Caractéristiques diagnostiques
Critère A
La caractéristique essentielle du bégaiement est une perturbation de la fluence normale et du rythme de la parole, qui est inappropriée à l'âge du sujet.
Critères A1 et A2
Cette perturbation se caractérise par de fréquentes répétitions ou prolongations de sons ou de syllabes.
D'autres types divers de troubles de la fluence de la parole peuvent être impliqués, comme :
Critère A3 : des interjections,
Critère A4 : des interruptions de mots (ex. : pauses clans le cours d'un mot),
Critère A5 : des blocages audibles ou silencieux (pauses dans le cours du discours comblées par autre chose ou laissées vacantes),
Critère A6 : des circonlocutions (pour éviter les mots difficiles en leur substituant d'autres mots),
Critère A7 : une tension physique excessive accompagnant la production de certains mots,
Critère A8 : des répétitions de mots monosyllabiques entiers (ex. : « je-je-je-je le vois »).
Critère B
La perturbation de la fluence de la parole interfère avec la réussite scolaire ou professionnelle, ou avec la communication sociale.
Critère C
S'il existe un déficit moteur affectant la parole ou un déficit sensoriel, les difficultés d'élocution dépassent celles habituellement associées à ces conditions.
S'il existe un déficit moteur affectant la parole, un déficit sensoriel ou une maladie neurologique, il faut les coder sur l'Axe III.
L'étendue de la perturbation est variable d'une situation à l'autre, et s'aggrave souvent lorsqu'il existe une pression particulière pour communiquer (ex. : faire un exposé à l'école, passer un entretien pour obtenir un travail).
Le bégaiement est souvent absent lorsque le sujet lit à voix haute, chante, ou parle à des objets inanimés ou à des animaux familiers.
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Caractéristiques et troubles associés
Au commencement d'un bégaiement, le sujet peut, lorsqu'il parle, ne pas avoir conscience du problème ; la conscience du trouble, ainsi que l'appréhension par anticipation, peuvent apparaître plus tard.
Le sujet peut essayer d'éviter le bégaiement par des moyens linguistiques (ex. : en modifiant la vitesse du discours, en évitant certaines situations faisant appel à la parole, comme téléphoner ou parler en public, ou en évitant certains mots ou certains sons).
Le bégaiement peut s'accompagner de mouvements moteurs (ex. : clignement des yeux, tics, tremblements des lèvres ou du visage, secousses de la tête, mouvements respiratoires ou crispation des poings).
On a montré que le stress ou l'anxiété exacerbe le bégaiement.
Une altération du fonctionnement social peut résulter de l'anxiété, de la frustration, ou de la mauvaise estime de soi qui peuvent être associées au bégaiement.
Chez les adultes, le bégaiement peut limiter les choix professionnels ou la progression de carrière.
Le trouble phonologique et le trouble du langage de type expressif surviennent plus fréquemment chez les sujets ayant un bégaiement que dans la population générale.
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Prévalence
La prévalence du bégaiement chez les enfants prépubères est de 1 %, elle tombe à 0,8 % chez les adolescents.
Le rapport garçon : fille est d'environ 3 sur 1.
Évolution
Les études rétrospectives concernant les sujets atteints de bégaiement font état d'un âge de début typiquement compris entre 2 et 7 ans (avec un pic d'incidence autour de 5 ans).
Le début survient avant l'âge de 10 ans dans 98 % des cas.
Il est généralement insidieux, sur plusieurs mois au cours desquels les altérations de la fluence de la parole, d'abord épisodiques et passant inaperçues, se transforment en problème chronique.
Typiquement, la perturbation commence graduellement, par une répétition des consonnes initiales, une répétition de certains mots, habituellement les premiers de la phrase ou les mots les plus longs.
L'enfant n'est, en général, pas encore conscient du bégaiement.
Au fur et à mesure de la progression du trouble, l'évolution se fait en dents de scie. Les altérations de la fluence deviennent plus fréquentes, et le bégaiement survient pour exprimer les mots ou les phrases les plus chargés de sens.
Au fur et à mesure que l'enfant prend conscience de ses difficultés de parole, des mécanismes peuvent se mettre en place pour éviter les altérations de la fluence et les réponses émotionnelles.
Les travaux de recherche suggèrent qu'une certaine proportion d'enfants atteints de bégaiement guérit ; les estimations varient de 20 % à 80 %.
Certains individus ayant un bégaiement guérissent spontanément, typiquement avant l'âge de 16 ans.
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Aspects familiaux
Les études familiales et les études de jumeaux fournissent des arguments déterminants en faveur d'un facteur génétique à l'origine du bégaiement.
La présence d'un trouble phonologique ou d'une forme développementale de trouble du langage de type expressif, ou celle d'antécédents familiaux de ces troubles, augmente la probabilité du bégaiement.
Le risque de bégaiement chez les apparentés de premier degré de sujets atteints est plus de trois fois supérieur à celui de la population générale.
En ce qui concerne les hommes ayant des antécédents de bégaiement, environ 10 % de leurs filles et 20 % de leurs fils auront un bégaiement.
Diagnostic différentiel
Des difficultés de parole peuvent être associées à un déficit auditif, à un autre déficit sensoriel ou à un déficit moteur affectant la parole.
Dans les cas où les difficultés de parole dépassent celles habituellement associées à ces conditions, on peut porter un diagnostic simultané de bégaiement.
Le bégaiement doit être distingué des altérations normales de la fluence qui surviennent souvent chez les jeunes enfants, et qui comportent des répétitions de mots entiers ou de phrases (ex. : « je veux, je veux de la glace »), des phrases incomplètes, des interjections, des pauses vacantes, et des remarques accessoires.
Si ces difficultés deviennent plus fréquentes ou plus complexes à mesure que l'enfant grandit, le diagnostic de bégaiement devient plus vraisemblable.
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