Trouble désintégratif de l'enfance
Synonymes : "syndrome de Heller", "démence infantile" ou "psychose désintegrative"
Texte intégral.
Caractéristiques diagnostiques
Critère A
La caractéristique essentielle du trouble désintégratif de l'enfance est une régression marquée dans plusieurs domaines du fonctionnement, faisant suite à une période de développement apparemment normal d'au moins deux années, comme en attestent une communication verbale et non verbale, des relations sociales, un jeu et des comportements adaptatifs appropriés à l'âge.
Critère B
Après les deux premières années (mais avant l'âge de dix ans), l'enfant manifeste une perte cliniquement significative des compétences déjà acquises dans au moins deux des domaines suivants :
- langage de type réceptif ou expressif,
- compétences sociales ou comportement adaptatif,
- contrôle sphinctérien,
- activités ludiques,
- habiletés motrices.
Le plus souvent, les compétences acquises sont perdues dans presque tous les domaines.
Critère C
Les sujets atteints de trouble désintégratif de l'enfance présentent les mêmes déficiences sociales et les mêmes troubles de la communication que ceux habituellement observés dans le trouble autistique.
Critère C1
On observe une altération qualitative des interactions sociales
Critère C2
et de la communication,
Critère C3
et un caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités.
Critère D
La perturbation n'est pas mieux expliquée par un autre trouble envahissant du développement spécifique, ni par une schizophrénie.
L'affection a également été appelée syndrome de Heller, démence infantile ou psychose désintegrative.
Caractéristiques et troubles associés
Le trouble désintégratif de l'enfance s'accompagne habituellement d'un retard mental sévère, qui, s'il est présent, doit être codé sur l'Axe II.
On peut noter différents symptômes neurologiques non spécifiques. Il semble exister une fréquence accrue d'anomalies EEG et de troubles convulsifs. Bien qu'il semble probable que l'affection résulte d'un accident dans le développement du système nerveux central, aucun mécanisme précis n'a pu être identifié.
Occasionnellement, le trouble est associé à une affection médicale générale (ex. : leucodystrophie métachromatique, maladie de Schilder), celle-ci pouvant expliquer la régression observée dans le développement. Cependant, dans la plupart des cas, des examens approfondis ne révèlent aucune affection somatique. S'il existe une maladie neurologique ou une autre affection médicale générale, celle-ci doit être codée sur l'Axe III. Les résultats des examens complémentaires refléteront l'éventuelle affection médicale générale associée.
Prévalence
Les données épidémiologiques sont limitées, mais le trouble désintégratif de l'enfance semble être très rare et beaucoup moins fréquent que le trouble autistique, bien que le diagnostic n'en soit probablement pas assez porté.
Bien que les premières études aient suggéré un taux de prévalence similaire dans les deux sexes, des données plus récentes suggèrent que l'affection serait plus fréquente chez les garçons.
Évolution
Par définition, on ne peut faire le diagnostic de trouble désintégratif de l'enfance que si les symptômes sont précédés d'une période de développement normal d'au moins deux années, et si le début survient avant l'âge de dix ans.
Quand la période de développement normal a été longue (5 ans ou plus), il est particulièrement important de pratiquer un examen médical et neurologique approfondi pour rechercher la présence éventuelle d'une affection médicale générale. Dans la plupart des cas, le début se situe à l'âge de 3 ou 4 ans, il peut être insidieux ou brutal.
Des signes précurseurs peuvent être une activité excessive, une irritabilité et une anxiété, suivies de la disparition du langage et des autres compétences. Pendant cette période, l'enfant peut également perdre tout intérêt pour son environnement. Généralement, la perte des compétences atteint un plateau après lequel, si un certain degré de progrès est possible, l'amélioration est rarement importante. Dans d'autres cas, surtout si le trouble est associé à une maladie neurologique dégénérative, la perte des compétences est progressive. L'évolution du trouble est continue et, dans la majorité des cas, porte sur la vie entière. Les difficultés sociales et comportementales, et les troubles de la communication restent relativement stables tout au long de l'existence.
Diagnostic différentiel
Des périodes de régression peuvent s'observer au cours du développement normal, mais celles-ci ne sont jamais ni aussi sévères, ni aussi durables que dans le trouble désintégratif de l'enfance. Le trouble désintégratif de l'enfance doit être distingué des autres troubles envahissants du développement.
Pour faire un diagnostic différentiel avec le trouble autistique, voir ce dernier, avec le syndrome de Rett, voir ce dernier.
Comparé au syndrome d'Asperger, le trouble désintégratif de l'enfance se caractérise par une perte cliniquement significative des compétences acquises antérieurement et par une plus grande fréquence du retard mental alors que, dans le syndrome d'Asperger, il n'y a ni retard de développement du langage, ni perte significative des compétences développementales.
Le trouble désintégratif de l'enfance doit être distingué d'une démence qui débuterait pendant la première ou la deuxième enfance. La démence est la conséquence directe des effets physiologiques d'une affection médicale générale (ex. : traumatisme crânien) alors que, typiquement, le trouble désintégratif de l'enfance survient en l'absence de toute affection de ce type.
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