Trouble "cauchemars"
Précédemment : Trouble des rêves d'angoisse
Texte intégral.
Sommaire
Caractéristiques diagnostiques
Critère A
La caractéristique essentielle du trouble des cauchemars est la survenue répétée de rêves effrayants provoquant des réveils.Critère B
L'individu est pleinement éveillé dès son réveil.Critère C
Les rêves effrayants ou la discontinuité du sommeil résultant des éveils sont à l'origine d'une souffrance marquée ou d'une altération du fonctionnement social ou professionnel.Critère D
On ne porte pas le diagnostic si les cauchemars surviennent exclusivement au cours d'un autre trouble mental ou s'ils sont liés aux effets physiologiques directs d'une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d'une affection médicale générale.Les cauchemars surviennent typiquement au cours d'une longue séquence onirique compliquée et fortement anxiogène ou terrifiante. Le contenu du rêve est souvent centré sur un danger physique imminent pour l'individu (p. ex., poursuite, attaque, blessure). Dans d'autres cas, la perception du danger peut être plus subtile, impliquant un échec ou une gène personnelle. Les cauchemars survenant après des expériences traumatiques peuvent reproduire la situation dangereuse ou menaçante, mais la plupart des cauchemars ne reproduisent pas d'événements réels.
Au moment du réveil, les individus présentant ce trouble peuvent décrire la séquence onirique et son contenu en détail. lls peuvent rapporter de multiples cauchemars au cours d'une même nuit, souvent centrés sur un même thème.
Les cauchemars surviennent presque exclusivement pendant le sommeil paradoxal. Les épisodes de sommeil paradoxal survenant périodiquement tout au long du sommeil nocturne (approximativement toutes les 90 à 110 minutes), les cauchemars peuvent survenir n'importe quand au cours du sommeil. Toutefois, les périodes de sommeil paradoxal étant plus longues et l'activité onirique plus intense dans la deuxième moitié de la nuit, les cauchemars surviennent aussi plus volontiers tard dans la nuit.
Les cauchemars se terminent habituellement par un réveil caractérisé par un rapide retour à un état de pleine vigilance et la persistance d'une sensation de crainte ou d'anxiété. Cela entraîne souvent des difficultés pour se rendormir.
Le trouble des cauchemars provoque souvent une importante détresse subjective plutôt qu'une gêne sociale ou professionnelle objective. Cependant, si les éveils nocturnes sont fréquents ou si l'individu évite de dormir par crainte des cauchemars, l'individu présentant ce trouble peut ressentir une somnolence excessive, des difficultés de concentration, de la dépression, de l'anxiété ou de l'irritabilité qui peuvent désorganiser son fonctionnement diurne.
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Caractéristiques et troubles associés
Chez, les individus présentant le trouble des cauchemars, une légère activation neuro-végétatif (sudation, tachycardie, tachypnée) peut être évidente au réveil. Les individus présentant fréquemment des cauchemars depuis l'enfance ont tendance à présenter des scores élevés aux échelles de psychopathologie générale.
Des symptômes dépressifs ou anxieux ne remplissant pas les critères d'un diagnostic spécifique sont courants chez les individus présentant le trouble des cauchemars. Les mouvements corporels et les vocalisations ne sont pas caractéristiques du trouble des cauchemars parce qu'une perte du tonus musculaire survient normalement pendant le sommeil paradoxal. Parler, crier ou se mettre à frapper de façon désordonnée sont des phénomènes pouvant survenir brièvement et mettre fin au cauchemar. Ces comportements se produisent plus volontiers au cours des cauchemars de l'état de stress post-traumatique, parce que ceux-ci peuvent survenir pendant le sommeil non-paradoxal.
Examens complémentaires
La polysomnographie met en évidence de brusques réveils survenant en sommeil paradoxal et correspondant aux cauchemars rapportés par l'individu. Ces éveils surviennent habituellement durant la seconde moitié de la nuit. Dans la plupart des cas, ces épisodes de sommeil paradoxal auront duré plus de 10 minutes et auront comporté un nombre de mouvements oculaires au dessus de la moyenne. Une augmentation ou une irrégularité du rythme cardiaque ou de la fréquence respiratoire peut précéder l'éveil. Les cauchemars survenant à la suite d'événements traumatiques (p. ex., chez des individus présentant un État de stress post-traumatique), peuvent survenir pendant le sommeil non-paradoxal et en particulier aussi fréquemment en stade 2 que durant le sommeil paradoxal.
On ne retrouve pas d'autres anomalies polysomnographiques spécifiques du trouble des cauchemars, y compris en ce qui concerne la continuité et l'architecture du sommeil.
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Caractéristiques liées à la culture, à l'âge et au sexe
La signification accordée aux cauchemars peut varier en fonction du contexte culturel. Par exemple, dans certaines cultures les cauchemars peuvent être considérés comme des phénomènes spirituels ou supranaturels alors que d'autres cultures les considèrent comme des manifestations d'une perturbation mentale ou physique.
Les cauchemars survenant fréquemment pendant l'enfance, ce diagnostic n'est porté que s'ils provoquent, de façon persistante, une souffrance ou un handicap significatif chez l'enfant justifiant par eux-mêmes un examen clinique. Le trouble des cauchemars est susceptible de survenir chez l'enfant suite à un stress psychosocial sévère.
Bien que le contenu onirique puisse être spécifique de l'âge de l'individu, les caractéristiques essentielles du trouble sont identiques quel que soit l'âge. Les femmes rapportent plus souvent avoir des cauchemars que les hommes dans une proportion d'environ 2 à 4 pour 1. On ignore dans quelle mesure cela reflète une différence réelle du nombre de cauchemars ou une plus grande facilité à en parler.
Prévalence
Entre 10 et 50 % des enfants âgés de 3 à 5 ans présentent des cauchemars suffisamment intenses pour perturber leurs parents. Dans la population adulte, jusqu'à 50 % des individus peuvent présenter au moins un cauchemar occasionnel. Au moins 3 % des jeunes adultes déclarent présenter des cauchemars fréquemment ou constamment. Néanmoins, la prévalence réelle des cauchemars est inconnue.
Évolution
Les cauchemars débutent souvent entre l'âge de 3 et 6 ans. Lorsque leur fréquence est élevée (c.-à-d. plusieurs par semaine), les rêves peuvent devenir une source de préoccupation et de souffrance à la fois pour les enfants et leurs parents.
L'évolution spontanée avec l'âge est favorable chez la plupart des enfants qui présentent des cauchemars.
Chez une minorité, des rêves très fréquents peuvent persister à l'âge adulte devenant ainsi une perturbation sur la vie entière. Les adultes présentant des cauchemars de façon chronique ne se distinguent pas de ceux présentant des cauchemars depuis moins de 6 mois en ce qui concerne l'importance des plaintes de sommeil. Une tendance à l'amélioration au cours des dernières décades de la vie a été décrite.
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Diagnostic différentiel
Terreurs nocturnes
Le trouble des cauchemars doit être différencié des terreurs nocturnes. Les deux troubles comportent un éveil complet ou partiel accompagné de sentiments d'effroi et d'une activation neuro-végétative mais peuvent être différenciés par de nombreuses particularités cliniques. Les cauchemars surviennent typiquement tard clans la nuit pendant le sommeil paradoxal et provoquent une activité onirique intense, un plein éveil, une légère activation neurovégétative et le sujet garde un souvenir précis de l'événement. Les terreurs nocturnes surviennent habituellement dans le premier tiers de la nuit pendant les stades 3 et 4 du sommeil non-paradoxal et l'individu ne se remémore pas avoir rêvé ou se rappelle quelques images isolées hors d'un contexte narratif typique des cauchemars. Les terreurs nocturnes provoquent un éveil partiel pendant lequel l'individu apparaît confus, désorienté, ne répondant que partiellement et présentant une activation neurovégétative significative. A l'inverse de l'individu présentant un trouble des cauchemars, l'individu présentant des terreurs nocturnes présente le matin au réveil une amnésie de l'événement.Trouble du sommeil lié à la respiration
Le trouble du sommeil lié à la respiration peut provoquer des éveils s'accompagnant d'une activation neurovégétative, mais sans remémoration de rêves terrifiants.Narcolepsie
Les cauchemars sont une plainte fréquente des individus présentant une narcolepsie, mais la présence d'une somnolence excessive et de cataplexie différencie cette maladie du trouble des cauchemars.Attaques de panique
Les attaques de panique survenant pendant le sommeil peuvent aussi être responsables d'éveils soudains avec activation neurovégétative et sentiments d'effroi, mais l'individu ne rapporte pas la notion de rêves terrifiants et peut identifier ces symptômes comme compatibles avec une attaque de panique.Trouble du comportement lié au sommeil paradoxal
La présence d'une activité motrice complexe au cours des rêves terrifiants doit rapidement conduire à envisager d'autres troubles du sommeil comme le trouble du comportement lié au sommeil paradoxal (voir parasomnie non spécifiée).Trouble du sommeil induit par une substance
De nombreux traitements médicamenteux affectant le système nerveux autonome peuvent provoquer des cauchemars. Les exemples comprennent la L-dopa et autres agoniste dopaminergiques, les bêtabloquants et autres médications antihypertensives, l'amphétamine, la cocaïne et autres stimulants ainsi que les médicaments antidépresseurs.Inversement, l'arrêt de médicaments supprimant le sommeil paradoxal, comme les antidépresseurs et l'alcool, peuvent provoquer un « rebond » de sommeil paradoxal accompagné de cauchemars. Lorsque les cauchemars sont suffisamment sévères par eux-mêmes pour justifier un examen clinique, un diagnostic de trouble du sommeil induit par une substance, type parasomnie peut être envisagé.
Affection médicale générale
De même, on ne doit pas faire le diagnostic de trouble des cauchemars si les rêves perturbateurs sont liés aux effets physiologiques directs d'une affection médicale générale (p. ex., une infection du système nerveux central, des lésions vasculaires du tronc cérébral, une affection médicale générale responsable d'un delirium). Lorsque les cauchemars sont suffisamment sévères par eux-mêmes pour justifier un examen clinique, un diagnostic de trouble du sommeil dû à une affection médicale générale, type parasomnie peut être envisagé.Delirium
Bien que les cauchemars surviennent fréquemment au cours d'un delirium, on ne doit pas poser de diagnostic additionnel de trouble des cauchemars.Autres troubles mentaux
Les cauchemars font fréquemment partie d'autres troubles mentaux (p. ex., schizophrénie, trouble de l'humeur, autres troubles anxieux, trouble de l'adaptation et troubles de la personnalité). On ne doit pas faire le diagnostic de cauchemars si les cauchemars surviennent exclusivement au cours de l'évolution d'un autre trouble mental.De nombreuses personnes présentent un cauchemar occasionnel et isolé. Le diagnostic de trouble des cauchemars ne doit être posé que si la fréquence et la sévérité des cauchemars provoquent une détresse ou un handicap significatif.
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Correspondance avec les critères diagnostiques pour la recherche de la CIM-10
Les critères diagnostiques pour la recherche de la CIM-10 et ceux du DSM-IV sont virtuellement identiques en ce qui concerne le trouble des cauchemars.
Correspondance avec la Classification Internationale des Troubles du sommeil
Le diagnostic de trouble des cauchemars est analogue à celui de cauchemars de la Classification Internationale des Troubles du Sommeil (CITS).