Trouble phonologique
Texte intégral.
Caractéristiques diagnostiques
Critère A
La caractéristique essentielle du trouble phonologique est une incapacité à utiliser les phonèmes normalement acquis à chaque stade du développement, compte tenu de l'âge et de la langue du sujet.
Critère B
Cela peut entraîner des erreurs dans la production des phonèmes, dans leur utilisation, leur représentation ou leur organisation, comme, par exemple, des substitutions d'un phonème par un autre (utilisation du t à la place du son de base k) ou des omissions de certains phonèmes, comme ceux en position finale. Les difficultés dans la production des phonèmes interfèrent avec la réussite scolaire ou professionnelle, ou avec la communication sociale.
Critère C
S'il existe un retard mental, un déficit moteur affectant la parole, un déficit sensoriel ou une carence de l'environnement, les difficultés verbales dépassent celles habituellement associées à ces conditions.
S'il existe un déficit moteur affectant la parole, un déficit sensoriel ou une maladie neurologique, il faut les coder sur l'Axe III.
Le trouble phonologique comporte des erreurs dans la production phonologique (c.-à-d. l'articulation), qui entraînent l'échec de la formation correcte des phonèmes, et des problèmes phonologiques de type cognitif, qui entraînent un déficit dans la catégorisation linguistique des phonèmes (ex. : une difficulté à trier les phonèmes qui, dans une langue, déterminent des sens différents).
La sévérité s'échelonne entre peu ou pas d'effet sur l'intelligibilité du discours, et un discours complètement incompréhensible.
Les omissions de phonèmes sont typiquement considérées comme plus graves que les substitutions de phonèmes, qui, à leur tour, sont plus graves que les distorsions de phonèmes.
Les phonèmes les plus fréquemment mal articulés sont ceux qui sont acquis le plus tardivement au cours du développement (I, r, s, z, ch, j) mais, chez les sujets les plus jeunes ou les plus atteints, des consonnes et des voyelles d'acquisition plus précoce peuvent aussi être touchées. La blésité (c.-à-d. la mauvaise articulation des sifflantes) est particulièrement fréquente.
Le trouble phonologique peut également impliquer des erreurs de sélection et de positionnement des phonèmes au sein des syllabes et des mots (ex. : ksi pour ski).
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Caractéristiques et troubles associés
Bien que le trouble phonologique puisse être associé à des facteurs étiologiques évidents, comme une perturbation de l'audition (ex. : due à une otite chronique de l'oreille moyenne), des défauts des structures orales périphériques de la parole (ex. : fente palatine), des maladies neurologiques (ex. : infirmité motrice cérébrale), des limitations cognitives (ex. : retard mental) ou des problèmes psychosociaux, au moins 3 % des enfants d'âge préscolaire présentent des troubles phonologiques d'origine inconnue ou incertaine, que l'on appelle souvent fonctionnels ou dére/oppernentaus.
Il peut exister un retard de parole.
Certaines formes de trouble phonologique, comprenant des erreurs inconstantes, une difficulté à séquencer les sons dans un discours lié et des distorsions de voyelles, sont parfois appelées « dyspraxie développementale du discours ».
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Caractéristiques liées à la culture ou au sexe
L'évaluation de l'acquisition des capacités de communication doit prendre en compte le contexte culturel et linguistique, particulièrement pour les sujets élevés dans un environnement bilingue.
Le trouble phonologique est plus fréquent chez les sujets de sexe masculin.
Prévalence
Environ 2 % des enfants âgés de 6 à 7 ans présentent un trouble phonologique de modéré à sévère, malgré une prévalence plus élevée des formes légères.
La prévalence tombe à 0,5 % vers l'âge de 17 ans.
Évolution
Dans la forme sévère du trouble phonologique, le discours de l'enfant peut être relativement incompréhensible, même pour les membres de sa famille.
Dans les formes moins graves, le trouble n'est parfois repéré que lorsque l'enfant intègre un environnement collectif (crèche ou école) et qu'il se fait mal comprendre par des intervenants autres que sa proche famille.
L'évolution du trouble est variable et dépend des causes associées et de la sévérité initiale.
Parmi les enfants ayant des problèmes phonologiques légers à modérés non liés à une maladie somatique générale, environ les trois quarts se normalisent spontanément vers l'âge de 6 ans.
Aspects familiaux
Un caractère familial a été mis en évidence dans certaines formes du trouble phonologique.
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Diagnostic différentiel
Des difficultés de parole peuvent être associées à un retard mental, à un déficit auditif ou à un autre déficit sensoriel, à un déficit moteur affectant la parole ou à une carence sévère de l'environnement.
La présence de telles conditions peut être établie par des tests d'intelligence, des tests audiométriques, des tests neurologiques, et par l' anamnèse.
Si les difficultés de parole dépassent celles qui sont habituellement associées à ces conditions ou si elles interfèrent avec la capacité de l'enfant à se faire comprendre par ses proches, on peut porter un diagnostic simultané de trouble phonologique.
Les problèmes limités au rythme de la parole ou à la voix ne font pas partie du Trouble phonologique ; ils sont diagnostiqués comme bégaiement ou trouble de la communication non spécifié. Les enfants ayant des difficultés de parole dues à des carences de l'environnement, peuvent avoir une amélioration rapide lorsque les problèmes de l'environnement diminuent.
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