Trouble bipolaire II
Seconde forme, en terme de sévérité, du trouble bipolaire, ex "psychose maniaco-dépressive".
Texte intégral.
Caractéristiques diagnostiques
Critère A
- Le trouble bipolaire II est essentiellement caractérisé par la survenue d'un ou de plusieurs épisodes dépressifs majeurs,
Critère B
- accompagnés d'au moins un épisode hypomaniaque. Les épisodes hypomaniaques ne doivent pas être confondus avec la période euthymiquee de plusieurs jours qui peut suivre la rémission d'un épisode dépressif majeur.
Critère C
- L'existence d'un épisode maniaque ou mixte exclut le diagnostic de trouble bipolaire II.
Critère D
- Des épisodes de troubles de l'humeur induits par une substance (dus aux effets physiologiques directs d'un médicament ou d'un autre traitement somatique de la dépression, d'une substance donnant lieu à abus, ou de l'exposition à une substance toxique) ou de trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale ne sont pas pris en compte pour le diagnostic de trouble bipolaire II. De plus, les épisodes ne sont pas mieux expliqués par un trouble schizo-affectif et ils ne sont pas surajoutés à une schizophrénie, à un trouble schizophréniforme, à un trouble délirant ni à un trouble psychotique non spécifié.
Critère E
- Les symptômes doivent être à l'origine d'une souffrance cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants du fonctionnement. Dans certains cas, les symptômes hypomaniaques eux-mêmes n'ont pas de retentissement sur le fonctionnement. L'altération du fonctionnement peut alors provenir des épisodes dépressifs majeurs ou des épisodes thymiques évoluant de manière imprévisible, et d'un fonctionnement interpersonnel ou professionnel fluctuant et peu fiable.
Les sujets présentant un trouble bipolaire II peuvent ne pas ressentir les épisodes hypomaniaques comme pathologiques, bien que les autres puissent être perturbés par le comportement erratique du sujet. Souvent, en particulier lors d'un épisode dépressif majeur, les sujets ne se souviennent pas des périodes d'hypomanie si leurs amis proches ou leur famille ne le leur rappellent pas. Les informations provenant d'autres informateurs sont souvent très importantes pour établir un diagnostic de trouble bipolaire II.
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Spécifications
- Hypomaniaque,
- Dépressif
- Léger,
- Moyen,
- Sévère sans caractéristiques psychotiques,
- Sévère avec caractéristiques psychotiques,
- Chronique,
- Avec caractéristiques catatoniques,
- Avec caractéristiques mélancoliques,
- Avec caractéristiques atypiques,
- Avec début lors du post-partum.
- En rémission partielle,
- En rémission complète,
- Chronique,
- Avec caractéristiques catatoniques,
- Avec caractéristiques mélancoliques,
- Avec caractéristiques atypiques,
- Avec début lors du post-partum.
- Spécifications de l'évolution longitudinale (avec ou sans guérison entre les épisodes),
- Avec caractère saisonnier (ne s'applique qu'à l'évolution des épisodes dépressifs majeurs),
- Avec cycles rapides.
Les spécifications suivantes doivent être utilisées pour indiquer la nature de l'épisode actuel ou de l'épisode le plus récent :
Si tous les critères sont actuellement remplis pour un épisode dépressif majeur, les spécifications suivantes peuvent être utilisées pour décrire la forme clinique actuelle de l'épisode (1) :
Si tous les critères ne sont pas actuellement remplis pour un épisode hypomaniaque ou pour un épisode dépressif majeur, les spécifications suivantes peuvent être utilisées pour décrire la forme clinique actuelle du trouble bipolaire II et pour décrire les caractéristiques de l'épisode dépressif majeur le plus récent (uniquement s'il s'agit de l'épisode thymique le plus récent) :
Les spécifications suivantes peuvent être ajoutées pour indiquer les modalités évolutives ou la fréquence des épisodes :
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Procédures d'enregistrement
Note : n'a d'intérêt qu'aux USA : codification pour les statistiques. Non repris ici.
Caractéristiques et troubles associés
Le risque de mort par suicide (en général au cours d'un épisode dépressif majeur) est réel, survenant dans environ 10 à 15 % des cas de trouble bipolaire II.
Un absentéisme et un échec scolaire, un échec professionnel ou un divorce peuvent être liés à un trouble bipolaire II.
Les troubles mentaux associés incluent la dépendance ou l'abus de substance, l'anorexie mentale, la boulimie, le déficit de l'attention/hyperactivité, le trouble panique, la phobie sociale, et la personnalité borderline.
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Examens complémentaires
Il ne semble pas exister de résultats d'examens complémentaires permettant de faire le diagnostic de trouble bipolaire II ou différenciant les épisodes dépressifs majeurs qui surviennent dans le cadre d'un trouble bipolaire II de ceux qui surviennent dans le cadre d'un trouble dépressif majeur ou d'un trouble bipolaire I.
Examen physique et affections médicales générales
Un premier épisode hypomaniaque survenant après l'âge de 40 ans doit alerter le clinicien sur l'éventualité d'un facteur étiologique organique ou d'une consommation de substance.
Une hypothyroïdie actuelle ou ancienne ou des examens biologiques en faveur d'un hypofonctionnement thyroïdien léger peuvent être associés à des cycles rapides.
De plus, une hyperthyroïdie peut précipiter ou aggraver des symptômes maniaques chez des sujets ayant un trouble de l'humeur préexistant. Cependant, une hyperthyroïdie chez des sujets sans trouble de l'humeur préexistant n'engendre pas typiquement de symptômes maniaques.
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Caractéristiques liées au sexe
Le trouble bipolaire II semble plus fréquent chez les femmes que chez les hommes.
Il semble exister des liens entre le sexe et le nombre et le type des épisodes hypomaniaques et des épisodes dépressifs majeurs.
Chez les hommes, le nombre des épisodes hypomaniaques est supérieur ou égal au nombre des épisodes dépressifs majeurs, alors que chez les femmes les épisodes dépressifs majeurs prédominent.
De plus, les cycles rapides sont plus fréquents chez les femmes que chez les hommes.
Certaines données suggèrent que les symptômes dépressifs ou mixtes sont plus fréquents chez les femmes également, bien que toutes les études ne soient pas concordantes. Ainsi, les femmes pourraient être plus particulièrement à risque vis-à-vis des symptômes dépressifs ou thymiques mixtes.
Les femmes ayant un trouble bipolaire II semblent présenter un risque accru de développer des épisodes dans la période suivant immédiatement le post-partum.
Prévalence
Les études en population générale suggèrent un taux de prévalence sur la vie du trouble bipolaire II d'environ 0,5 %.
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Évolution
Environ 60-70 % des épisodes hypomaniaques au cours du trouble bipolaire II surviennent immédiatement avant ou après un épisode dépressif majeur.
Les épisodes hypomaniaques précèdent ou suivent les épisodes dépressifs majeurs selon une des modalités évolutives propres à chaque sujet.
Le nombre d'épisodes sur la vie (à la fois hypomaniaques et dépressifs majeurs) tend à être plus élevé au cours du trouble bipolaire II qu'au cours du trouble dépressif majeur récurrent.
L'intervalle entre 2 épisodes tend à diminuer avec l'âge du sujet.
Environ 5 à 15 % des sujets présentant un trouble bipolaire II ont plusieurs (4 ou plus) épisodes thymiques (dépressif majeur ou hypomaniaque) dans la même année. Si le cours évolutif est celui-ci, il doit être indiqué à l'aide de la spécification "avec cycles rapides". Un cours évolutif avec cycles rapides est associé à un pronostic moins favorable.
Bien que la majorité des sujets présentant un trouble bipolaire II retrouvent un niveau de fonctionnement complètement normal entre les épisodes, environ 15% d'entre eux continuent à présenter une labilité de l'humeur ou des difficultés relationnelles ou professionnelles.
Il n'existe pas de caractéristiques psychotiques au cours d'un épisode hypomaniaque, et ceux-ci semblent moins fréquents au cours des épisodes dépressifs majeurs survenant dans le cadre d'un trouble bipolaire II que dans celui d'un trouble bipolaire I.
Certaines données confirment que les modifications importantes du rythme veille-sommeil, telles qu'on les rencontre dans les voyages transméridiens ou des privations de sommeil, peuvent déclencher ou exacerber les épisodes hypomaniaques ou les épisodes dépressifs majeurs.
Si un épisode mixte ou maniaque survient au cours de l'évolution d'un trouble bipolaire II, le diagnostic doit être modifié pour celui d'un
trouble bipolaire I. Sur 5 ans, environ 5 à 15 % des sujets présentant un trouble bipolaire II développent un épisode maniaque.
Aspects familiaux
Certaines études ont montré que les parents biologiques du premier degré des sujets présentant un trouble bipolaire II ont des taux de prévalence élevés de trouble bipolaire II, de trouble bipolaire I, et de trouble dépressif majeur par rapport à la population générale.
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Diagnostic différentiel
Trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale
Les épisodes hypomaniaques et les épisodes dépressifs majeurs survenant dans le cadre d'un trouble bipolaire II doivent être différenciés des épisodes d'un trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale. Le diagnostic est celui de trouble de l'humeur dû à une affection médicale générale lorsque l'épisode est considéré comme la conséquence physiologique directe d'une affection médicale générale (ex. : une sclérose en plaques, un accident vasculaire cérébral ou une hypothyroïdie). Ce diagnostic différentiel s'appuie sur les antécédents, les examens complémentaires ou l'examen somatique.Trouble de l'humeur induit par une substance
Un trouble de l'humeur induit par une substance se distingue des épisodes hypomaniaques et des épisodes dépressifs majeurs survenant dans le cadre d'un trouble bipolaire II par le fait qu'une substance (ex. : une substance donnant lieu à abus, un médicament, ou l'exposition à une substance toxique) est considérée comme étiologiquement liée au trouble de l'humeur. Des symptômes semblables à ceux d'un épisode hypomaniaque peuvent survenir au cours d'une intoxication, ou lors du sevrage d'une substance donnant lieu à abus et doivent être diagnostiqués alors comme troubles de l'humeur induits par une substance (ex. : un épisode ayant l'allure d'un épisode dépressif majeur qui survient uniquement dans le contexte d'un sevrage de la cocaïne doit être diagnostiqué comme un trouble de l'humeur induit par la cocaïne, avec caractéristiques dépressives, et avec début pendant un sevrage).
Des symptômes semblables à ceux d'un épisode hypomaniaque peuvent également être déclenchés par un traitement antidépresseur comme un médicament, la sismothérapie, ou la photothérapie. Ces épisodes sont diagnostiqués comme des troubles de l'humeur induits par une substance (ex. : trouble de l'humeur induit par l'amitriptyline, avec caractéristiques maniaques ; troubles de l'humeur induit par la sismothérapie, avec caractéristiques maniaques). Cependant, lorsque la substance consommée ou le médicament ne rend pas compte à lui seul de l'épisode (ex. : si l'épisode persiste de manière autonome sur une longue période après l'arrêt des prises), l'épisode doit contribuer au diagnostic de trouble bipolaire II.Trouble dépressif majeur
Un trouble bipolaire II doit être distingué d'un trouble dépressif majeur par la survenue au cours de la vie d'au moins un épisode hypomaniaque. Une attention particulière doit être portée durant l'interrogatoire sur l'existence d'antécédents d'hypomanie euphorique ou dysphorique pour le diagnostic différentiel.Trouble bipolaire I
Un trouble bipolaire II se différencie d'un trouble bipolaire I par la présence dans le second cas d'au moins un épisode maniaque ou mixte. Lorsqu'un sujet qui présentait auparavant un diagnostic de trouble bipolaire II développe un épisode maniaque ou mixte, le diagnostic devient celui de trouble bipolaire I.Trouble cyclothymique
Dans le trouble cyclothymique, il existe de nombreuses périodes où des symptômes hymomaniaques sont présents et de nombreuses périodes où des symptômes dépressifs sont présents sans répondre aux critères symptomatiques et de durée d'un épisode dépressif majeur. Le trouble bipolaire II se différencie d'un trouble cyclothymique par l'existence d'au moins 1 épisode dépressif majeur. Si un épisode dépressif majeur survient après les 2 premières années d'un trouble cyclothymique, un diagnostic additionnel de trouble bipolaire II est porté.Troubles psychotiques
Le trouble bipolaire II doit être différencié des troubles psychotiques (ex. : du trouble schizo-affectif, de la schizophrénie ou du trouble délirant). La schizophrénie, le trouble schizo-affectif et le trouble délirant sont tous caractérisés par des périodes où les symptômes psychotiques surviennent en l'absence de troubles de l'humeur prononcés. D'autres éléments utiles au diagnostic sont les symptômes associés, l'évolution antérieure et les antécédents familiaux.
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Voir aussi
Livres recommandés sur les troubles bipolaires
Autres articles sur les troubles de l'humeur
Sommaire général des définitions de troubles et handicaps
(1) la distinction entre "Leger" , "Moyen" et "Sévère" n'est pas donnée dans le DSM-IV. On devra utiliser une échelle telle que, par exemple, le Test de Goldberg.