonnes relations entre les parties. Le contrat est finalement signé. Son contenu :
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Aout 2014 : la ruptureNous sommes en Aout. Nicolas rend visite à son frère. - Ce n'est pas possible, lui objecte-t-on - Pourquoi ? - Il est en contention - Juste 5 minutes s'il vous plaît Après hésitation : - Bon d'accord, 5 minutes seulement. Nicolas entre dans la chambre fermée à clé, parle à son frère, et utilise son téléphone comme caméra. Le médecin responsable de l'unité (qu'on appelera "Dr D"), qui observe par le hublot, le voit, entre et se fâche. Nicolas n'avait pas l'intention d'utiliser le film à des fins de dénonciation, mais juste de le montrer en privé. Vous ne trouverez d'ailleurs pas ce film ici. Peu importe, le ton monte, et on exige le départ de Nicolas. Il se rend donc, comme prévu au contrat, à la direction de la qualité, et rencontre la responsable, Mme X. Désaccord sur la nature du contrat : droit de visite non exclu lors d'une contention, manière dont il a été reçu. L'entretien se clôture par le sempiternel "si vous n'êtes pas content, reprenez votre frère chez vous". Mme X. s'empresse de faire interdire à nouveau les visites de Nicolas, et porte plainte contre lui. Le Dr D., de son côté, refuse quelques jours plus tard d'avancer une sortie en famille pour Dimitri, au motif qu'"il va très bien, il ne doit donc pas sortir". Dimitri et sa famille qui avait un déplacement le week-end, ne se verront donc pas pendant 3 semaines. En congés au moment de l'incident, le Directeur, loin de vouloir apaiser la situation, confirme la sanction, se basant uniquement sur une seule version des faits. Nous tentons une dernière fois, après avoir constaté que la réunion de septembre est de-facto annulée, et avec l'accord de la famille, de reprendre le dialogue par une nouvelle lettre. Mais sans nous abstenir de faire part de notre opinion, et en espérant une réaction de l'ARS, en copie. Aucune réponse. La direction de l'hôpital ne connaît que les rapports de force. Et l'ARS fait bloc. Le contrat n'a donc tenu que 4 mois. Il a suffit d'un incident mineur pour qu'un hôpital psychiatrique, qu'on pourrait penser habitué à gérer toutes sortes d'incidents, s'avère incapable de tenir une ligne de conduite qu'il avait lui-même cosignée. A moins qu'il n'en avait pas la réelle volonté. Dimitri et sa famille en feront en premier les frais : la fin d'année 2014, et l'année 2015, vont voir la situation continuer de se dégrader. Novembre 2014 : les médias en parlentLorsque nous dûmes abandonner tout espoir de négociation directe, nous décidâmes, avec la famille Fargette, de médiatiser. Un premier article très précis est paru ici, et a immédiatement été lu par des milliers de personnes, notamment en Franche-Comté. Les médias locaux en furent informés, et le Progrès du Jura répondit enfin favorablement aux appels de Nicolas Fargette. Le 21 novembre 2014, la famille fut interviewée, et le directeur de l'hôpital à son tour le 29 novembre. Le premier article parut le 1er décembre 2014 (ci-dessous). Bien qu'il ait donné la parole aux deux parties en conflit, l'hôpital ne supporta pas cette médiatisation : le déferlement des mesures punitives commença dès la parution de cet article. Le "Progrès" attendit, étrangement, trois longues semaines pour publier - en partie - le droit de réponse de l'association Neptune mise en cause par le directeur de l'hôpital dans cet article. Revenir au sommaire | 29 aout 2014 : lettre du directeur à Nicolas 7 octobre 2014 : lettre de Neptune à l'hôpital | |||
Le discours du directeur..."La place de Dimitri est ici" et "Dimitri ne pose aucun problème à l'équipe, au contraire". Ce discours, tenu devant la presse, est l'opposé de celui écrit officiellement à la famille dans la lettre du 26 janvier, à peine un mois plus tard : "(...) nous avons conclu que nos moyens sont insuffisants (personnels et locaux) pour faire évoluer la prise en charge de votre fils Dimitri". Voir la lettre intégrale un peu plus loin. "Ils ont fusionné avec la famille" Le terme de "fusion" est décidément très employé au CHS Saint-Ylie : la maman est trop fusionnelle avec son fils, les frères le sont aussi, et ainsi de suite : tout est mauvais dans la "fusion". Culture psychanalytique ? Celle qui aboutit à l'absence de soins et qui désigne les fusionnels comme coupables ? Terme accusateur bien trop souvent entendu dans les arguments des "experts" français lorsqu'il s'agit de séparer parents et enfants. En l'espèce, Neptune ne "fusionnait pas" et a fait preuve de fermeté vis-à-vis de la famille Fargette, en l'empêchant de publier les films de contention dont elle disposait, et en enjoignant Nicolas, en réunion à l'hôpital, de contrôler ses moments d'exaspération. D'autre part, Mr Juillet se garde bien de retracer les évènements de l'été 2014, et d'évoquer notre lettre du 7 octobre demandant à nouveau une conciliation. "Ils nous ont traité de maltraitants" En effet, et par colère. Ce terme a immédiatement été retiré, avant l'interview, par respect pour les personnes de cet hôpital qui ne le méritent pas, et il en été fait notification recommandée au directeur. "On en peut pas être médiateur et après prendre parti" Si. Lorsque l'une des parties enfreint le contrat, le médiateur le fait savoir, lui enjoint de revenir à son engagement. Si la partie persiste, le médiateur peut juger de qui a raison et de qui a tort, et l'exprimer, n'en déplaise au fautif. C'est ainsi que les médiateurs travaillent dans les conflits internationaux. Mais Mr Juillet ne sait pas reconnaitre ses torts, et ne sait pas respecter un engagement. "Le placement sous contrainte a tendance à diminuer" Mr Juillet voulait dire "contention" ou "attachement à son lit". C'est faux. On observe aujourd'hui exactement l'inverse. D'ailleurs, depuis septembre 2014, l'hôpital n'envoie plus les relevés de contention à Mme Fargette, en violation du contrat conclu. Les contusions, les piqûres d'anticoagulants, les visites refusées car "il est sous contention", les marques sont autant de preuves d'une contention régulière. "Nous travaillons à une nouvelle médiation, objective, médicale et neutre" 6 mois plus tard, aucun nouveau médiateur ne se présente, ne serait-ce que pour prendre contact avec la famille. Manifestement peu d'associations ni de tiers, n'acceptent de "fusionner avec l'hôpital", étant donné que c'est ainsi que Mr Juillet comprend le rôle d'un "médiateur". De même, l'expertise qu'il promettra des mois plus tard après la non-réalisation de toutes ces mesures, n'a toujours pas eu lieu. En lieu et place, un "collège" de médecins, constitué ... des cadres de l'hôpital, est appelé à la rescousse pour justifier toute décision autoritaire de cette direction. | "Dimitri est dans une chambre équipée, avec une télé, ce n'est pas une cellule" Dimitri, souvent attaché, n'a même pas de lit médicalisé, il ne peut voir que le plafond. Quand à la télé, elle a été achetée par Mme Fargette. On rappelle que l'hôpital facture à l'état environ 600 euros par journée d'hospitalisation de Dimitri, soit 18000 euros par mois... "Les démarches de médiation initiées par le CHS" Faux. C'est l'association Neptune qui a du écrire 3 fois au CHS pour proposer sa médiation, en janvier et février 2014, et qui, face au refus du CHS pour cause de statuts en cours de validation, a encouragé la famille Fargette à s'adresser à l'Unafam. C'est à la demande insistante de la famille Fargette, suite à l'intervention de l'Unafam, que la médiation de Neptune a finalement été acceptée. Le CHS a tout fait pour ne pas recevoir Neptune, l'a finalement reçue, puis a mis unilatéralement fin à la médiation au premier incident. Revenir au sommaire | |||
La décision d'ASDRE prise par le préfet Parmi 12 témoignages sur la non-dangerosité de Dimitri, celui du Maire de Conliège, commune de résidence de Mme Fargette. | ... et les actes : une déferlante de mesures coercitivesLes faits qui suivirent cette parution montrent que, pour cet hôpital psychiatrique, rien n'est pire que d'avoir oser dévoiler ce qui se passe réellement à l'intérieur. Les sanctions et menaces vont pleuvoir. A l'encontre de la famille Fargette, et de Dimitri De manière totalement irrégulière - notamment par l'absence des 2 certificats médicaux prévus au Code de la Santé Publique, l'absence de notification dans les temps et de recueil d'observations prévus au même code -, l'hôpital obtient, le 18 décembre 2014, le placement sous contrainte à la demande du représentant de l'état (ASPDRE). On relèvera l'étrangeté médicale de remplacer une contrainte de soins "à la demande de la famille", qui était en place alors, par une contrainte "à la demande du représentant de l'état". La "dangerosité" évoquée ne peut être un motif, puisque la contrainte de soins, l'enfermement et la contention étaient déjà, avant cette mesure, effectuées au motif de cette même dangerosité. De plus, elle est contestable et contestée : de multiples témoignages (voisins, maître nageurs) montrent qu'en réalité, même s'il a parfois des accès de violence, Dimitri n'est pas dangereux, et est sociable. Ses séjours en famille le week-end n'ont jamais nécessité de contention. La réalité est que, malgré les 600 euros journaliers affectés par l'état à chaque patient, l'hôpital ne parvient pas à s'organiser pour canaliser les accès d'agitation de Dimitri autrement que par l'attachement, et l'isolement à temps complet. La véritable raison est simple : lorsque Dimitri était enfermé à la demande de la famille, la famille pouvait demander des sorties, prendre en charge Dimitri le week-end, et ceci obligeait l'hôpital à lui communiquer la liste des médicaments à lui administrer. Cette liste étant inavouable et ne résistant à aucune expertise sérieuse, l'hôpital a tout fait pour que la médication ne puisse plus être portée à la connaissance de la famille. A preuve, toutes les demandes de sortie ont, à partir de cette décision, été refusées par l'hôpital, prenant prétexte de la décision préfectorale et renvoyant ce refus au préfet, lequel ne pouvait que suivre les directives "médicales" de l'hôpital. On verra par la suite que le préfet, devant la presse, ne sait pas justifier ces refus sans se défausser sur les médecins. La boucle est bouclée, c'est bien pratique. Donc, pour que le public ne sache pas quels produits sont administrés à Dimitri, on l'enferme à temps complet, sans sorties. Dimitri, qui n'y est pour rien, et on le devine, est la première victime de ces mesures de rétorsion. Non seulement il est privé de sorties en famille et des visites de son frère Nicolas, mais aussi des soins les plus élémentaires. Par exemple, les soins dentaires lui étaient prodigués à l'occasion de ses week-end en famille. A Saint-Ylie, ses plaintes, et les demandes de la famille sur les soins dentaires, ont été traitées comme la dernière des priorités. Dimitri ne mérite pas qu'une rage de dents soit traitée en urgence à Saint-Ylie. | |||
Neptune prévenu de diffamation (affaire classée sans suite) | A l'encontre de l'association Neptune Le 18 novembre 2014, un courrier du CHS exige le retrait immédiat de la publication à cause de l'expression "cet hôpital est désormais classé dans la catégorie des hôpitaux maltraitants". Nous retirons le terme et comprenons et signifions que son caractère globalisant était excessif, et le remplaçons par "ne peut plus être classé dans la catégorie des hôpitaux bientraitants". L'hôpital en est notifié par recommandé par retour du courrier, le 22 novembre. Malgré ceci, une plainte pour diffamation est toutefois déposée au même moment à l'encontre de l'association, pour les mêmes motifs. En réalité, l'hôpital n'a pas supporté que l'on publie l'ordonnance des psychotropes de Dimitri, qui n'a rien d'anodin, d'un point de vue purement médical. Il a voulu réduire Neptune au silence sur cette affaire. Entendu le 18 février 2015, le président de l'association a formulé des excuses au personnel de l'hôpital, personnel qui, de bonne foi, applique une mauvaise politique, médecins inclus. L'affaire a été classée sans suite. Revenir au sommaire | |||
2015 : l'hôpital Saint-Ylie tente de se débarrasser de DimitriLa prise d'autorité par la mesure d'internement "à la demande du représentant de l'état", était en fait la mise en place des conditions nécessaires à une mesure encore plus grave, la volonté de transférer de Dimitri dans une UMD (Unité pour Malades Difficiles, dont le statut n'existe plus officiellement depuis septembre 2013), réservées aux personnes placées en internement par l'état pour raisons de sécurité, comme l'écrit le directeur à Mme Fargette, dès le 16 janvier 2015. Reconnaissant donc qu'il ne peut pas prendre soin de Dimitri, l'hôpital souhaite s'en débarrasser, mais, au lieu de faire en sorte qu'il puisse être accueilli en MAS, alors qu'il dispose de 12 témoignages en bonne et due forme sur la non dangerosité de Dimitri, il le destine aux unités fermées les plus difficiles de France. Lors d'une réunion au domicile de Mme Fargette, il évoque Lyon (Le Vinatier), Nancy, et plus tard il sera même question de Cadillac (UMD réservée aux personnes de très haute dangerosité). Pensant dans un premier temps que le transfert de Dimitri ne peut qu'améliorer son sort, et se basant sur une réputation largement surfaite en 2015, du CHS Le Vinatier de Lyon, Madame Fargette écrit à Mme le Ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui intervient auprès de l'ARS de Lyon. Le Vinatier étant saturé, cette intervention n'aboutit pas. Le 15 janvier 2015, Madame Fargette reçoit un coup de fil ahurissant de Mme la Juge des Tutelles : "en cas de nouvel article de presse, je vous retire la tutelle de Dimitri". Dans le cadre d'une tutelle d'état, Mme Fargette ne serait plus représentant légal de Dimitri. Le tuteur légal, peut également décider de ne plus donner de nouvelles de Dimitri, la séparation peut être totale et cruelle. Abasourdie, la famille est condamnée au silence, à l'inaction, à la soumission. Nous lui conseillons d'écrire, en dernier recours, à Mme le ministre de la Justice, à propos de cette menace. Pendant ce temps là, Dimitri souffrePrivé de sorties du week-end (toutes refusées par l'hôpital et le préfet, chacun se défaussant sur l'autre), Dimitri se plaint de douleurs dentaires, et, trois semaines après la demande insistante de sa mère, n'est toujours pas soigné. Les contentions fréquentes provoquent des plaies. A l'occasion d'une visite, on découvre que Dimitri doit prendre des anticoagulants, signe qu'il est maintenu couché, alors qu'il se rend sans problème à la cafétéria voisine avec sa maman. L'échec du pourvoi en appel contre la mesure d'ASPDRE, l'aggravation de l'état de Dimitri, l'épuisement de tous les recours pacifiques, les menaces, désespèrent la famille. Elle fait appel à un nouvel avocat, et prends des contacts variés, en toute discrétion, car les menaces sont présentes. Revenir au sommaire | La lettre du 16 janvier, annonçant le projet de placement en UMD Les marques de contention sur Dimitri (photos publiées par le comité de Soutien, le 20 mai 2015) | |||
Mai et juin 2015 : manifestations et intimidationsDans ce contexte désespérant, la famille Fargette attend, résignée et avec peu d'espoir, et menacée de se voir définitivement privée de Dimitri en cas de nouvelle médiatisation, l'expiration de l'habilitation MDPH, et de l'hospitalisation d'office prononcée "pour 3 mois". Que faire ? Tous les recours ont été épuisés. Nicolas n'en peut plus de ne pouvoir voir son frère, et la famille prend un nouvelle décision : qu'importe ce que seront les mesures de rétorsion, il faut manifester et faire connaître la situation de Dimitri à tout prix. C'est ainsi que se forme un comité de soutien. Le public, par le biais de ce comité, prend connaissance des conditions de traitement de Dimitri, à travers le film de Dimitri attaché, films qu'elle se refusait de publier auparavant. En même temps, elle prépare un manifestation devant la préfecture du Jura, le 21 mai, pour demander :
La direction de l'hôpital, alertée, somme les Fargette de retirer la vidéo, avec un ultimatum fixé au 21 mai, sous peine de demander le fameux retrait de tutelle. La famille ne se laisse plus intimider. Elle maintient la vidéo, qui de toutes façons était déjà largement diffusée sur les réseaux sociaux, et publie les menaces de l'hôpital (ci-contre). La réaction de la population de Lons-le-Saunier, relayée par la presse locale (FR3, La Voix du Jura, Le Progrès) est à la hauteur de la situation : une centaine de personnes manifeste et bloque les rues au cri de "Libérez Dimitri" Pendant la manifestation, le préfet contacte Mme Fargette et lui propose une réunion. Les Fargette se rendent donc à la préfecture, où, en l'absence de médecin, la seule proposition qui leur est faite, est une sortie de jour, avec accompagnement d'infirmiers "pour s'assurer de la réalité de la non-dangerosité de Dimitri". La famille refuse un dispositif qui n'avait pas de nécessité auparavant. La préfecture a ensuite beau jeu de mettre en avant le "refus" de la famille. Interviewé par France 3, l'avocat de la famille, Raphaël Mayet, décrit l'irrégularité de la mesure d'internement. Une seconde manifestation, le 3 juin, rassemble également une centaine de personnes, et est à nouveau relayée par les médias. Pour toute réponse, l'hôpital avoue l'échec de son projet de déplacement dans une UMD, et annonce une mesure encore plus absurde, et dont Dimitri fera les frais Dimitri passera 6 semaines dans chacun des 4 bâtiments équipés pour l'hospitalisation complète sous contrainte. Cette mesure, qui n'a aucun fondement médical malgré qu'elle soit annoncée comme émanent d'un "collège médical", est en fait une mesure destinée, selon nous, à soulager moralement le personnel des "Mimosas" : on comprend qu'il soit mal à l'aise dans cette médiatisation, et a du probablement exprimer également son "raz-le-bol". Mais la direction, et l'ARS, sont incapables de mettre à disposition les moyens adéquats pour un véritable soin pour Dimitri, et donc "donne le change", en attendant le pire. Depuis le 3 juin et son déplacement aux "Bruyères", quelques faits révélateurs :
Revenir au sommaire | le 10 mai 2015, publication du film de la contention de Dimitri sur Facebook le 18 mai 2015, le directeur du CHS Saint-Ylie exige le retrait de la vidéo pour le 21 mai, et menace dans le cas contraire de faire retirer le droit parental à Mme Fargette. Manifestation du 21 mai à Lons-le-Saunier, Jura | |||
Cliquez pour participer, même modestement, à l'action judiciaire visant à obtenir de meilleurs soins pour Dimitri Fargette Puis, rejoignez le comité de Soutien à Dimitri Fargette sur Facebook. | PerspectivesLa voix légale sera utilisée jusqu'au bout. Une requête d'annulation au Juge des Libertés du TGI de Lons, est rejetée. Il est fait à nouveau appel de cette décision, et en cas de rejet de l'appel, un pourvoi en cassation sera déposé. Il est grand temps que la lumière soit faite complètement sur cette affaire, et que les pratiques locales soient exposées au public, en plus des pratiques "médicales" en psychiatrie. Une collecte vous invite à participer concrètement à cette action : les montants non dépensés en frais de justice, seront reversés par la famille Fargette à une association de soutien aux personnes handicapées. De notre côté, nous tiendrons le public informé régulièrement par des mises à jour du présent article. L'association Neptune, Chantal, Nicolas et Raphaël Fargette. Revenir au sommaire Revue de presse
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Hôpital psychiatrique Saint-Ylie de Dole (Jura) : l'affaire Dimitri Fargette
Par Neptune
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