Introduction aux troubles bipolaires
Synonyme de l'ancien terme "psychose maniaco-dépressive", le trouble bipolaire fait partie des troubles de l'humeur auxquels appartiennent également les différents types de troubles dépressifs. Par opposition, les troubles dépressifs sont aussi appelés "troubles unipolaires".
C’est une "maladie" qui dans sa forme la plus typique comporte deux phases :
- la phase maniaque - ou hypomaniaque pour le trouble bipolaire de type II et le trouble cyclothymique
- la phase dépressive.
Entre les deux "pôles", la personne bipolaire retrouve un état "normal" que l’on appelle "euthymie" ou "normothymie". Toutefois dans la majorité des cas, cet état est loin d'être exemple de symptômes.
La phase maniaque se définit comme un épisode d’excitation pathologique : le sujet qui en souffre est hyperactif et euphorique, inhabituellement volubile et fait de multiples projets. Il peut présenter divers troubles comportementaux, perdre toute inhibition ou engager des dépenses inconsidérées.
Il y a deux niveaux de "sévérité" des phases hautes : l'épisode maniaque, sévère, caractérise le trouble bipolaire I dès qu'il survient au moins une fois. L'épisode hypomaniaque, moins sévère, caractérise le trouble bipolaire II et la cyclothymie.
La phase dépressive est en quelque sorte le miroir de la phase maniaque : le sujet présente des signes de grande tristesse, il est ralenti et n’a goût à rien, parfois il veut mourir ; là aussi il y a des degrés de "sévérité" : depuis la dépression légère ou moyenne, jusqu'aux épisodes dépressifs majeurs, ceux-ci pouvant être éventuellement dans les cas les plus sévères, "mélancoliques" voire "catatoniques" .
Parmi les dangers de ce trouble, le risque de suicide, les risques liés aux conduites dangereuses lors des épisodes (hypo)maniaques, mais aussi les impacts des comorbidités, très fréquentes, ou encore des effets secondaires à long terme des psychotropes, en particulier lorsqu'ils sont inappropriés.
La "psychoéducation" et l'entourage sont prépondérants dans la "stabilisation" de cette maladie complexe, et qui fait encore aujourd'hui l'objet de nombreuses recherches.
En France, le trouble bipolaire a longtemps été sous-diagnostiqué, et serait désormais sur-diagnostiqué
Il faut en moyenne 10 à 12 ans et quatre à cinq médecins différents avant qu’il ne soit nommé. On estime que 40 % des personnes dépressives sont en réalité des bipolaires qui s'ignorent, soit qu'ils n'aient pas encore connu de phase maniaque, soit que ces phases aient été perçues par eux comme des moments euphoriques de grand bonheur et ne soient pas encore perçues comme dangereuses.
Aujourd'hui, on préfère le terme de trouble bipolaire à celui de psychose maniaco-dépressive. D'une part, parce que les formes cliniques sont en fait très diverses, alors que le terme de psychose maniaco-dépressive laisse penser que seules les formes où alternent des épisodes maniaques et des épisodes dépressifs sont prises en compte. D'autre part, parce que le terme de psychose renvoie à certaines théories explicatives mais correspond mal à l’observation purement descriptive de la maladie : entre les accès, la personne dans la plupart des cas a une vie psychique et sociale relativement normale, ce qui est inhabituel dans les cas de maladies psychotiques chroniques.