Trouble du langage de type expressif
Texte intégral.
Caractéristiques diagnostiques
Critère A
- des scores obtenus lors de mesures standardisées des capacités intellectuelles non verbales d'une part ;
- de ceux obtenus lors de mesures standardisées du développement des capacités réceptives du langage d'autre part.
La caractéristique essentielle du trouble du langage de type expressif est une altération du développement des capacités d'expression du langage, comme le montrent les résultats obtenus lors de l'évaluation standardisée, passée de façon individuelle, du développement du langage expressif, qui sont nettement au-dessous :
Critère B
En l'absence d'instruments standardisés disponibles ou appropriés, le diagnostic peut se fonder sur une évaluation fonctionnelle sérieuse des aptitudes langagières de l'individu. Les difficultés peuvent concerner la communication impliquant à la fois le langage verbal et le langage des signes. Les difficultés de langage interfèrent avec la réussite scolaire ou professionnelle, ou avec la communication sociale.
Critère C
Les symptômes ne répondent pas aux critères du trouble du langage de type mixte réceptif-expressif, ni à ceux d'un trouble envahissant du développement.
Critère D
S'il existe un retard mental, un déficit moteur affectant la parole, un déficit sensoriel ou une carence de l'environnement, les difficultés de langage dépassent celles habituellement associées à ces conditions.
S'il existe un déficit moteur affectant la parole, un déficit sensoriel ou une maladie neurologique, il faut les coder sur l'Axe III.
Les caractéristiques linguistiques du trouble varient en fonction de sa sévérité et de l'âge de l'enfant.
Ces caractéristiques comprennent :
- un discours quantitativement restreint,
- un vocabulaire peu étendu,
- une difficulté à acquérir des mots nouveaux,
- des erreurs de vocabulaire ou des erreurs d'accès au lexique interne,
- des phrases raccourcies,
- des structures grammaticales simplifiées,
- une limitation des types de structures grammaticales (ex. : formes des verbes),
- une limitation des types de propositions (ex. : impératives, interrogatives),
- des omissions de parties essentielles dans une phrase,
- l'emploi d'une succession inhabituelle de mots,
- une lenteur de l'acquisition du langage.
Les capacités de fonctionnement non linguistique (évaluées par les sous-tests de performance des tests d'intelligence) et les capacités de compréhension du langage se situent, en général, dans les limites de la normale.
Le trouble du langage de type expressif peut être acquis ou développemental.
- Dans la forme acquise, l'altération du langage expressif survient après une période de développement normal, comme conséquence d'une maladie neurologique ou d'une affection médicale générale (ex. : encéphalite, traumatisme crânien, irradiation).
- Dans la forme développementale, l'altération du langage expressif n'est pas liée à une lésion neurologique post-natale d'origine connue. Les enfants ayant cette forme commencent souvent à parler tardivement et abordent les différentes étapes de l'acquisition du langage expressif plus lentement que la normale.
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Caractéristiques et troubles associés
La caractéristique la plus couramment associée, chez les plus jeunes enfants, au trouble du langage de type expressif est le trouble phonologique.
Il peut aussi exister une perturbation de la fluence et de la formulation du langage, comprenant un débit verbal anormalement rapide, un rythme irrégulier de la parole, et des perturbations de la structure du langage ("bredouillement").
Lorsque le trouble du langage de type expressif est acquis, d'autres difficultés d'élocution sont également courantes : il peut s'agir de problèmes moteurs articulatoires, d'erreurs phonologiques, de lenteur de la parole, de répétitions de syllabes, et de monotonie dans l'intonation et les accents toniques.
Chez les enfants d'âge scolaire, des problèmes scolaires et des problèmes d'apprentissage (ex. : écrire sous la dictée, recopier des phrases, connaître l'orthographe), qui peuvent répondre aux critères des troubles des apprentissages, sont souvent associés au trouble du langage de type expressif.
Il peut aussi exister une altération légère des capacités réceptives du langage mais, si celle-ci est importante, on doit porter le diagnostic de trouble du langage de type mixte réceptif-expressif. Des antécédents de retard pour certaines acquisitions motrices, de trouble de l'acquisition de la coordination, ou d'énurésie ne sont pas inhabituels.
Un retrait social et des troubles mentaux comme le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité, sont aussi couramment associés.
Le trouble du langage de type expressif peut s'accompagner d'anomalies à l'EEG ou à l'imagerie cérébrale, de dysarthrie ou de dyspraxie, ou d'autres signes neurologiques.
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Caractéristiques liées à la culture ou au sexe
L'évaluation de l'acquisition des capacités de communication doit prendre en compte le contexte culturel et linguistique du sujet, particulièrement pour les sujets élevés dans un environnement bilingue.
Les évaluations standardisées concernant l'acquisition du langage et les capacités intellectuelles non verbales doivent être adaptées au groupe culturel et linguistique (c.-à-d. les tests élaborés et standardisés pour un groupe donné ne donnent pas forcément les normes appropriées pour un groupe différent).
La forme développementale du trouble du langage de type expressif est plus fréquente chez les sujets de sexe masculin que chez les sujets de sexe féminin.
Prévalence
Les estimations de la prévalence varient avec l'âge. Chez les enfants de moins de 3 ans, les retards de langage sont assez fréquents et surviennent chez 10 à 15 % des enfants.
À l'âge scolaire, la prévalence est estimée entre 3 et 7 %.
La forme développementale du trouble du langage expressif est plus fréquente que la forme acquise.
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Évolution
La forme développementale du trouble du langage de type expressif est habituellement repérée autour de l'âge de 3 ans, bien que certaines formes légères du trouble puissent ne devenir manifestes qu'au début de l'adolescence, lorsque le langage devient généralement plus complexe.
La forme acquise du trouble du langage de type expressif, liée à des lésions cérébrales, à un traumatisme crânien ou à une ischémie cérébrale, peut apparaître à n'importe quel âge et débuter brutalement.
L'évolution de la forme développementale du trouble du langage de type expressif est variable. La majorité des enfants ayant ce trouble s'améliore substantiellement ; dans un moins grand nombre de cas, des difficultés persistent à l'âge adulte.
La plupart des enfants finissent par acquérir des capacités de langage plus ou moins normales vers la fin de l'adolescence, bien que des déficits subtils puissent persister.
Dans la forme acquise du trouble du langage de type expressif, l'évolution et le pronostic dépendent de la sévérité et de la localisation de la pathologie cérébrale, ainsi que de l'âge de l'enfant et du degré de développement de son langage au moment de la survenue du trouble. L'amélioration clinique des capacités de langage est parfois rapide et totale, bien que des déficits de communication ou d'aptitudes cognitives liées puissent persister. Dans d'autres cas, il peut y avoir un déficit progressif.
Aspects familiaux
Il semble que la forme développementale du trouble du langage de type expressif soit plus susceptible de survenir chez les sujets ayant des antécédents familiaux de troubles de la communication ou de troubles des apprentissages.
Il ne semble pas exister de caractère familial dans la forme acquise.
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Diagnostic différentiel
Le trouble du langage de type expressif se distingue du trouble du langage de type mixte réceptif-expressif par la présence, clans ce dernier, d'altérations significatives du langage réceptif ; de nombreux individus avant un trouble du langage expressif ont aussi de subtiles difficultés de type réceptif.
Le diagnostic de trouble du langage de type expressif n'est pas porté quand sont présents les critères du trouble autistique ou d'un autre trouble envahissant du développement. Le trouble autistique comporte aussi une altération du langage expressif mais se distingue des troubles du langage de type expressif et de type mixte réceptif-expressif, par des altérations caractéristiques de la communication (ex. : utilisation stéréotypée du langage), ainsi que par la présence d'une altération qualitative des interactions sociales et d'un ensemble de conduites répétitives et stéréotypées.
L'acquisition du langage expressif et réceptif peut être perturbée du fait d'un retard mental, d'un déficit auditif ou d'un autre déficit sensoriel, d'un déficit de la parole ou d'une carence sévère de l'environnement.
La présence de ces problèmes peut être établie par des tests d'intelligence, des tests audiométriques, des tests neurologiques, et par l'anamnèse. Si les difficultés de langage dépassent celles qui sont habituellement associées à ces conditions, on peut porter un diagnostic simultané de trouble du langage de type expressif ou de trouble du langage de type mixte réceptif-expressif.
Les enfants ayant un retard de langage de type expressif dû à des carences de l'environnement, peuvent avoir une amélioration rapide lorsque les problèmes de l'environnement diminuent.
Dans le trouble de l'expression écrite, il existe une perturbation des capacités à écrire. S'il existe également des déficits de l'expression orale, un diagnostic additionnel de trouble du langage de type expressif peut être approprié.
Le mutisme sélectif comporte une limitation de l'expression qui peut mimer un trouble du langage de type expressif ou de type mixte réceptif-expressif ; une anamnèse et une observation soigneuses sont nécessaires pour déterminer la présence d'un langage normal dans certaines situations.
L'aphasie acquise, associée à une affection médicale générale pendant l'enfance, est souvent transitoire. Un diagnostic de trouble du langage de type expressif n'est approprié que si la perturbation du langage persiste au-delà de la période aiguë de guérison de l'affection médicale générale qui en est la cause (ex. : traumatisme crânien, infection virale).
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